On m’attribue plein de légendes
Dans cette forêt de Brocéliande
Gardien des ruines d’un château
Pour me trouver pas d’écriteau
Je fais partie de l’histoire
De Du Guesclin dans sa gloire
Au fameux comte de Laval
Chevaliers au sang royal
Ont défilé devant moi
Faisant fi de mes effrois
Ces soi-disant notables
Me prenaient pour une étable
En laissant leurs détritus
Au pied des arbres de Ponthus
Ça m’est complètement égal
Leur spectacle me régale
Je suis aux premières loges
Et leurs tournois m’interrogent
Grâce à Ponthus et Sidoine
Je rentre dans le patrimoine
Je fais la fierté des bretons
Près de la fontaine de Barenton
Si vous ne me suivez pas
Consultez Wikipédia
Mais voici qu’un parasite
Vient nous rendre visite
On abat les conifères
Je n’ai plus aucun frère
Je me retrouve bien seul
Avec un lointain tilleul
Plus personne ne vient passer
Mon endroit devient secret
Les promeneurs se font rares
Et c’est au gré du hasard
Qu’ils me découvrent tout fiers
Avec leur sac en bandoulière
Ils gravent leur nom sur mon tronc
Je ne fais pas le fanfaron
Je ne produis plus de feuilles
Ça sent bientôt le cercueil
Arbre emblématique
Je deviens squelettique
La tempête de Ciaran
Fait tomber le vétéran
Mon histoire n’est pas finie
Car j’ai fait plein de petits
Éparpillant mes faines
Ne soyez pas en peine
Nous sommes un peu comme ces arbres de la forêt…
Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux: un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir. Ecclésiaste 3:1-3
