Poésie

La Fractale de Philémon

Petit bout de chou-fleur, détaché de ta branche,A quoi ressembles-tu, sinon à un chou-fleur ?Soit de près, soit de loin, la même tête blanche,Reproduit en détail, la forme et la couleur.
Un morceau de rocher, grossi dix-mille fois,Du grand Himalaya, est tout-à-fait l’image.Ou de près, ou de loin, ce sont les mêmes lois,Que la nature suit, fixées par un Dieu sage.
La lettre à Philémon, cette mini épître,Écrite dans les fers, par la tendre amitiéDe Paul pour Onésime, esquisse en un chapitre,Le divin contenu de l’Évangile entier.
Car homme, qui es-tu, sinon ce fugitif,Courant loin de ton Maître, après l’avoir volé ?Dans un puant cachot, où tu te tiens craintif,Enchaîné au péché, tu as cru t’isoler…
Insensé ! la geôle appartient au Dieu fort !C’est là qu’il t’attendait, au fond de ta mémoire,Où le passé réveille un lancinant remords,Et charge tes pensées d’angoisse la plus noire.
Or un jour, la clef tourne, et entre un envoyé,Qui de sa main bénie, te tend une quittance.En mourant à la croix, Jésus a tout payé,Ta dette est effacée : en lui aies confiance.
Et le cœur déchiré, toi qui fus si futileA celui qui t’aimait, tu reviens avec foi,Te placer au service, éternel et utile,Du Sauveur bienheureux, qui t’invite à sa joie.
Lue d’en bas, lue d’en haut, la Bible se ressemble,Une harmonie cachée, conforme ses versets,Un même Saint-Esprit, a inspiré l’ensemble,Dont la marque sacrée, ne se peut effacer.
L’ordinateur rapide au calcul des fractales,Ne fait que répéter, le secret de beautéDes cieux et des éclairs, des fleurs et des pétales,Que Dieu leur a appris, pour louer sa bonté.
Artiste comme lui, l’homme crée maintes toiles,Aux motifs infinis, qui déploient à l’envie,Des plantes inconnues, et d’inouïes étoiles.Un trait en reste absent, c’est celui de la Vie…
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Glose :

Un poème qui a besoin d’une glose, hum… ça n’est pas bon signe… mais il en faut bien une parfois. Chacun a déjà vu sur son écran d’ordinateur des productions de l’Art fractal ; en voici trois au hasard, pour exemple.

fractale
fractale
fractale

C’est au Français Benoît Mandelbrot, cocorico, que l’on doit, dans les années 1970, la découverte de cette nouvelle branche des mathématiques que sont les fractales. Sans entrer dans les détails, disons que ces courbes montrent comment un algorithme simple peut aboutir à des formes surprenamment complexes.

Leur côté le plus intriguant c’est qu’on les retrouve dans la nature : les branches d’un arbre, les fourches des éclairs, les nuages, le brocoli, les alvéoles du poumon, toutes ces formes peuvent être dites fractales, par la répétition de leurs motifs imbriqués.

On savait déjà, depuis Newton et Poincarré, qu’une loi d’expression très simple (la gravitation) peut engendrer un chaos imprévisible et totalement insoluble par le calcul. Les fractales ajoutent à ce principe l’idée que de belles structures peuvent émerger d’une règle simple appliquée indéfiniment ; ce dont on ne serait pas aperçu, sans l’ordinateur.

La Bible est-elle fractale ? Cette question n’a aucun sens ! mais autant le préciser, puisqu’il existe des gens prêts à gober l’énorme ânerie des codes de la Bible

Par contre, une vérité biblique qui peut, le temps d’un poème, évoquer les fractales, c’est que la vie de Jésus-Christ se reproduit identique à elle-même dans les chrétiens, de petits christs. Si de la minuscule épître à Philémon on peut extraire l’Évangile, c’est tout simplement parce que l’apôtre Paul, serviteur de Jésus-Christ, devenait progressivement semblable à son Maître ; et Onésime, dont le nom signifie utile, mais qui ne l’était guère avant de connaître le Sauveur, peut maintenant vivre à sa gloire.

