En réponse au défi d’écriture N°27
Sa flèche se dresse majestueusement au loin, semblant dominer toute la plaine, une espèce de joie intérieure me saisit, je sais que nous sommes bientôt arrivés.
Blomblomblomblom, le bruit inimitable des pavés sous les roues m’émerge de ma torpeur. Nous sortons de cette vieille « trac » un peu ivres du « mal de l’auto », vite oublié par ce sentiment inexplicable et unique que je retrouve dans cette ville, ma ville natale.
Cet après-midi, échappée en tram, car nous sommes en banlieue, (je parle des anciens trams, ceux qui ont été détruits, pour lesquels on a ôté les rails, puis reconstruits 30 ans après, comme s’il s’agissait d’une découverte extraordinaire…), arrêt place Gutenberg et sa statue surplombant l’endroit, entourée de ses vieux bâtiments aux magnifiques arcades, et Gutenberg interpelant inlassablement les passants indifférents de son message biblique « Et la lumière fut », les incitant à lire la suite.
On s’engouffre rue mercière, bordée de ses maisons à colombages, et voilà l’imposante cathédrale, qui semble nous barrer le chemin et nous dire : « Vous ne passerez pas sans m’avoir visitée ! » Comment la décrire, elle me donne un peu le vertige, des scènes scandaleuses mélangées à celles des évangiles illustrent le portail aux nombreuses sculptures, seuls les connaisseurs pourront vous les conter (1.). Impossible de brosser tous ces détails chargés d’histoire, la rosace, l’orgue, le pilier des anges, l’horloge astronomique, le chien de Geiler, qui attend le retour de son maître ou Maître ? J’en ressors un peu étourdie par tant de richesse architecturale et triste que ce lieu qui devrait être rempli de ses fidèles adorant Dieu, soit devenu si touristique, pourtant je me suis laissé happer par ce flot.
Au retour, la maison Kammerzell parait nous dire « et moi vous m’ignorez ? » archétype de la maison alsacienne à colombages du XVIe siècle, son restaurant gastronomique est réputé pour sa bonne choucroute garnie, mais nous nous contenterons de prendre une glace à la terrasse du Magmod, (diminutif de magasin moderne), aujourd’hui renommé Galeries Lafayette, nous permettant d’avoir une vue panoramique sur la ville et de nous oxygéner un peu.
A présent, un petit tour en bateau mouche, j’y entends parler toutes sortes de langues, du chinois, de l’anglais, du russe, tiens du français et j’ai même cru entendre parler…alsacien ! nous traversons la Petite France, passage emblématique, dont les magnifiques maisons à colombages, aux balcons ornés de géraniums rouges, datent des XVIe et XVIIe siècles. Ce quartier si pittoresque nous fait presque oublier « qu’en 1492 les marins espagnols et italiens reviennent en Europe avec un beau cadeau : une épidémie (et c’était pas le Covid) ! À l’époque, on l’appelle la grande vérole, mais en réalité, c’était la syphilis. La maladie, inconnue à cette époque, se fait baptiser par les Français “le mal de Naples”, les Anglais, eux, parlaient de French pox (petite vérole). Pour les Polonais, la maladie était allemande, mais elle était polonaise selon les Russes… Oui, il y a de quoi s’y perdre. Mais nous sommes dans la capitale de l’Europe pas vrai ? N’oublions pas qu’à ce moment, Strasbourg n’était pas française mais appartenait au Saint-Empire romain germanique jusqu’en en 1681. Ceux qui étaient ainsi atteints du “mal français“, et qu’on appelait les Franzose, étaient rassemblés et “soignés” dans un même bâtiment : l’Hospice des Vérolés.Et les Strasbourgeois le surnommèrent ironiquement : « Petite France », référence cocasse au mal français ! Chemin faisant, le surnom est resté pour l’ensemble du quartier.» Extrait d’un article publié par Samuel Compion.
Nous passons par le barrage Vauban, appelé la grande écluse de fortification, je révise mon histoire durant cette belle balade sur l’eau !
Nous terminons notre petite croisière en passant devant le parlement européen dont l’édifice semble fortement inspiré de la tour de Babel de Brueghel ! Cette modernité soudaine devient presque oppressante après ce défilé de bâtiments anciens. Derrière cette enceinte de baies vitrées qui se veulent transparentes, se prennent des décisions que nous ignorons. Pas fâchée que ce soit la dernière étape et nous retournons vers mon vieux Strasbourg.
Un détour par l’Orangerie, nous emmène vers ce parc incontournable des promeneurs de tous âges, dont les orangers ont subi quelques déboires au fil des siècles, jusqu’à leur disparition totale, puis replantation de 20 pots en 2020, elle porte aujourd’hui bien son nom. Le pavillon inauguré en 1809 en présence de l’impératrice Joséphine, avait été conçu pour héberger la famille impériale pendant les campagnes d’Allemagne, puis détruit en 1968 par l’incendie qui consumait également les orangers qu’il abritait en hiver. Reconstruit à l’identique, il sert aujourd’hui de lieu de festivités multiethniques. Les symboliques cigognes d’Alsace qui annoncent le printemps, y font leur apparition dès le mois de février et réjouissent les habitants. Mais, la Gaenselisel (Lison à l’oie) semble plus gênée des fientes et photos qui la bombardent, que par l’oie qui tire le pan de sa robe. Que j’aime cette belle statue de bronze, jaillissant de son parterre fleuri, je la photographie à mon tour !
Comment évoquer Strasbourg sans parler du marché de Noël, hélas mondialement connu, baptisé capitale de Noël depuis 1992. Malgré moi, je m’y laisse entrainer, pour y voir sourire mes petits-enfants tant qu’il y restera un peu de cette magie dans leur cœur, avec l’immense sapin décoré et toutes ces lumières qui illuminent leurs visages si innocents ! Dans cette foule qui se presse derrière les chalets, je repense au marché de mon enfance. Pour moi cela restera le « Chrìstkìndelsmärik », le marché de l’enfant Jésus , celui qui marque et rappelle la naissance de Christ notre Sauveur et que l’on veut désespérément rayer de nos mémoires.





Strasbourg, c’est une chasse aux trésors, une histoire sans fin où même les plus anciens pourront encore y découvrir un joyau caché.

Strasbourg, une ville vraiment magnifique, mais il y a bien longtemps que je n’y suis plus allé.
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Oui, et je me suis régalée en m’y replongeant pour la raconter !
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Jolie balade, merci beaucoup pour la visite !
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