Prose·Récits, dialogues

Au cœur du feu

Un récit d’Ashpenaz, chef eunuque de Nebucadnetsar.

Le soleil la fait briller de mille feux !
Elle est grandiose, splendide et merveilleuse de beauté.
La cérémonie s’annonce fastueuse et à nulle autre pareille.
Le roi a vu les choses en grand.
Il a invité tous les administrateurs, les intendants, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les juges, les dirigeants des provinces.
Bienvenue à la très solennelle inauguration de la statue en or ! On peut dire qu’il n’a pas lésiné sur la quantité d’or utilisée pour la façonner. Trente mètres de haut et trois de large !
Le roi a également bien choisi le lieu pour manifester sa puissance et son pouvoir !
Tous ses dignitaires se tiennent face à la statue.

Dans la plaine de la Doura, une multitude est assemblée ; chacun peut voir la statue majestueuse qui surplombe la vaste étendue ! Ils sont tous là : les sujets de Nabuchodonosor, mais aussi tous ceux qu’il a soumis lors de ses conquêtes. Et aujourd’hui encore, il veut asseoir son autorité et manifester sa toute-puissance sur l’ensemble de ces personnes rassemblées.

Je vois tous ces gens depuis l’estrade surélevée où le roi siège sur son trône. Il est vêtu de ses plus riches habits et entouré de ses plus proches conseillers. Moi-même, en tant que chef du personnel, je me tiens à côté de lui.

Enfin, les trompettes résonnent ! La cérémonie commence. Le silence se fait…

Un officier-chantre proclame alors à voix haute :

« À vous, hommes de tous peuples, nations et langues, on vous fait savoir qu’au moment où vous entendrez le son du cor, du fifre, de la cithare, de la lyre, de la harpe, de la flûte et de toutes sortes d’instruments de musique, vous vous prosternerez devant la statue d’or que le roi Nabuchodonosor a fait ériger, et vous l’adorerez. Celui qui refusera de se prosterner devant elle et de l’adorer sera jeté aussitôt dans la fournaise où brûle un feu ardent. »

J’en ai des frissons !
Avec une telle menace, je ne vois pas qui aurait le courage de désobéir au roi ! Tout le monde connaît l’énorme four qui est constamment alimenté pour la cuisson des briques. Personne ne veut se retrouver dans cette fosse embrasée.
Je retiens mon souffle… c’est un moment tellement exceptionnel… le roi arrive au summum de sa gloire et une toute petite partie de celle-ci retombe sur moi qui suis son très proche collaborateur.
Les instruments de musique résonnent : les cors, les fifres, les cithares, les lyres, les harpes, les flûtes… c’est un moment suspendu, hors du temps.
Les corps s’inclinent dans un bel ensemble, la foule dans la plaine de la Doura ondule comme un énorme champ de blé sous le vent…
C’est magnifique à voir !
Tous se prosternent et adorent la statue en or du roi Nabuchodonosor…
Tous ?

Non !
Je vois trois têtes dépasser là-bas dans le groupe des notables !
Oh ! mais je les reconnais…
Ce sont Shadrac, Méshac et Abed-Négo, les trois administrateurs de la province de Babylone.
J’espère que le roi ne voit pas ce que je vois !
Mais pourquoi est-ce que cela ne m’étonne pas vraiment ?
Je les connais bien, ces trois Juifs, car j’ai eu affaire à eux du temps où j’étais tout jeune chef du personnel du roi.
Ils sont arrivés ici en captivité après la victoire de Nabuchodonosor sur Jérusalem, après un très long siège. Le roi a pour habitude de déporter vers Babylone les meilleurs éléments des nations qu’il soumet. Il puise dans le vivier de leur future élite pour trouver les éléments prometteurs qui formeront sa propre administration. Il m’avait demandé de choisir parmi les déportés israélites quelques jeunes hommes d’exception, de lignée royale ou issus de familles nobles, qui étaient destinés à exercer de hautes fonctions à Jérusalem et en Juda. J’ai moi-même accueilli ces adolescents de l’élite juive pour trois années de formation en vue de sélectionner les meilleurs par la suite pour le service du roi.
Celui-ci était d’une exigence redoutable !
Ces jeunes devaient être parfaits dans tous les domaines ! Beaux physiquement, vigoureux, instruits, doués de qualités intellectuelles et de sagesse dans tous les domaines, capables d’apprendre la science, la langue et la littérature des Chaldéens !
Pour les couper de leurs racines, nous avons commencé par les dépouiller de leurs noms hébreux pour leur donner des noms faisant référence à nos dieux. Puis ils devaient suivre avec rigueur les habitudes alimentaires que le roi leur imposait.
Oh oui, c’est à cause de cela que je me souviens de ces quatre-là…

