Et la queue qui se traîne ?
Au rendez-vous, crains-tu d’arriver en retard,
Pour le bal de la Reine ?
Comme deux tourbillons, tes jambes délurées,
Font de toi un bolide,
Que le Coyote idiot, ne sait pas capturer,
Dans le canyon aride.
Il nous faut t’étudier, sans la caricature,
D’une juste façon.
Imitant Paul, tu cours, mais non à l’aventure ;
Quelle est donc ta leçon ?
Penché sur le sentier, l’Indien loue ta sagesse,
Oiseau zygodactyle :
Ton pied brouille le sens, et les croix que tu laisses,
Déjouent l’esprit hostile.
Cet éloge appartient à la fable magique,
Mais je suis ébloui,
De te voir déployer, dans l’arène tragique,
Un courage inouï.
Car tu oses affronter, en duel singulier,
Le terrible crotale !
C’est sur lui que tu cours, sans paraître effrayé,
D’une atteinte fatale.
Le voici devant toi, ce venimeux serpent,
Cet assassin perfide !
Qui tortille en tous sens, son corps rampant,
Et sa langue bifide.
Posture dégagée, rostre aigu tel un sabre,
Aguerri samouraï,
Tu conduis l’ennemi dans un ballet macabre,
Plumes en éventail.
Par ce leurre trompé, dix fois il se détend,
La gueule grande ouverte,
S’exposant près du bec, qui le saisit à temps,
D’une tenaille experte.
Alors, vivant emblème accomplissant l’oracle,
Du paradis d’antan,
Tu brises sur le roc, le serpent en débâcle,
Symbole de Satan.
Ô vaillant grand coucou, tu ne veux pas qu’en vain,
J’admire ton audace,
Mais qu’ouvrant l’Écriture à Romains-seize-vingt,
Ce verset je repasse.
Jésus-Christ a détruit du péché la puissance,
Lié le prince fort,
L’accusateur ancien, prodigue en médisance,
Qui régnait sur la mort.
Que je ne sois donc pas ce peureux coq de chaire,
Qui se croit le premier,
Et ne vainquit jamais, qu’un pauvre ver de terre,
Sur son tas de fumier.
Que tel ton bec pointu, contre l’hypocrisie,
Ma plume soit féroce,
Que tel tes pieds d’éclair, contre l’apostasie,
Mon zèle soit véloce.
L’aspect comique du Roadruner, ou Grand Coucou (Geococcyx), lui a valu d’être immortalisé dans les Looney Tunes de Tex Avery, en compagnie du Coyote qui ne réussit jamais à l’attraper. Quand on l’approche dans la réalité, car il n’est pas très farouche, on découvre un oiseau fort intéressant par ses particularités propres.
C’est un zygodactyle, c-à-d que son pied est formé de deux doigts à l’avant et de deux doigts à l’arrière, ce qui n’est pas fait pour l’aider dans la course, mais pour monter aux arbres et aux cactus. En conséquence il laisse sur le sol des empreintes en forme de X ; les anciens Amérindiens, peuples superstitieux, en concluaient que le Roadrunner est un grand sage, puisqu’il égare les mauvais esprits, en les empêchant de savoir dans quel sens il est passé.
Le courage semble plutôt être la vraie vertu illustrée par cet oiseau, qui n’hésite pas à s’attaquer au Diamondback Rattlesnake, le serpent le plus venimeux de la région. Relevant sa queue pour s’en servir un peu comme la muleta d’un torero, il provoque le crotale qui met souvent à côté des parties vitales, mais pas toujours… et quelquefois ça se termine mal pour le Roadrunner : s’il est piqué ne serait-ce qu’au bas de la patte, il meurt ; dans l’Ouest on ne plaisante pas avec les duels en fast draw.
Le Roadrunner ne mange pas que du serpent ; vorace, il gobe tout ce qui bouge : lézards, insectes… et il ne boit jamais d’eau, celle contenue dans ses proies lui suffit. Très bon gestionnaire en énergie, durant la nuit il laisse la température de son corps s’abaisser, et le matin, ébouriffant ses plumes, il expose au soleil des plaques noires qu’il a sur la peau, pour remonter en température comme un chauffe-eau solaire.
Est-ce qu’il court si vite ? On l’a chronométré jusqu’à 26 mph (41 km/h) ce qui est assez remarquable pour un animal de cette taille. En contrepartie, comme les poules, il ne peut voler que quelques minutes. Pourquoi ? Il n’a pas des ailes conçues pour planer, et donc en termes énergétiques, sa course est plus efficiente. Dans la nature, comme dans la société des hommes, comme dans l’œuvre de Dieu, la spécialisation devient nécessaire : l’apôtre Paul évoque pour nous un coureur de marathon, tandis que l’apôtre Jean est souvent comparé à un aigle. L’héritage qu’ils devaient laisser à l’Église était différent, et demandait des personnalités différentes.
Comme celle de l’ode la forme des stances n’est pas rigoureusement définie, mais se distingue par un aspect général. Le plus souvent c’est une suite de quatrains, rimant sur le même modèle, et dont chacun contient une idée complète. Elles s’adressent à une personne, sur un mode qui peut être plaisant, comme les Stances à Marquise, de Corneille, ou les Stances à un Cambrioleur, de Brassens ; mais elles sont parfois graves et touchantes comme les célèbres stances, chrétiennes, de Malherbe à Du Périer, sur la mort de sa fille.
https://video.nationalgeographic.com/tv/roadrunner-vs-rattlesnake