Les statistiques le confirment : les lecteurs de Plumes Chrétiennes sont forts aux devinettes littéraires et bibliques ; aussi, devant le succès du petit jeu de la semaine dernière sur les π-burgers, je vous en propose un autre, où il s’agira de trouver sept rimes manquantes d’un sonnet.
Empressons-nous de le dire : la rime riche n’est pas le seul élément qui fait un bon poème. Il lui faut encore la juste métrique des vers, et évidemment la valeur spirituelle ou émotive. Quand de plus, comme le sonnet, il doit se plier à des règles de composition rigoureuses, on comprend la fascination que peuvent exercer certaines poésies, âgées de plusieurs siècles.
Les sonnets de Drelincourt, par exemple, plus on les lit, plus on les trouve parfaits. Ces 160 pièces qu’il a travaillées durant ses nuits d’insomnie, se répartissent en quatre livres : Sur la Nature et son Auteur, Sur diverses Histoires de l’Ancien Testament, Sur diverses Histoires du Nouveau Testament, Sur diverses Grâces. Roulant sur des choses intemporelles et éternelles, ils durent aussi longtemps que les joyaux de la couronne. Donnons celui sur la mer :
J‘admire, en te voyant, la source dont tu sors ;Les biens que tu produis, et les biens que tu pilles ;Et la robe d’argent, dont parfois tu t’habilles,Lorsque les vents émus troublent ton vaste corps.
Qui pourrait de ton sein compter tous les trésors,De tes divers poissons les nombreuses familles ;Les perles, l’ambre-gris, le corail, les coquilles,Que ton bruyant courroux étale sur tes bords ?
Surtout, je dois bénir la puissance adorable,Qui dompte ta fureur avec des grains de sable,Et dont la sage main ton flux a limité.
Mais, quand dois-je aborder cette mer pacifique,Sans tempête, sans flots ; où dans l’éternité,L’on voit ce que la gloire a de plus magnifique !
Que pourrait-on y ajouter, ou retrancher ? Rien ! Quel mot changer, sans gâter toute la pièce ? Aucun ! Quant à la chute du sonnet, qui doit donner le sens spirituel du poème, elle est superbe. C’est avec raison que Boileau a jugé :
Quittons-là ce dithyrambe, qui menace de devenir agaçant à nos oreilles nombrilistes, sachant que La Fontaine n’a pas eu tort non plus d’écrire :
et passons au jeu : le sonnet ci-dessous, d’un auteur beaucoup moins connu, Achille Millien (1838-1927), mais fort réussi, a été ébréché de sept mots. A vous de restaurer sa beauté, en cliquant sur le bouton Jouer.
Comme ces mots se situent à la rime, ils se laissent deviner sans grand effort, sauf un peut-être ; et le menu plaisir de les trouver vaudra bien celui de ramasser sept petits cailloux de couleur sur la plage, tout luisants de la vague.
Son âme est un beau lac : nul souffle délétère,Effleurant son cristal n’est venu le ☡ ;Et c’est là, sur ses bords, que les maux de la ☡,S’ils n’étaient éternels, devraient bientôt finir.
Là, des oiseaux charmants chantent avec ☡Dans les parfums subtils, et l’on y voit s’unirAu lys sans tache, ami de l’ombre solitaire,Le bleu myosotis, la fleur du ☡.
Asile virginal de joie et de prière !Tout s’épure et devient paix, amour et ☡,A l’entour de ce flot immobile et profond ;
Un rayon de soleil discrètement s’épancheSur la berge embaumée, et si quelqu’un s’y ☡,Son regard enchanté trouve le Ciel au ☡.
Plumes Chrétiennes 
Merci, c’est fait et sans langue au chat, les raisins sont bien mûrs, cette fois 🙂
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Très intéressant, ce remue-méninges !
Pour la beauté du jeu (et du geste) je poste ici mes réponses, mais de façon à ne pas les dévoiler intégralement :
t e r …………….. n i r
t e r …………. r e
m ys……………… t ère
sou v e …………………… n ir
lu m ………….. i ère
p en ……………….. c h e
f ………………. o n d
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