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5 commentaires sur “La Fractale de Philémon

  1. Le temps de cette lecture, j’ai appris à admirer plus sérieusement les plus petits riens du quotidien, qui dans ce prodigieux poème sont saisis, compris, soulignés !
    Bravo pour cette façon singulière de subjuguer un auditoire (ou un lectorat, c’est pareil) ainsi que pour cette manière d’attirer irrésistiblement les regards (y compris mon regard d’agnostique).

    Cordialement.

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    1. Merci de votre commentaire, qui m’encourage, et me permet de découvrir votre blog, avec ses beaux vers. Je ne suis pas un littéraire de profession, juste un amateur ; j’ai été aussi, comme vous, longtemps agnostique. Scientifique, il me fallait des preuves, du tangible… mais Dieu se rie ne nos prétentions, et se révèle comme il l’entend à qui le cherche, ou même à qui ne le cherche pas. Je souhaite de tout cœur que votre don poétique vous amène à considérer son donateur…

      @+

      Aimé par 1 personne

  2. Alors, j’arrive quelques années après 😅 mais j’ai beaucoup aimé ce texte et je tenais à faire un petit commentaire pour partager une petite pensée qui va dans le même sens. Car, je suis entièrement d’accord : le fractal est une notion spirituelle autant que mathématiques, qui devrait être même prêchée tellement elle décrit avec précision notre relation avec le Seigneur.
    D’ailleurs, cette notion se retrouve partout dans la parole, notamment : l’abîme appelle l’abîme au son de tes ondées. (Psm 42)
    Mais récemment, je suis tombé sur un exemple, moins flagrant, mais qui m’a fait le même effet, et qui parle non plus du fractal dans la création mais du fractal dans l’âme :

    Gn 45.14 :
    Et Joseph se jeta au cou de Benjamin, son frère, et pleura, et Benjamin pleura sur son cou.

    « Quel rapport ? » vous me direz, mais on remarque qu’on ne sait plus qui pleure sur le cou de l’autre ? Ils se pleurent mutuellement sur le cou, eux, les deux frères de la même mère, perdus de vue puis retrouvés. Chacun trouve dans l’autre le fragment manquant de sa propre identité, ils se retrouvent chacun dans « le cou » de l’autre… magnifique non ?

    Soyez bénis !

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    1. Merci, Jake, de votre appréciation et de ce partage sur les retrouvailles de Joseph et Benjamin. C’est en effet un des plus poignants passages de la Bible, d’autant plus pour nous qui y voyons en filigrane la figure de Christ, le grand frère, retrouvant à la fin des temps, son petit frère, l’Israël historique enfin sauvé, à travers la tribulation. D’un point de vue « fractal » et psychologique, il me semble que cet épisode illustre la vérité spirituelle suivante : En retrouvant Dieu, l’âme humaine se retrouve elle-même, et réciproquement. La parabole du fils prodigue en est un autre exemple : parvenu au bout de son rouleau, le fils cadet « rentre en lui-même » (il se retrouve en quelque sorte) et dans le même mouvement il va retrouver son père ; là aussi on pleure abondamment des deux côtés. Fait à l’image de Dieu, l’homme est destiné à en être sa fidèle et glorieuse « réduction » ; l’union de Dieu et de l’homme c’est tout le christianisme, et Christ lui-même.
      Je profite de ce commentaire pour vous féliciter et vous remercier de vos belles et originales poésies sur ce site.

      C.R.

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      1. Amen, toute l’oeuvre de la réconciliation et dans cette fusion fractale que la Bible exprime sous différentes formes à mesure que défile l’histoire de l’humanité : Dieu se retrouvant dans l’homme et vice versa.
        J’aime beaucoup l’interprétation avec l’Israël historique retrouvée, la dernière « tribu », la 100ème brebis qui revient… ça réchauffe le coeur, quelle espérance…
        Merci pour vos remerciements qui me vont droit au coeur !

        Le Seigneur nous a tout accordé en Christ, pleinement, et il nous donne parallèlement l’opportunité de le découvrir encore et encore chaque jour, quelle sagesse a le Dieu d’Israël ! Alors soyez béni dans cette recherche de vous-même en Dieu, et de Dieu en vous-même.

        Aimé par 1 personne

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