Deuxième tableau
Décor de l’Acte II. La construction de la Nouvelle Babylone est achevée.
Scène IV
PLOGROV — BAFANOV
(Bafanov apporte un colis.)
BAFANOV
Qu’il est lourd, ce colis !
PLOGROV
Doucement ! C’est fragile.
Cadeau pour Yvonnick ; la rendre plus docile.
BAFANOV
Avez-vous un péché à faire pardonner ?
PLOGROV
Un aveu, et je crains qu’elle m’ait dans le nez.
BAFANOV
Trop gros pour un collier, trop lourd pour une bague,
Quel est donc ce bijou ? J’en ai quelque idée vague.
Présent qui s’offre seul à la reine des cieux.
PLOGROV
Ouvrez-le, ce paquet. Vous êtes curieux.
(Bafanov ouvre le colis.)
BAFANOV
Un vase !
PLOGROV
C’est un Ming, valeur inestimable.
Tâchez d’en prendre soin, posez-le sur la table.
Avec ce beau papier enveloppez-le bien.
(Bafanov enveloppe le vase avec un papier-cadeau que lui donne Plogrov.)
Si vous l’égratignez je ne réponds de rien.
BAFANOV
Mais de ce récipient je ne comprends l’usage.
Elle a horreur des fleurs.
PLOGROV
C’est un Ming.
BAFANOV
Bel ouvrage.
PLOGROV
Offrande bienvenue du président chinois.
Il ne m’a rien coûté.
BAFANOV
C’est un cadeau de roi.
PLOGROV
Il vaut une fortune et vous pouvez me croire.
Un Ming, un authentique, et huit cents ans d’histoire
Sur cette porcelaine auront marqué leur sceau.
BAFANOV
Un pot bien décoré.
PLOGROV
Un Ming ! Seriez-vous sot ?
Mais sortez, la voilà ! Je vous renvoie la belle
Après cette rencontre. Évitons les querelles.
BAFANOV
Querelles dites-vous ?
PLOGROV
Je dois lui annoncer
Un imprévu dessein qui pourrait la blesser.
(Sort Bafanov. Entre Yvonnick.)
Scène V
PLOGROV — YVONNICK
YVONNICK
Ô témoins de Sion ! Que l’existence est brève !
Après ces beaux exploits offrons-nous une trêve.
Mais que vois-je ? Un cadeau fort bien mal ficelé.
Pour qui donc ce présent sans grâces emballé ?
PLOGROV
Ouvre-le, c’est pour toi ?
YVONNICK
Mais mon anniversaire
Est passé de trois mois, oublié.
PLOGROV
Pour te plaire
Il n’est de jour fixé par le calendrier.
YVONNICK
Que m’apportes-tu donc ?
PLOGROV
Voudrais-tu parier ?
YVONNICK
Sur ma foi, je ne sais. Une robe ?
PLOGROV
Déballe.
YVONNICK
On dirait… Je ne sais… C’est dur et c’est ovale.
(Elle déballe le vase.)
Un vase ! Dimitri, tu sais que j’ai horreur
Des roses, des glaïeuls. Je déteste les fleurs.
PLOGROV
C’est un Ming.
YVONNICK
C’est un pot. Une idée bien étrange.
À présent, que veux-tu que j’en fasse, mon ange ?
PLOGROV
Un Ming, un vrai, sais-tu combien il m’a coûté ?
YVONNICK
Je ne veux le savoir.
PLOGROV
Très cher, en vérité,
Mais la tradition ne veut pas qu’on le dise.
Yvonnick, j’ai voulu t’en faire la surprise.
YVONNICK
Et je te remercie pour ton intention,
(baiser)
Mais il ne fallait pas ruiner la nation.
Un vase Wang ! Allons, c’est une riche idée !
Pour le remplir, j’achèterai des orchidées.
Là, sur ce guéridon, qu’on le mette en valeur.
PLOGROV
De la valeur il a. C’est un Ming, mon doux cœur.
YVONNICK
Mais il est déjà tard. Je me sauve au plus vite
Car Bafanov m’attend. Il faut que je te quitte.
Et d’ailleurs, j’aperçois Rebecca, ton agent.
PLOGROV
Esther, pour son rapport. C’est mon nouveau sergent.
(Sort Yvonnick. Entre Esther, en uniforme. Ils s’embrassent comme des amoureux.)
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