Les chaussettes vertes

Si vous vous souvenez de la nouvelle « Un cadeau spécial » parue dans le livre « Contes de la grâce » voici la suite que je publierai sous forme de plusieurs épisodes.

Chapitre 1 : Les mésanges

Noémie est devenue une adolescente très raisonnable. Ayant découvert le message du stylo et du papier, elle fait désormais très attention à ne plus se mettre en colère et veille à ses mots pour ne pas froisser ces objets précieux laissés en souvenirs par mamie Yoyette. Depuis elle s’est mise à l’écriture. Elle utilise le beau stylo et le papier à lettre pour y relater ses souvenirs. Ils sont désormais devenus complices et l’inspirent dans ses lignes. Très marquée par la disparition prématurée de sa grand-mère, elle raconte ses moments mémorables dans un journal et plus particulièrement ce jour…

« Comme chaque soir, Noémie et Tim ont droit à leur histoire avant de s’endormir. C’est l’heure ! ils accourent dans les bras de leur mamie et se blottissent tout contre elle, dans le vieux fauteuil. Depuis que mamie est seule,  elle habite chez nous. Elle est toute menue, et nous pouvons bien nous caler à côté d’elle. La cheminée crépite, l’atmosphère feutrée, vient enchanter cette belle soirée d’hiver.

— Il était une fois…

Le moment magique commence et nous écoutons attentivement, chaque mot qu’elle nous lira…mais ce soir…

— Mamie, je ne me sens pas très bien !
— Oh mais, ma chérie que se passe-t-il ? en effet tu es brulante !

Maman intervient et me prend la température frontale, 40°, vite du paracétamol et rendez-vous chez le médecin.

— Attends je vais prier pour toi ma chérie.
— Mais l’histoire ! réclame Tim
— Mon poussin, ne vois-tu pas que ta sœur n’est pas bien ?

Mamie prie pour moi, j’entends mon petit frère qui pleure et puis soudain…Tim chatouille les pieds de mamie ! quelle idée !

— Guili guili pouet pouet ! en avant les chaussettes  !

Le chignon de mamie tournicote comme les pales d’un hélicoptère, la voilà qui s’envole avec ses chaussettes vertes et ses pantoufles !

— Venez les enfants, je vous emmène !

Nous la prenons par la main et nous nous envolons avec elle !

— Où allons-nous mamie ?
— C’est chouette de voler hihihi !

Nous atterrissons dans une forêt magnifique, les arbres sont couverts de neige, nous pénétrons un chemin lumineux et bleuté. Les sapins scintillants nous saluent au passage. Nous sommes en pyjama, mamie a gardé ses pantoufles et chaussettes vertes, mais nous n’avons pas froid. Des mésanges nous suivent et semblent vouloir nous guider vers un endroit. En effet, nous trouvons une petite mésange à terre, transie par le froid. Tim la ramasse et la frictionne, son petit cœur se remet à battre. Elle rouvre les yeux ! Je la nourris de quelques graines ! elle se sent mieux, nous regarde et cligne des yeux avant de s’envoler.

— Bravo Tim ! Bravo Noémie ! nous dit un homme en blanc
— Oh !

Nous sommes effrayés, mamie sourit !

— Tu aimes les petits oiseaux ! moi aussi je les aime et j’en prends soin ! Venez suivez-moi !

Nous poursuivons ce chemin inondé d’une lumière étrange. Un château qui semble fait de glace se dresse devant nous.

— Ooooh ! ne peuvent s’empêcher de s’exclamer Tim et Noémie
— C’est le château de la belle au bois dormant ?
— Nooooon ! dit l’homme en blanc

Tout est si féérique ! Nous y entrons. A l’intérieur, tout est si propre, si somptueusement rangé. Pas la moindre poussière. Nous visitons chaque pièce.

Voici le lit dont je rêvais, un lit carrosse rose, un tapis rose tout doux, des rideaux d’or transparents, un coffre à jouets couvert de pierres précieuses. Je l’ouvre…ma poupée, celle que je souhaitais, des chaussons de danse, des peluches, le piano, un vrai piano dans un coffre à jouets ?Je me mets à jouer au piano et je ne fais aucune fausse note, d’autres personnes se joignent à moi, un véritable orchestre nait dans cette pièce, Beethoven, Haendel n’ont qu’à se rhabiller ! Qu’ils sont beaux et grands ces personnages, ils semblent obéir à l’homme en blanc, leur chef d’orchestre à présent. Mamie danse avec lui, Tim est ébahi !  Tout ce dont je rêvais se trouve dans ce coffre, mais papa maman me disait…trop cher, trop cher…tout est là ! J’écarte le rideau, et derrière la fenêtre,  je retrouve la petite mésange et ses compagnes. Elles sont perchées dans un cerisier. Les cerises sont énormes, je tends mon bras et j’en cueille une, jamais je n’ai mangé de cerise d’un goût aussi excellent ! Tim et Mamie se régalent aussi. De l’hiver nous sommes passés à l’été.

Nous passons par la salle de bains, enfin je veux dire l’une des salles de bains ! robinetterie en or, baignoire en cristal je suis éblouie !

— Est-ce là ce que tu voulais ?
— Oui c’est exactement cela !

Nous visitons la chambre de Tim et son lit voiture, son tapis circuit.

— Un lit voiture ! s’écrie Tim

Il s’allonge et voilà que la voiture part faire un tour sur l’immense circuit de sa chambre.

— Trop cool ! stop le lit, je veux ouvrir mon coffre à jouets !

Tim est ravi et ouvre son coffre magique, il s’empresse de jouer de la batterie comme un pro, les curieux personnages nous accompagnent encore. Nous cueillons quelques succulents abricots par la fenêtre, avant d’accéder à la chambre de Mamie et son lit à baldaquin orné de rideaux lumineux. Tiens, les arbres sont en fleurs au dehors, des fleurs de lotus poussent sur des arbres étranges, lilas et roses poussent sur le même feuillu, les roses sont ornées de liserés scintillants et n’ont pas d’épines. L’homme en blanc en cueille une pour Mamie, elle est tout émue.

Nous voudrions bien rester, mais…

Illustration : les mésanges (pastel)