Par Jean Rhéaume, en réponse au défi d’écriture #13
Il priait, en marchant devant un hôpital.
Il ne s’attendait pas à un assaut brutal…
Il ventait. Il pleuvait. Un voyou le frappa.
Il tomba, se blessa. Irrésistible appât:
À l’instant les médias suivaient son sort, ses pas:
Allait-il riposter ? La foule s’attroupa…
L’assaut constituait un signal pour un plan :
Beaucoup d’autres vauriens joignirent le premier
Pour frapper et blesser, sous les grands badamiers,
Ce bon homme qui n’avait rien du Ku Klux Klan,
Mais combattait l’euthanasie, l’avortement,
En marchant, souriant, en priant dévotement…
Au son des sirènes, les agresseurs, d’un bond,
Disparurent tel un criminel vagabond…
Les gendarmes arrêtèrent notre blessé,
Puis ils l’accusèrent d’avoir troublé la paix !
Cherchant à comprendre ce qui lui échappait,
L’accusé protesta : « j’ai été agressé! »
Rien à faire, mon cher, on ne peut raisonner…
Le magistrat absent, il fut emprisonné ;
L’endroit froid et sombre vous ferait frissonner !
Prêt à pleurer, crier, il entendit sonner
Des cloches de laiton annoncer une Messe
Puis, tout près, une voix pleine de gentillesse.
« Ami, les disciples, tout comme leur maître
Doivent un peu souffrir, pour mériter le ciel.
Mon ami Judas fut, un soir, pour Moi un traître.
Mon cher Pierre a nié notre lien officiel,
Les autres s’enfuirent, sauf Jean, l’adolescent.
Le Sanhédrin m’accusa, se moqua de Moi;
Il fit crier « À mort ! À mort ! » causant l’émoi…
Pilate prit peur et condamna l’innocent,
En me faisant fouetter, insulter, crucifier.
Mais avec joie, amour, ma vie J’ai sacrifiée,
Car Je venais sauver tout homme et toute femme,
Et ces injustices faisaient partie du drame… »
« J’ai été humilié et J’ai souffert pour toi !
Alors réjouis-toi et, quand tu vois une croix,
Accepte de bon cœur moqueries et tourments,
Parodie de justice et tous les châtiments,
Car les injustices commises envers toi
Sont participation à celles de ton Roi. »
« Telle une fine pluie humectant le désert,
Le cœur des gens brûlé par tant de misères,
Ma Justice éteindra l’immense feu des vices,
Guérira insultes, coups et autres sévices. »
Dans son sombre cachot, le prisonnier sourit,
Malgré l’injustice et sa face endolorie :
Dans les mains du Sculpteur, je dois laisser l’Artiste
Couper ici et là, me tailler tel le schiste.
Sous notre firmament, l’injustice fleurit,
Mais l’âme peut être par son Sauveur nourrie
Et porter chaque jour la croix qu’Il nous envoie
Pour Le suivre, heureux, sur le Chemin, sa Voie…
Citerne lézardée, mon cœur, panier percé,
A besoin de l’Amour que Tu peux y verser.
Dans le ciel, au-delà des nuages épais,
Le Seigneur est notre justice et notre paix…