Oh ! tiens donc ! Ils ne sont que trois aujourd’hui !
Mais où est le quatrième, Daniel, nommé Belshatsar ?
C’était lui le meneur de ce petit groupe.
Ces quatre n’ont jamais rien fait comme les autres… Ils m’ont supplié de ne pas les obliger à manger la viande et à boire le vin de la table du roi, car cela les rendait impurs vis-à-vis de leur Dieu. En effet, les viandes et les vins de la table du roi étaient des offrandes sacrifiées à nos dieux.
Ces jeunes m’étaient sympathiques et j’admirais leur fidélité à leur Dieu et leur courage à tenir tête au plus puissant roi de la terre. Mais si j’accédais à leur demande, je risquais mon poste et probablement aussi ma peau, car Nabuchodonosor ne faisait pas dans la dentelle en cas de désobéissance. Ces jeunes étaient très résolus et je ne voulais pas non plus qu’ils fassent une grève de la faim !

Quel dilemme ! Leur insistance nous a forcés, l’intendant et moi-même, à trouver une solution. Ils nous ont proposé un compromis : une période d’essai de dix jours ! Dix jours au régime légumes et eau, puis comparer leur mine à celle de tous les autres. J’ai bien dû admettre qu’au bout de dix jours, ils avaient bien meilleure mine et avaient pris plus de poids que tous les jeunes gens qui mangeaient les repas prescrits par le roi.
Alors je me suis laissé fléchir… et je ne l’ai jamais regretté !

Au bout de leurs trois ans de formation, je les ai présentés au roi qui s’est longuement entretenu avec eux. Il m’a félicité car il les a trouvés supérieurs à tous les autres ! Il n’a pas hésité un instant à les prendre à son service personnel et à les promouvoir aux plus hautes fonctions du royaume. Il les consultait pour toutes les questions qui exigeaient de la sagesse et du discernement !
Il ne cessait de répéter qu’ils étaient dix fois supérieurs à tous les conseillers, mages et devins de tout son royaume ! Et cela s’est avéré juste, surtout pour Daniel, qui a su révéler au roi le rêve de la statue brisée ainsi que son interprétation, sauvant ainsi d’une mort certaine tous les devins et sages du royaume.
Et je me rends compte aujourd’hui que, malgré leurs fonctions haut placées, leurs convictions n’ont pas changé ! Ils refusent toujours de se soumettre à un autre dieu que celui de leurs ancêtres ! Leur volonté d’être fidèle au Dieu des Israélites est intacte.

Plongé dans mes réflexions, je ne remarque pas tout de suite l’agitation qui règne autour du roi. Celui-ci n’avait pas remarqué que les trois amis avaient refusé de se prosterner devant la statue, mais cela n’a pas échappé aux autres notables qui se sont empressés d’envoyer une délégation à Nabuchodonosor pour l’en informer et accuser les trois Juifs.

« Roi, puisses-tu vivre toujours ! D’après l’ordre que tu as toi-même donné, tous ceux qui entendaient le son de la trompette, de la flûte, de la guitare, de la petite et de la grande harpe, de la cornemuse et des instruments de toute sorte devaient se prosterner et adorer la statue en or. D’après le même ordre, si quelqu’un ne se prosternait pas pour adorer la statue, il devait être jeté au milieu d’une fournaise ardente. Or, il y a des Juifs à qui tu as confié l’administration de la province de Babylone : Shadrak, Méshak et Abed-Nego. Ces hommes ne tiennent aucun compte de ton ordre, roi. Ils ne servent pas tes dieux et n’adorent pas la statue en or que tu as dressée. »

Ah ! ils profitent bien de la situation, ceux-là !
Je ne suis pas sûr du tout que ce soit leur indignation devant ce comportement rebelle et leur loyauté pour le roi qui motivent leur démarche. Je pense plutôt que leur jalousie les pousse à profiter de cette situation pour, enfin, prendre en défaut ceux qui occupent des postes qu’ils ont eux-mêmes convoités.
N’empêche qu’ils atteignent leur but !
Nabuchodonosor entre dans une colère terrible. Il est hors de lui, furieux qu’on ait osé bafouer son autorité. Il convoque sur-le-champ Shadrac, Méshac et Abed-Négo.

