Babylone·Dimitri Plogrov·Théâtre

Dimitri Plogrov – Acte IV (2)

Deuxième tableau

Décor de l’Acte II. La construction de la Nouvelle Babylone est achevée.

Scène IV

PLOGROV — BAFANOV

(Bafanov apporte un colis.)

BAFANOV

Qu’il est lourd, ce colis !

PLOGROV

                                   Doucement ! C’est fragile.
Cadeau pour Yvonnick ; la rendre plus docile.

BAFANOV

Avez-vous un péché à faire pardonner ?

PLOGROV

Un aveu, et je crains qu’elle m’ait dans le nez.

BAFANOV

Trop gros pour un collier, trop lourd pour une bague,
Quel est donc ce bijou ? J’en ai quelque idée vague.
Présent qui s’offre seul à la reine des cieux.

PLOGROV

Ouvrez-le, ce paquet. Vous êtes curieux.

(Bafanov ouvre le colis.)

BAFANOV

Un vase !

PLOGROV

              C’est un Ming, valeur inestimable.
Tâchez d’en prendre soin, posez-le sur la table.
Avec ce beau papier enveloppez-le bien.

(Bafanov enveloppe le vase avec un papier-cadeau que lui donne Plogrov.)

Si vous l’égratignez je ne réponds de rien.

BAFANOV

Mais de ce récipient je ne comprends l’usage.
Elle a horreur des fleurs.

PLOGROV

                                     C’est un Ming.

BAFANOV

                                                           Bel ouvrage.

PLOGROV

Offrande bienvenue du président chinois.
Il ne m’a rien coûté.

BAFANOV

                             C’est un cadeau de roi.

PLOGROV

Il vaut une fortune et vous pouvez me croire.
Un Ming, un authentique, et huit cents ans d’histoire
Sur cette porcelaine auront marqué leur sceau.

BAFANOV

Un pot bien décoré.

PLOGROV

                              Un Ming ! Seriez-vous sot ?
Mais sortez, la voilà ! Je vous renvoie la belle
Après cette rencontre. Évitons les querelles.

BAFANOV

Querelles dites-vous ?

PLOGROV

                                   Je dois lui annoncer
Un imprévu dessein qui pourrait la blesser.

(Sort Bafanov. Entre Yvonnick.)

Scène V

PLOGROV — YVONNICK

YVONNICK

Ô témoins de Sion ! Que l’existence est brève !
Après ces beaux exploits offrons-nous une trêve.

Mais que vois-je ? Un cadeau fort bien mal ficelé.
Pour qui donc ce présent sans grâces emballé ?

PLOGROV

Ouvre-le, c’est pour toi ?

YVONNICK

                                     Mais mon anniversaire
Est passé de trois mois, oublié.

PLOGROV

                                               Pour te plaire
Il n’est de jour fixé par le calendrier.

YVONNICK

Que m’apportes-tu donc ?

PLOGROV

                                               Voudrais-tu parier ?

YVONNICK

Sur ma foi, je ne sais. Une robe ?

PLOGROV

                                                  Déballe.

YVONNICK

On dirait… Je ne sais… C’est dur et c’est ovale.

(Elle déballe le vase.)

Un vase ! Dimitri, tu sais que j’ai horreur
Des roses, des glaïeuls. Je déteste les fleurs.

PLOGROV

C’est un Ming.

YVONNICK

                        C’est un pot. Une idée bien étrange.
À présent, que veux-tu que j’en fasse, mon ange ?

PLOGROV

Un Ming, un vrai, sais-tu combien il m’a coûté ?

YVONNICK

Je ne veux le savoir.

PLOGROV

                               Très cher, en vérité,
Mais la tradition ne veut pas qu’on le dise.
Yvonnick, j’ai voulu t’en faire la surprise.

YVONNICK

Et je te remercie pour ton intention,

(baiser)

Mais il ne fallait pas ruiner la nation.
Un vase Wang ! Allons, c’est une riche idée !
Pour le remplir, j’achèterai des orchidées.
Là, sur ce guéridon, qu’on le mette en valeur.

PLOGROV

De la valeur il a. C’est un Ming, mon doux cœur.

YVONNICK

Mais il est déjà tard. Je me sauve au plus vite
Car Bafanov m’attend. Il faut que je te quitte.
Et d’ailleurs, j’aperçois Rebecca, ton agent.

PLOGROV

Esther, pour son rapport. C’est mon nouveau sergent.

(Sort Yvonnick. Entre Esther, en uniforme. Ils s’embrassent comme des amoureux.)

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