de l’état où je me trouve.
(Phil. 4.12)
L’émigrante répond : Je vais où Dieu m’envoie, Là-bas, Chercher ces belles fleurs que vos climats sans joieN’ont pas.
Mais toi-même, en ces jours de bise et de misère, PourquoiNe te joindrais-tu pas, mon pauvre petit frère, A moi ?
Ah ! si j’avais, ma sœur, de grandes fortes ailes, Aussi ! Mais le bon Dieu m’a dit : Attends les fleurs nouvellesIci.
(1845-1934)
Le passereau s’appelle ainsi, pourrait-on penser, parce que contrairement à l’oiseau migrateur il passe l’hiver dans nos contrées, mais cette étymologie n’est pas exacte, le mot viendrait plutôt du sanscrit paksha, qui signifie aile. Peu importe, dans ce petit poème très original, le pasteur Borel-Girard a su utiliser le contraste entre les deux espèces d’oiseaux, pour illustrer joliment une vérité spirituelle chère à l’apôtre Paul.
Du point de vue poétique on remarque tout de suite l’alternance, pour le moins inhabituelle, entre des alexandrins et des vers de deux syllabes. Sans doute a-t-elle été choisie intentionnellement pour marquer la différence de longueur entre l’aile de l’hirondelle et celle du passereau. Figurativement, elle évoque le beaucoup et le peu duquel parle Paul dans l’épître aux Philippiens : J’ai appris à être content de l’état où je me trouve ; j’ai appris à être rassasié et à avoir faim ; à être dans l’abondance et à être dans l’indigence.
Cette souplesse, cette versatilité de l’apôtre, qui lui permettait d’être tantôt hirondelle, tantôt moineau, sans jamais se plaindre de son sort, n’avait rien de purement rhétorique : On pense toujours à ses grands voyages missionnaires, mais il ne faut pas oublier qu’il a aussi passé plusieurs années en prison, dans une inactivité apparente, et pourtant utile à l’avancement du royaume de Dieu. Son exemple, appuyé par l’observation des oiseaux (que Jésus-Christ recommandait à ses disciples), incite chaque chrétien à rester joyeux dans toute situation.
Charles-Gustave Borel-Girard a été un pasteur très actif à La Chaux-de-Fonds, où il était président de la section locale de la Croix-Bleue. Passionné de poésie et d’Histoire, il a écrit plusieurs recueils de vers, des cantiques, des cantates, et fondé la Société d’histoire de l’Église neuchâteloise.
L’hirondelle et le moineau ont toujours suscité des réactions littéraires par leurs différences : l’image en tête d’article est tirée d’un livre du même nom, écrit par Jacqueline du Pasquier, historienne d’art, et illustré par le peintre Raylambert (1889-1967).