Les trois hommes sont donc amenés devant lui :

« Est-il vrai, Shadrak, Méshak et Abed-Nego, que vous ne servez pas mes dieux et que vous n’adorerez pas la statue en or que j’ai dressée ? Maintenant, tenez-vous prêts et, au moment où vous entendrez le son de la trompette, de la flûte, de la guitare, de la petite et de la grande harpe, de la cornemuse et des instruments de toute sorte, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue que j’ai faite. Si vous ne l’adorez pas, vous serez immédiatement jetés au milieu d’une fournaise ardente. Quel est le dieu qui pourra alors vous délivrer de mon pouvoir ? »

Je suis étonné par le comportement du roi… Ce n’est vraiment pas dans sa nature de laisser une deuxième chance à des sujets rebelles ! Je le soupçonne de beaucoup apprécier ces garçons et de vouloir les sauver de la punition de la fournaise. Je sais qu’il a beaucoup d’estime et d’admiration pour eux et pour leurs compétences dans les domaines où ils travaillent. En tout cas, Babylone est admirablement gérée ; les affaires prospèrent.
Il leur laisse un droit de réponse… c’est bien étonnant ! Avec d’autres, il n’aurait pas tergiversé et il les aurait fait exécuter sur-le-champ !

Il écoute leurs explications bien fermes et même très audacieuses :

« Nous n’avons pas besoin de te répondre là-dessus. La vraie question n’est pas de savoir si nous sommes prêts à faire ce que le roi demande, car quoi qu’il en coûte, nous ne le ferons pas, mais de savoir si notre Dieu est capable de nous délivrer s’il le veut, et nous croyons qu’il l’est. »

Ah ! il faut oser !
Le visage du roi change de couleur, il rougit, son cou gonfle…
Il a du mal à respirer…
Je me précipite vers lui…
Je crois qu’il va étouffer !
Il n’a jamais vécu un tel affront ! Il hurle l’ordre de chauffer au maximum la fournaise et ordonne à quelques soldats particulièrement forts de son armée d’attacher Shadrak, Méshak et Abed-Négo et de les jeter dans le feu.
Ces derniers se laissent ficeler tout habillés, sans résistance, sans un geste de défense, sans cris ni supplications.
Je ne peux qu’admirer leur dignité. Leur Dieu vaut-il vraiment cette fidélité et cette confiance quoi qu’il leur en coûte ? Ils sont si sereins face à une mort certaine ! Et si sûrs d’eux quand ils disent que leur Dieu est capable de venir à leur secours dans cette situation pourtant sans issue.
Pourquoi se mettre en danger pour un simple genou plié devant une statue ?
Ils ont pourtant tout ce que la majorité des hommes désirent : une situation enviable, une réputation qui dépasse Babylone, la confiance du roi et son admiration pour leur travail. Peut-on sacrifier tout cela à son Dieu ? Cela me dépasse ! Ce n’est pas mon attachement à Mardouk qui m’inciterait à quitter ma haute fonction de chef du personnel.

Les soldats les emmènent vers le four à briques qui a été alimenté au maximum. Ils n’ont pas besoin de les traîner ou les porter comme j’ai vu faire dans d’autres situations de punition par le feu. Ils marchent calmement. Je ne suis pas le seul à éprouver ce sentiment de respect pour eux. La foule est devenue silencieuse et se fend sur leur passage. Je vois tout cela, debout à côté du roi qui observe la scène, assis sur son trône sur l’estrade surélevée, entouré de ses plus proches conseillers.

Les soldats et les trois Juifs s’approchent seuls du four car la chaleur est insoutenable pour ceux qui vont trop près. Je me dis qu’ils ne vont pas souffrir… leurs vêtements vont s’enflammer sur-le-champ et ils seront morts avant de tomber au fond de la fosse d’où jaillissent d’énormes flammes. Les soldats les empoignent et les jettent dans le feu. Ce sera leur dernier geste… car ils tombent au sol, morts, la chaleur du four surchauffé les a terrassés.

C’est fini.
Il n’y a plus rien à voir !
La foule fait demi-tour en silence.

Le roi a l’air pensif.
Soudain, il agrippe mon bras. Il est agité… il me montre le four en gesticulant. Je ne vois pas ce qui peut le mettre dans un état pareil ! Il pâlit et semble très effrayé. Il se lève et nous dit avec difficulté, en bégayant presque :
« Ce sont… ce sont bien trois… trois hommes ligotés qui ont été jetés dans le feu ? »
L’événement semble l’avoir vraiment affecté. Pourtant, il a la réputation d’être cruel et sans pitié. Il devait beaucoup apprécier Shadrak, Méshac et Abed-Négo pour être aussi perturbé. Il nous regarde tous, agite à nouveau ses mains dans la direction du four.
« Mais… mais alors pourquoi… pourquoi je vois quatre hommes, quatre hommes libres, sans liens et sans blessures qui marchent au milieu du feu ? Regardez le quatrième… le quatrième ressemble à un fils des dieux ! »

Voilà que le roi a des hallucinations ! Il doit avoir bien mauvaise conscience pour se mettre dans cet état-là !
Il se précipite vers le four.
Nous n’avons pas pu le retenir… Nous le suivons et ne pouvons que constater qu’il a bien raison ! Nabuchodonosor se penche autant qu’il peut sans se mettre en danger et crie :
« Shadrak, Méshak et Abed-Négo, serviteurs du Dieu très-haut, sortez et venez ! »

Shadrak, Méshak et Abed-Négo sortent alors du milieu du feu.
C’est magnifique à voir !
Tous, les administrateurs, les intendants, les gouverneurs, les conseillers, les trésoriers, les juges, les dirigeants des provinces se rassemblent autour du roi. Et nous pouvons tous constater que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n’avaient pas brûlé, que leurs habits ne sont pas abîmés et qu’ils ne sentent même pas le feu. Chacun veut les toucher pour s’assurer que ce ne sont pas des esprits mais bien des hommes en chair et en os !

