Défi d’écriture #10 – Fais parler un objet
UN VENT REPENTANT (en hexasyllabes)
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J’étais le vent du nord,
La Bise de l’hiver,
Qui congelait les corps,
Refroidissait la terre.
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J’étais le vent du sud,
Né du désert, Levêche,
Étouffant sans prélude,
D’Oranie en Espagne.
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J’étais vent du sud-est,
Baptisé Sirocco.
Un vent sec et funeste,
Assoiffant les coteaux.
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J’étais le vent d’Autan,
Appelé « vent du diable »,
Celui qui rend dément,
Et détruit les récoltes.
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J’étais vent en rafales,
Entraînant les flocons.
Tramontane ou Mistral,
Je tarissais les eaux.
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Et quand grondait l’orage,
À la tempête crée,
J’excitais le tonnerre,
J’augmentais les éclairs.
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Je dépouillais les arbres,
Arrachant leurs racines,
Leurs rejetons d’été,
Ou leurs mues de l’hiver.
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Partout, sur la planète,
Je pouvais m’engouffrer,
Imposer mes tempêtes,
Soumettre les marées.
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Pour moi, pas de frontières,
De barrières, de lois.
Je soufflais sur les terres,
De Punta à Cana.
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Mauvais et ravageur,
J’étais du temps, le maître.
De grand froid, pourvoyeur,
Ou de chaleur torride.
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Puis, arriva ce jour.
Ce jour peu ordinaire,
À l’atmosphère lourd.
Et mon cœur en colère…
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Par un temps sans orage,
Où j’étais ouragan,
Qui causait des dommages,
En cyclone arrogant.
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Un chahut de nuages,
Me bloqua en plein vol,
Arrêtant mon pillage,
Me clouant sur le sol.
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Tombé en léthargie.
Était-ce un choc thermique,
Un manque d’énergie,
Ou un souci technique ?
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Quelle était la raison,
De cet arrêt brutal ?
Fatigue de saison,
Ou usure normale ?
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En moi, plus de courant.
De désir d’avancer,
D’aller au gré des vents,
Où le vent me menait,
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Dans cette frénésie,
Contre vents et marées,
Je n’avais plus l’envie,
De suivre mes idées.
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Épuisé, le féroce.
Courir aux quatre coins,
Avait vidé mes forces.
Besoin de mise au point.
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Invincible, fougueux.
Mes limites atteintes,
Je doutais, hors d’haleine,
Mon flux comme une plainte.
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À quoi sert de souffler ?
Et d’avoir du pouvoir ?
Pourquoi la liberté,
Si on ne sait qu’en faire ?
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En zone dévastée,
Et en quête de sens,
L’Astre m’a ranimé,
Et m’a transmis Sa force.
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Face à Lui, tout petit,
À Lui, Soleil de gloire,
J’ai versé tant de pluie ,
Et admis mes erreurs.
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Ceinturé de Lumière,
Il libéra mon âme,
De son sort en enfer,
Et m’aima sans un blâme.
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Du don à la relation.
Entre front froid et chaud,
Nanti de Son pardon
Je fus un vent nouveau.
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Devant l’Astre éclatant,
Qui règne sur la terre,
Et dans le firmament,
J’ai pris un vent contraire.
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Dès lors, je ne suis plus,
Ce vent qui décidait,
Du beau temps, de la pluie.
Faisait ce qui lui plaît.
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Car l’œil de mon cyclone,
Par grâce, Il a touché.
Dans Ses rayons d’amour,
J’ai été éclairé.
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Tel un souffle divin,
Je suis né de l’Esprit.
Ma nature de vent,
Inspire et rafraichit.
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Semblable à une brise,
Je porte Sa Parole.
En douceur bien acquise,
Je souffle un air docile.
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Telle une pluie légère,
Jusqu’aux extrémités.
J’abreuve et désaltère,
Les âmes desséchées.
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J’apporte la chaleur,
Là où le froid de l’ère,
A engourdi les cœurs,
Repoussé les prières.
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UN VENT REPENTANT (première version)
J’étais le vent du nord, la Bise de l’hiver qui soufflait dans les plaines, refroidissait la terre.
J’étais le vent du sud, Levêche né du désert, étouffant et brûlant d’Oranie en Espagne.
J’étais subsaharien, baptisé Sirocco. Un vent sec et puissant, assoiffant la nature.
J’étais le vent d’Autan qu’on appelait « vent du diable », au souffle qui rend fou, détruisant les récoltes.
J’étais vent en rafales, Mistral, Tramontane qui tarissait les eaux et entraînait la neige.
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Je soufflais sous le ciel de chaque continent. Pour moi, pas de frontières, ni de lois, de barrières.
