La poésie est une petite incarnation, qui donne corps à ce qui était auparavant invisible et inaudible.
C.S. Lewis, Réflexions sur les Psaumes
Saviez-vous que le premier livre publié de l’écrivain et universitaire C.S. Lewis (1898-1963) était un recueil de poèmes [1] ? Lewis a vingt ans et revient tout juste du service militaire de la Première Guerre mondiale lorsqu’il publie son livre, sous le pseudonyme de Clive Hamilton. Il n’est pas encore chrétien et trouve dans la poésie une forme de consolation. Plus tard, il continuera à écrire quelques poèmes, comme La naissance du langage, qui se termine ainsi :
Tout en bas, ces symboles apparaissent,
Tous sombres, squelettiques et abstraits.
Pourtant, le véritable vers déchu,
Dans ses rêves, sent son Soleil natal. [2]
Pour Lewis, le vers poétique est un moyen de défaire la malédiction que les mots ont subie, pour tenter de retrouver leur Soleil natal. Le langage est un don de Dieu qui descend du ciel, mais à cause de la malédiction de Dieu sur l’homme, il est devenu glacial. Ce n’est que par les rayons chaleureux de la poésie que les mots peuvent s’ouvrir, fleurir et commencer à ressembler à leur forme originale. La poésie, bien mieux que le langage scientifique ou philosophique, est ce qui nous rapproche le plus de la vérité.
Façonnés à l’image de Dieu et à sa ressemblance, il nous appartient en tant que poètes de connaître le monde et de le nommer, de le voir et le dire, d’utiliser nos mots pour rendre visible les souffles d’Eden qui parcourent la Terre.
Nous devons cultiver le jardin (Genèse 2.15) avec une persévérance sans faille. De même que l’agriculteur transforme la nature pour produire une agri-culture, notre devoir est de développer l’extraordinaire potentiel des mots pour produire une œuvre de culture.
Ce recueil de poèmes que vous vous apprêtez à lire s’inspire des Chroniques de Narnia, du même C. S. Lewis. J’ai eu la chance de pouvoir lire les Chroniques en tant qu’enfant, puis de les étudier ensuite en tant qu’adulte. Mon travail portait sur la Grâce, omniprésente d’un bout à l’autre dans les sept tomes de ce conte.
Avec ce livre, je veux tout simplement rendre un hommage poétique à Lewis, qui a enchanté mon enfance et qui nourrit encore l’adulte que je suis. J’ai fait le choix de vers classiques ; j’espère qu’ils auront parfois les éclats de leur Soleil natal.
La Grâce vous paraît peut-être impassible sous son accent circonflexe, et derrière sa majuscule divine. Mais ne vous fiez pas aux apparences : elle ressemble davantage à une vague immense qu’à une montagne immobile.
Il m’est évidemment impossible de témoigner entièrement de la richesse infinie de la Grâce avec mes pauvres mots, fatigués de leur voyage fastidieux. Mais essayons, au moins, d’en esquisser quelques contours ! Apprendre la Grâce à Narnia, n’est-ce pas une merveilleuse façon de la comprendre ?
D.M.
PS : Faut-il avoir lu les Chroniques avant de lire ce recueil ? C’est mieux, mais vous pouvez aussi les lire ensuite. L’important, c’est de les lire à un moment ou à un autre.
PS2 : la poésie aime voyager. Si vous achetez le livre au format papier, ne le laissez pas prendre la poussière sur l’étagère, mais offrez-le à quelqu’un.
Vous venez de lire un extrait de mon premier recueil de poèmes, intitulé La Grâce au pays de Narnia. Il est disponible en entier sur les pages de Plumes Chrétiennes.
Sommaire
I- Où est ton émerveillement
II – Brusquement, faire demi-tour
III – Inutile, Aslan est en route
IV – Quelques poèmes très anciens
V – La neige commençait à fondre
VI – Regardez vers Sa Majesté ! (Ballade)
VII – Comme au premier jour de l’été
VIII – Mon enfant, tourne cette page
IX – La mort fuirait devant la Grâce
X – Le Lion ferme les paupières
XI – La Table de Pierre est rompue
XII – Les arbres pleurent sans tarir (Pantoum)
XIII – Proposons-lui une autre chance !
XIV – Je suis un monstre, et je suis seul
XV – Laisse-moi te la retirer
XVI – Pour toujours reine de Narnia
XVII – Le fameux chevalier souris
XVIII – Un brin pessimiste, il paraît
XIX. L’air frais ne chasse plus la brume (Sonnet)
XX. Je veux te révéler ma Grâce
Ce livre existe aussi en version papier, dans un version soignée et agréable à lire. Vous pouvez vous le procurer sur Amazon dans tous les pays.
[1] Lewis, C. S. Spirits in Bondage: A Cycle of Lyrics (1919)
[2] Lewis, C. S. The Birth of Language, (1946), traduction libre



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