Tu aurais pu…

Tu aurais pu venir à nous
Dans une nuée éclatante
Au son du tonnerre grondant
Imposer Ta splendeur, Ta félicité
Nous écraser par Ta puissance inégalée,
Nous, pauvres créatures apeurées.

Tu aurais pu ignorer
Nos angoisses, nos peurs, nos ténèbres
Garder ton inaccessible ciel de Lumière
Et de là-haut nous toiser,
Considérer nos petites vies insignifiantes
Face à Ta Majesté étonnante.

Tu aurais pu venir à nous
En homme achevé, accompli, absolu
Sans te soucier de nos souillures,
Imposer une dictature,
Nous priver de notre liberté,
Faire de nous des pantins vides et hébétés.

Tu aurais pu… mais ce n’est pas ainsi que tu l’as voulu !

Tu as choisi la vulnérabilité
Sous les traits d’un nouveau-né
Tu as épousé nos fragilités,
Partagé notre humanité,
Expérimenté nos joies, nos déserts, nos doutes cachés,
Tu t’es incarné, tu t’es approché !

Mystère insondable de Noël
Dieu s’est fait humble,
Il a pris chair,
Renversant toute logique,
Défiant tout mérite,
Echappant à mes calculs mathématiques.

Se pourrait-il que Dieu m’aime à ce point,
Au point de tout abandonner,
Au point de choisir une étable et des bergers,
Au point de prendre un forme si dépouillée,
Au point d’habiter parmi ses enfants entêtés,
Afin de les réconcilier avec Sa sainteté ?

Se pourrait-il qu’à mon tour,
Dépassée par la grandeur de ce mystère,
J’accepte ma condition limitée
Et que dans un acte de foi sincère,
J’accueille ce si grand Amour :
Emmanuel, compagnon de chacun de mes jours ?