Babylone·Dimitri Plogrov·Théâtre

Dimitri Plogrov – Acte premier (4)

Acte Premier

Scène VI

PLOGROV – BAFANOV – YVONNICK*

YVONNICK

Vous m’avez appelée ?

PLOGROV

                                   Non. Qu’importe, venez.
Yvonnick, notre amie, nous vient de Douarnenez.

BAFANOV

Enchanté.

YVONNICK

                Moi de même.

BAFANOV

                                     De l’humide Bretagne
Elle vient respirer l’air chaud de nos campagnes.

YVONNICK

Je vous vois tous les deux déjà bien enivrés.
Je devrais m’éclipser.

BAFANOV

                              Nous en serions navrés.

YVONNICK

La fête est bonne ici. Ce n’est pas jour de jeûne.
Je veux en boire aussi.

PLOGROV

                                   Non point, tu es trop jeune.
Veux-tu de l’orangeade ou du sirop d’orgeat ?

YVONNICK

Breuvage de fillette ! Vous n’êtes qu’un goujat !

BAFANOV

Euh… comment trouvez-vous la vieille Syldurie ?

PLOGROV

Allons, ne le prends pas sur ce ton, ma chérie.

BAFANOV

Ma chérie ? Votre nièce ou quelque parenté ?

PLOGROV

Ma fiancée.

BAFANOV

                 Quoi ? Cette fille ?

PLOGROV

                                           En vérité.

YVONNICK

Sa fiancée. Alors ? Ça vous gêne, gros père ?

BAFANOV

Péronnelle insolente, en voilà des manières !

YVONNICK

Ce bedonnant partout fourrant son vilain nez !

BAFANOV

Bedonnant ! La chipie ! Je vais vous en donner !

PLOGROV

Espièglerie d’enfant, bagatelle, vétille.
Ne vous querellez plus, mon amour, sois gentille.
Ma belle, aie du respect pour ce ventre charnu.

BAFANOV

Ce visage, d’ailleurs, ne m’est pas inconnu.

PLOGROV

C’est la sœur de Nolwenn, Xanthia, si tu préfères.
On me l’a confiée ; je saurai bien qu’en faire.

BAFANOV

Quoi ? La sœur de Xanthia ?

PLOGROV

                                          Elle a de qui tenir.
Je ne regrette pas de l’avoir fait venir ;
Aussi dévergondée que Nolwenn, cette fille
Est perverse à souhait. C’est l’esprit de famille.
Sans plus tergiverser, je l’épouse à présent.

BAFANOV

Vous l’épousez ? Sérieux ? Elle est jeune.

PLOGROV

                                                              Quinze ans.
À servir mes projets n’est-elle disposée ?
Belle, devineresse, comme un serpent rusée.
Si je suis un prophète, elle est mon Aïcha,
Si je suis empereur, elle est Messalina.
Oui, je rebâtirai l’antique Babylone,
Elle en sera la reine, à son front la couronne.
Dans la Bible, il est dit : « la femme Jézabel. »
Elle l’incarnera, et le Dieu d’Israël,
Et le Dieu des chrétiens devra lutter contre elle.
Comme fut Jeanne d’Arc, indomptable pucelle…

BAFANOV

Pucelle est-elle encore ?

PLOGROV

                                   Pucelle elle n’est plus.

BAFANOV

Métaphore bancale.

PLOGROV

                             Mais je suis résolu
D’en faire mon émule, mon bras droit, ma complice.
Loin de nous la vertu, glorifions le vice !
Croyants, abandonnez vos vieux rêves pieux.
Aujourd’hui mon veau d’or détrône votre Dieu.

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© 2022 Lilianof

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