Pas un endroit sur terre ne m’était défendu. Partout, je m’engouffrais et imposais mon air.
Les arbres, je dominais. Arrachant leurs racines, leurs rejetons d’été et leurs mues d’hiver.
Ravageur et violent, pourvoyeur de froid ou de chaleur torride, j’étais du temps, le maître.
Et quand grondait l’orage à la tempête crée, j’excitais le tonnerre, j’augmentais les éclairs.
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Et puis, il y eut ce jour… Ce jour comme un autre, au détour d’une dépression atmosphérique.
Par un temps sans nuage, en anticyclone arrogant et assuré d’une vigueur magnétique,
Je brisais tout sur mon passage, quand tournoyant en ouragan, je fus stoppé par la fatigue.
Ce n’était pas une turbulence géographique ni même un épuisement climatique,
C’était plutôt une basse pression ; la brusque chute de mes masses d’air énergétiques.
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À trop courir aux quatre coins du vaste monde, épuisé, hors d’haleine, je me suis essoufflé.
L’envie d’avancer au gré des vents ou d’aller là où le vent me dirigeait, m’a abandonné.
Dans cette furie contre vents et marées, toutes mes forces m’ont quitté. Soudain, j’ai basculé.
Moi l’invincible et impétueux, j’ai atteint mes limites. Mon flux contre terre, j’ai chuté.
Je ne savais plus que faire. À quoi bon souffler ? Pourquoi ? Comment ? Que faire d’autant de liberté ?
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En zone nuageuse, en quête de directions, Il m’est apparu en révélation.
Face à Lui, le seul grand Soleil, J’ai déversé des averses et déploré mes infractions.
Enveloppé de Juste Lumière, il y eut libération, puis nouvelle relation.
Entre front froid et chaud, ma décision de Le suivre jusqu’au bout fut sans compromission.
Devant l’Astre étonnant qui règne sur la terre et dans le ciel, j’ai changé d’orientation.
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Désormais, je ne suis plus ce vent qui décidait de la pluie, du beau temps, faisait ce qui lui plaît.
Mais je suis de l’Esprit, comme un souffle divin qui porte Sa Parole jusqu’aux extrémités.
Car l’œil de mon cyclone, par grâce, Il a touché. Dans ses rayons d’amour, j’ai été éclairé.
Semblable à un murmure, une brise légère, j’inspire et rafraichis les âmes desséchées.
J’apporte de la chaleur, là où le froid de l’ère a engourdi les cœurs, endormi les pensées.
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Christ’in
C’est un texte agréable à lire et méditatif. Et le sujet du souffle est bien retranscrit.
Il me semble qu’on écrit vent d’Autan (sans t à la fin).
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merci pour l’appréciation. Faute corrigée 🙂
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Très belle participation pour ouvrir ce défi, merci beaucoup Christ’in ! Faire parler le vent est une bonne idée de départ que tu maintiens bien jusqu’au bout. J’ai lu ça comme un slam (j’avais presque la musique en tête) et vraiment je t’encourage à le proposer à un musicien/slameur. Il y a de belles sonorités. Le thème de la repentance est bien traité avec ce vent brisé dans son orgueil qui se retrouve à terre avant d’être relevé par grâce.
On perçoit un réel changement entre le vent guidé par lui-même et le vent guidé par l’esprit. L’opposition est très belle. Tu aurais peut-être pu apporter une petite nuance à la fin pour signaler que l’ancienne nature du vent était toujours là, agissante, malgré tout.
Seul petit défaut à retravailler, je remarque que chaque vers contient 25 syllabes, une telle régularité n’est pas vraiment utile car elle ne s’entend pas à l’oreille. J’aurais préféré des hexasyllabes sur la même base que l’affirmation de départ « J’étais le vent du nord », qui donne le rythme. D’autant plus que nous en retrouvons régulièrement dans le texte ! 😉
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merci David pour ton commentaire encourageant. Et merci aussi pour ce nouveau défi en hexasyllabes, que je vais tâcher de relever 😉
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Je me suis fait à peu de choses les mêmes remarques mais étant un lecteur récent j’ai préféré ne pas les formuler. À mon sens‚ cela n’enlève pas trop à la qualité de ce texte mais ajoute hélas un peu de lourdeur à un thème léger.
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voilà 🙂 défi relevé.
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Christ’in, j’admire réellement ta capacité à relever des défis avec autant de réussite ! La nouvelle proposition est, d’après moi, beaucoup plus légère, plus rythmée, plus puissante… comme le vent ! Je trouve aussi que la fin a plus d’impact. Un grand bravo !!
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