Pour inviter mes commensauxAu réveillon, avec grand faste, Qu’importe les prix colossaux ? De nos Français la bourse est vaste, Et je suis Reine, a dit Jocaste. —L’Esprit saint, d’un mot fraternel, Reprend la chère enthousiaste :Sans Christ, tu n’as pas de Noël !
Pour moi je veux un chic trousseau, Soulignant bien mes jambes chastes, Et ma taille d’étroit cerceau, Sur la photo des grands dynastes. —La faux du temps, belle céraste, Moissonnera pour l’Éternel, Entends siffler son fil néfaste :Sans Christ, tu n’as pas de Noël !
Qu’offrirai-je au roi jouvenceau ? Un porte-voix de cinéaste, Un Falcone, ou dix chars d’assaut ? Il a tout déjà, dans sa caste… —Un gilet jaune de banaste, Pour son laïus très solennel.En même temps, triste contraste, Sans Christ, tu n’as pas de Noël !
Envoi
Oh vieille France iconoclaste, Qui te trompes d’Emmanuel, Ton mépris de Dieu te dévaste :Sans Christ, tu n’as pas de Noël !

1. La ballade est un poème à forme fixe, qui a surtout connu du succès au moyen âge, et un petit regain d’intérêt au XIXe siècle, avec notamment De Banville. Elle se compose de trois strophes carrées (8 X 8 ou 10 X 10) et d’une demi-strophe appelée envoi. Sa principale difficulté, si l’on veut en respecter les règles, est de trouver un nombre suffisant de rimes identiques.
2. Pour ceux qui auraient un peu oublié leur mythologie, rappelons que la reine Jocaste avait été premièrement mariée au père d’Œdipe, qui s’appelait Laïos, ou Laïus (d’autres disent Louis…). Bravant le tabou et le qu’en dira-t-on, elle avait par la suite épousé un homme beaucoup plus jeune qu’elle. Mais, horrifiée, elle finit par s’apercevoir qu’il s’agissait de son propre fils, parce que comme son père Laïus, il faisait toujours de grands discours pour ne rien dire.
3. D’où vient que dans la Bible un pays ou un peuple soit souvent symbolisé par une femme, plutôt que par un homme ? Tout simplement du fait que par nature la créature humaine se trouve en position de dépendance vis-à-vis de Dieu, nous sommes en quelque sorte féminins par rapport à lui. Ainsi, en bien ou en mal, l’Écriture emploie des noms de femmes pour désigner les peuples : la fille de Sion, Babylone la grande, Ohola et Oholiba…, sans la présence de l’Éternel Israël est une veuve, etc.
C’est donc en vain que certains s’insurgent contre l’expression de première dame de la République. Ce statut n’existe pas sur le papier, certes, mais il existe dans la conscience collective ; or on ne peut pas lutter contre un phénomène qui monte des profondeurs du peuple : Marianne, ou Jeanne d’Arc, ou Jocaste, il faut aux Français une femme qui les représente. Dans l’envoi, Emmanuel est un nom symbolique, signifiant Dieu avec nous.
4. Soyons honnêtes, il n’y a pas que Jocaste qui trouve que les courses de fin d’année sont une corvée, et qui ne sait pas quoi encore acheter avec son argent… (sauf qu’elle c’est l’argent du contribuable). D’ailleurs dans la Bible comme dans l’histoire de Jocaste, la femme n’est jamais entièrement responsable de la faute, elle est en partie victime : il y a un tentateur. Loin de nous par conséquent d’oublier les vers immortels de Hugo :
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
Qui de nous n’a pas vu de ces femmes brisées
S’y cramponner de leurs mains épuisées !
Enfin là le Victor charriait un peu, parce que lui-même les a pas mal aidées à tomber…
J’aime beaucoup votre blog. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverte et blog très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Au plaisir.
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