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Étrange ressemblance

L’humain ressemble étrangement aux arbres. Tous deux gardiens de la terre, ils restent indispensables à l’équilibre et à la survie de notre monde. L’humanité est peuplée de forêts d’hommes, mais aussi de bois, de bosquets, ainsi que de feuillus solitaires, esseulés aux abords des sentiers qui conduisent aux champs, ou encore au milieu des prairies verdoyantes, désertées la plupart du temps.

Je me promène parmi les hommes et parmi les arbres et j’y vois des similitudes notables. Je perçois des êtres et des ancêtres qui traversent le temps influant leur apparaître du moment. L’automne, ils pleurent. Des larmes de feuilles tapissent la terre. Feuilles jaunes, feuilles rouges, feuilles brunes, feuilles vertes. S’envolant au gré du vent, les couleurs chaudes de la joie et de la colère tourbillonnent et se mélangent aux couleurs froides de la tristesse portée par l’espérance de l’avenir qui s’approche. Dénudés, ils exposent à la fois, leur vulnérabilité et leur robustesse qui témoignent de la complexité du monde des vivants. Les hivers sont là, ils mettent en évidence ce qui se cache derrière les habits de fête. Un tronc, un corps, des branches, des membres, de l’écorce, de la peau, du cambium, de la chair, ce naturel qui recouvre la force intérieure qui permet de rester debout au cœur de la tempête. La vie est douce et violente à la fois. Allégés, ils sommeillent avant d’être à nouveau sollicités par l’arrivée du printemps. Ainsi revient la force du désir. Comme le sang, la sève passe par les vaisseaux. Voici venir l’été, où les hommes comme les arbres se parent d’un amour à partager, un amour qui circule dans leurs veines. Profondément enracinés dans la terre, ils cherchent l’eau, nécessaire à une vie qui les élève vers la lumière.

L’arbre comme l’homme est né d’une semence. Toute semence plantée a besoin de terre, d’eau et de lumière. Cachée, la semence meurt, disparaît en se transformant en sujet de vie. Comme l’embryon, elle s’affermit, elle pousse, elle grandit, sortant de cette cavité sombre, elle jaillit pour faire face à la vie. L’homme comme l’arbre, n’est d’abord qu’un germe. Ils traversent l’alternance des saisons avant d’avoir un jour la capacité de fleurir et de porter du fruit.

L’humain ressemble étrangement aux arbres, si vital pour leurs existences, et pourtant si délaissés pour ce qu’ils sont, si exploités pour ce qu’ils peuvent chiffrer. Où sont passés les jardiniers de la vie ? Dans ce jardin de l’humanité, disparait peu à peu cette espèce d’homme capable de respecter, de prendre soin et d’entretenir les arbres de la terre. Dans ce jardin de l’humanité, disparaissent ces espèces d’arbres capables de nourrir et de préserver l’homme sur la terre. Il manque des jardiniers de l’amour, capable de planter, d’arroser, d’entretenir, de soigner et de laisser librement pousser sans exploiter la vie naturelle, sans exploiter la vie spirituelle.

Dépendant l’un de l’autre, l’homme ressemble étrangement aux arbres. Mais il y a, malgré tout une différence notable. L’humanité peut encore choisir de cultiver, tandis que les arbres ne peuvent qu’espérer, que l’homme puisse mieux se comporter.

Certains hommes ressemblent étrangement aux arbres, ils s’élèvent vers la lumière et prient le Grand Jardinier.

dimanche 10 mars 2024, en réponse au défi 25

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