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Défi d’écriture #25 : en hommage aux arbres

Deux arbres sont morts récemment.

Le premier, le Sycamore Gap Tree, était un érable sycomore situé à côté du mur d’Hadrien dans le parc national du Northumberland, au nord de l’Angleterre. C’était un arbre emblématique, l’un des plus photographiés du pays.

Photo panorama du Sycamore Gap en Angleterre dans le Northumberland, image Wikipédia

Il est abattu à la tronçonneuse à la base du tronc le 28 septembre 2023, à la suite d’un acte délibéré de vandalisme.

Les officiers de police regardent le Sycamore Gap abattu à côté du mur d’Hadrien (Owen Humphreys)

Le deuxième, le Hêtre de Ponthus, était un hêtre remarquable situé dans la Forêt de Brocéliande, en Bretagne. Il devait son nom à la légende de Ponthus et Sidoine.

Le hêtre de Ponthus, Philippe Manguin Photographies

Après une vie de plus de 300 ans, il est abattu par la tempête Ciarán dans la nuit du 1er au 2 novembre 2023.

Le hêtre de Ponthus, déraciné après le passage de la tempête Ciaran, Damien Meyer

Devant la chute de ces géants, les hommes pleurent, les poètes saignent.

Cela me fait penser à l’arbre favori de Tolkien, un pin noir (pinus nigra) planté en 1800. Tolkien était particulièrement attaché aux arbres :

J’aime (manifestement) beaucoup les plantes, et par-dessus tout les arbres, et il en a toujours été ainsi ; et j’ai autant de mal à supporter les mauvais traitements que leur font subir les humains que d’autres les mauvais traitements subis par les animaux. [1]

L’arbre favori de Tolkien, en 2009, Oxford Botanical Garden, Jim Linwood

Tolkien aimait les arbres, en particulier ce pin noir du Jardin Botanique d’Oxford. Son petit-fils Michael a pris la dernière photo connue de lui avec cet arbre.

Le 26 juillet 2014, le pin noir de Tolkien laisse tomber deux grosses branches par une journée calme et ensoleillée. L’arbre sera abattu peu après pour des raisons de sécurité.

Dans un poème peu connu, L’avenir de la Forêt, C.S Lewis s’interroge sur l’urbanisation massive de son pays :

Que sera la légende de l’Âge des arbres
Quand le dernier mourra en Angleterre ? [….]
Les enfants, curieux : « Qu’est-ce qu’un châtaignier ?
Que signifie grimper un haricot magique ?
Raconte moi, grand-père, ce que sont les ormes
Et l’automne ? Ils ne nous l’ont jamais enseigné. [2]

L’arbre est poésie. Il porte en lui des histoires et la puissance de l’Eden. Il ne cache pas la forêt, il la raconte, à travers les creux et les lignes de son écorce. De lui, d’ailleurs, vient le papier…

Il est grand temps pour nous de leur rendre hommage.

Défi d’écriture #25 : écris un texte (courte nouvelle ou poème) dont le personnage principal est un arbre.

Publication (plusieurs possibilités) :
– sur vos blogs en mettant un lien vers cet article,
– en envoyant vos textes à plumeschretiennes@gmail.com (publication en tant qu’auteur invité),
– directement ici pour les auteurs du site,
– sur notre groupe Facebook Ecrire en tant que chrétien

Fin : mi-avril

Récompenses : trois participants tirés au sort recevront en cadeau le prochain livre de Plumes Editions au format papier (sortie prévue mi-mars).

A vos plumes ! Bonne écriture (sous un arbre, pourquoi pas…) !

Lire les participations : #arbres

Morceaux poétiques choisis

Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas :
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des Nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?
Pierre de Ronsard, Contre les bûcherons de la forêt de Gastine

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
François-René de Chateaubriand, La forêt

Arbres de la forêt, vous connaissez mon âme !
Au gré des envieux, la foule loue et blâme ;
Vous me connaissez, vous ! – vous m’avez vu souvent,
Seul dans vos profondeurs, regardant et rêvant.
Victor Hugo, Aux arbres

Voilà ce chêne solitaire
Dont le rocher s’est couronné,
Parlez à ce tronc séculaire,
Demandez comment il est né.
Lamartine, Le chêne

Le banyan tire. Ce géant ici, comme son frère de l’Inde, ne va pas ressaisir la terre avec ses mains, mais, se dressant d’un tour d’épaule, il emporte au ciel ses racines comme des paquets de chaînes. À peine le tronc s’est-il élevé de quelques pieds au-dessus du sol qu’il écarte laborieusement ses membres, comme un bras qui tire avant le faisceau de cordes qu’il a empoigné.
Paul Claudel, Le banyan

En musique


[1] Tolkien J.R.R., Lettres, Paris, Christian Bourgois, 2005, p. 312, lettre n° 165 à la Houghton Mifflin Company. (« I am (obviously) much in love with plants and above all trees, and always have been; and I find human maltreatment of them as hard to bear as some find ill-treatment of animals. »)

[2] Lewis C.S, The Future Of Forestry, in The Oxford Magazine, Février 1938