Le « Sycomort »

Défi d’écriture #25 : en hommage aux arbres

« Les évènements d’aujourd’hui ont provoqué le choc, la tristesse et la colère », a souligné le directeur de la police Kevin Waring. Plusieurs habitants de la région se sont rendus sur les lieux, comme pour rendre hommage au Sycomore Gap. Des fleurs ont même été déposées près de la souche, devant le cordon de sécurité mis en place par la police.
Que faire pour rendre hommage au Sycomore Gap, cet arbre anglais rendu célèbre par le film « Robin des Bois, Prince des Voleurs » qui a été abattu et dont on recherche encore les coupables ? Une consultation a été lancée au Royaume-Uni.
Article de presse Franceinfo

Majestueux, il se dressait seul entre deux collines. Il pouvait s’étendre à l’infini dans le Northumberland National Park, au nord de l’Angleterre, près de l’Écosse. L’arbre, un érable sycomore, avait puisé ses racines dans l’Histoire. Tout près de lui, le mur d’Hadrien, érigé au II^e siècle après J.-C. pour protéger la province romaine de Bretagne des attaques barbares. Pour y accéder, pas de voiture. Chaque année, des milliers de visiteurs descendent la colline pentue à pied. Ils pique-niquent, en famille, avec leur chien, se prennent en photo. Certains font leur demande en mariage. D’autres y répandent les cendres de leurs êtres aimés. L’arbre de Sycomore Gap avait entre 200 et 300 ans. Élu « arbre de l’année » en 2016, il était, selon la presse, l’arbre le plus photographié d’Angleterre.
Article tiré du journal « Le Point. »

« Voilà que je fais la Une des journaux partout dans le monde. J’étais bien tranquille, juché entre deux collines, la vedette du Northumberland National Park.  Chaque jour, je me réjouissais de voir défiler tous ces touristes, pour me prendre en photo. Au gré du vent, je prenais des pauses différentes, mes feuilles frémissaient de joie. Je me pavanais, j’étendais mes branches avec largesse, comme pour accueillir chaque visiteur.

J’aurais bien continué ma petite vie paisible ainsi, mais, par une nuit de grand vent, un bruit sinistre, un vrombissement sourd, se confondit dans la tempête et une douleur vive me saisit le pied, pas de doute, on est en train de m’abattre. Je reste sans défense, je bascule lourdement et je m’effondre sur le mur d’Hadrien.

Qui était-ce ? Je les appelle « barbares, beubeus, bêtise humaine …» Comme vous voudrez ! Ce sont les mêmes qui ravagent les œuvres d’art, cassent les vitrines à coup de baramine, cachés derrière leur capuche, qui saccagent les tombes, qui mutilent le bétail dans les champs, les mêmes qui tiraient au sort pour avoir la tunique du Seigneur au pied de la croix. Mais Jésus disait dans un dernier souffle « Père pardonne leur, car ils ne savent ce qu’ils font ». Non, ils ne savaient pas qu’ils crucifiaient le Fils de Dieu, le Sauveur du monde, qui portait vos péchés sur le bois. Moi je ne suis qu’un arbre, je fais partie de Sa Création. Je battais des mains quand Dieu vous conduisait, vous pouviez m’entendre chanter quand le vent circulait dans mes branches et je louais Dieu avec Sa Création. Merci pour vos nombreuses épitaphes.

Qu’adviendra-t-il de moi maintenant ? Je vous donne des idées : du bois de chauffage pour les pauvres ? mais, parait-il, ça pollue. Sculptez des animaux, des champignons,  pour décorer vos jardins, des bijoux, de la vaisselle, des jouets, des bibelots, que sais-je encore ? Je m’éparpillerai ainsi partout dans le monde. Mais j’ai un secret à vous avouer, je ne suis pas totalement mort, la sève coule encore dans ma souche et je sens la vie y remonter… »

 Oui, vous sortirez avec joie,
Et vous serez conduits en paix;
Les montagnes et les collines éclateront d’allégresse devant vous,
Et tous les arbres de la campagne battront des mains.
 Au lieu de l’épine s’élèvera le cyprès,
Au lieu de la ronce croîtra le myrte;
Et ce sera pour l’Éternel une gloire,
Un monument perpétuel, impérissable.
Esaie 55 : 12-13