Poésie, Réécritures

Je ne peux pas le croire

Mon enfant, lui dit le père, tu es toujours avec moi et tout ce que j’ai est à toi.
Luc 15:31

(Ses bras !)
Je suis si fatigué, et j’ai encore si peur…
Je ne peux pas le croire… il m’a pris dans ses bras !
Mon père voudrait-il dire, malgré toutes mes erreurs,
Qu’il m’aime et qu’il m’accueille ? Non, je n’en reviens pas !
J’ai connu d’autres bras, dans les bals les plus fous,
Des bras, des jambes, des corps, des plaisirs enflammés.
Mais rien ne vaut l’accueil de ces bras forts et doux,
Qui m’entourent pour me dire : « Je t’ai toujours aimé ! ».
Bien loin de la maison, j’ai tant manqué de pain.
Mon ventre a tant crié, quand je ne mangeais pas.
Mais maintenant je sais de quoi j’avais si faim
Bien plus que de pain frais, j’avais faim de ses bras !


(Trahison !)
Je ne peux pas le croire, cette musique et ces danses
Ce serait donc une fête pour ce traître de frère ?
Lui qui nous a quittés avec tant d’insolence
Reviendrait en fanfare pour retrouver mon père ?!
Pendant que chaque matin, je sortais aux aurores,
Pour gérer ce domaine qu’il avait délaissé,
Lui dansait toute la nuit, et le matin encore,
Et le voilà soudain qui revient pour danser !!!
Et vous, vous voudriez que j’ouvre grand les bras,
Que je chante avec vous, que je mange le veau gras ?!
Mais ce veau, voyez-vous, il ne le mérite pas,
Et j’aurais préféré, qu’il ne revienne pas !


(Est-ce bien lui ?)
Je ne peux pas le croire, après autant de temps…
Est-ce bien lui que je tiens, dans mes bras éblouis ?
Chaque jour j’ai versé des pleurs en l’attendant…
J’ai encore de la peine, à croire que c’est bien lui.
Quelque chose me murmure, que je ne devrais pas,
Recevoir ce fils sale, aussi vite dans mes bras.
Quelque chose me murmure, qu’étreindre cet enfant
Ce n’est pas faire justice, c’est faire grâce au méchant !
Mais c’est plus fort que moi, j’ai tant et tant rêvé
De revoir son visage, d’entendre enfin son pas.
Ce jour est arrivé, alors, sale ou lavé,
Qu’importe ! mon fils est là, je le veux dans mes bras !!!

Jean-Philippe Chavey
Illustration : aquarelle de l’auteur

Ce poème a été édité dans le recueil de poème « Paraboles (sous un autre angles) »

Un semeur sortit pour semer…
Un père avait deux fils…
Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho…

Si Jésus avait vécu en un autre temps et dans un autre pays, il aurait pu dire : « Un homme flânait sur les trottoirs de la rue Blondel… »
Ce livre regroupe les meilleures participations de notre grand concours de poésie 2021, dans l’ordre de classement du jury (avec une préface explicative).

Voir la page du livre.

2 réflexions au sujet de “Je ne peux pas le croire”

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