Le roi déclare alors :

« Béni soit le Dieu de Shadrak, de Méshak et d’Abed-Nego ! Il a envoyé son ange et a délivré ses serviteurs qui ont placé leur confiance en lui. Ils n’ont pas hésité à enfreindre l’ordre du roi et à risquer leur vie plutôt que de servir et d’adorer un autre dieu que leur Dieu ! Voici maintenant l’ordre que je donne : si quelqu’un, quels que soient son peuple, sa nation et sa langue, parle de façon légère du Dieu de Shadrak, de Méshak et d’Abed-Nego, il sera mis en pièces et sa maison sera transformée en un tas de décombres. En effet, il n’y a aucun autre dieu capable de délivrer comme lui. »

Ça alors ! Il reconnaît que le Dieu des Juifs est plus puissant que nos dieux ? Que Mardouk, Ishtar et tous les autres que nous vénérons et adorons depuis la nuit des temps ? Tous, dans son entourage, sont surpris par une telle déclaration ! Certes, il a par le passé souvent récupéré et assimilé les dieux des peuples vaincus et soumis à notre culture religieuse, mais il n’est jamais allé aussi loin dans ses propos ! Même pas lorsque Daniel avait réussi à deviner son rêve de la statue brisée et à le lui expliquer. À l’époque, il avait attribué les dons de Daniel au fait que son Dieu l’avait aidé. Il avait déclaré :
« C’est certain, c’est votre Dieu qui est le Dieu des dieux et le Seigneur des rois, et il dévoile les secrets, puisque tu as pu dévoiler celui-ci. »

Connaissant bien Nabuchodonosor, je me demande si la raison de ce décret n’est pas liée à une grande peur qu’il éprouve à l’égard du Dieu des Juifs. Il ne veut peut-être pas courir le risque de lui déplaire… au cas où ! C’est comme s’il mettait tout en œuvre pour se ménager les faveurs d’un dieu si puissant !

En tout cas, moi, je me pose beaucoup de questions depuis cet événement.
Je découvre une autre forme d’adoration que celle que j’ai toujours connue à Babylone. Ces hommes croient vraiment que leur Dieu est vivant, qu’il s’intéresse à eux et qu’il les rejoint même dans un four surchauffé dans lequel aucune survie n’est possible…

Mardouk n’a jamais bougé de son piédestal, n’a jamais sauvé quiconque malgré toutes les prosternations, les prières, les scarifications et autres processions.
Aucun Babylonien n’a jamais mis sa vie en jeu par loyauté envers ses dieux.
Si des Juifs sont capables de mourir pour rester fidèles à leur Dieu, c’est qu’il doit en valoir le coup.
Après tout, il est peut-être vivant comme ils l’affirment. Ils n’ont pas besoin de statues pour l’adorer et lui parler.
Oui, oui, ils lui parlent comme je vous parle.
J’ai été longtemps intrigué par les va-et-vient de Daniel plusieurs fois par jour. Cinq fois exactement ! Un jour, je l’ai suivi. Il montait dans la chambre tout en haut de sa maison, chambre dont les fenêtres sont orientées vers Jérusalem. Par ces fenêtres ouvertes, je l’ai entendu prier et louer son Dieu qui semblait être comme un proche. Il lui disait ce qui n’allait pas, qu’il l’aimait malgré les difficultés, lui demandait conseil pour son travail, le remerciait pour son aide et surtout il lui disait qu’il est grand et magnifique, glorieux et tout-puissant et qu’il voulait le louer pour toujours.

C’est en fait ce jour-là que j’ai commencé à me poser des questions et à m’intéresser à ce Dieu ; puis, avec le temps, j’ai oublié. Mais aujourd’hui, je me dis que je dois essayer de creuser la question, non pas parce que le roi l’a ordonné par décret, mais parce que j’ai envie de connaître ce Dieu qui sauve ceux qui le suivent fidèlement.
Car s’il est capable de se manifester comme il l’a fait au milieu du feu, il doit aussi être capable de me montrer qu’il est vivant !

Sylvie

Série « Confidences »- Des personnages bibliques nous livrent leur point de vue…

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