Chaque été, je faisais la quête au vent, à la poussière et aux roches.
Je faisais la quête au bruit des vagues, à la douceur des dunes et même au firmament …
Chaque été, inexorablement …
J’étais toute petite, je sais et pardonnée de creuser dans le sable jusqu’à l’épuisement ….
Je cherche encore désormais, les mots dans la tempête…
Les mots d’un au-delà qui commence il y a longtemps…
Les mots de cette quête…
Ne vous y trompez pas !
Cette femme que je vois là, gisant comme un cadavre solitaire, cette femme est vivante, je le sais, je le sens et réduite au sommeil pour ne pas me surprendre.
Elle s’est mise en veille, celle qui n’a jamais veillé aucune de mes nuits, aucune de mes fièvres, aucun de mes soupirs…
Elle ne connait de moi que mon tout premier cri et le prénom qu’elle m’a choisi…
Maman, je me mens depuis si longtemps en inventant ton grand mystère….
Je t’ai cherché partout et j’en chavire encore.
C’est une perte étrange que je vais te narrer.
Une goutte dans l’océan, un grain de sable, là, sous mes pieds, sous les tiens peut-être aussi …
Une impossibilité envahissante…
Chercher.
Te chercher.
Imaginer sans fin une icône pleine d’embruns et de sel.
S’éveiller au rêve pour aller plus loin que l’horizon fugace.
S’accrocher à la plage.
Arpenter.
Croire.
Espérer.
Revenir.
Inventer…
Je me souviens, nous montions dans la voiture en famille et roulions calmement quelques longues heures. Arrivée au village j’avais le droit de courir pieds nus dans le sable chaud de la plage. Je dévalais les pentes. Je te cherchais maman, je voulais te surprendre, te trouver allongée, reposée, presque endormie peut-être, rêvant de recoudre ce déchirement, de dénouer cette douleur, d’entendre dans ta bouche ce prénom que tu m’avais offert comme un coquillage, ce prénom que je répétais en silence comme un clapotis, comme le bruit d’une vague qui claque et qui dévale tout le corps, comme une attente…
Ni plus ni moins et sans mystère, c’est certain, je te vois allongée, rêveuse, somnolente, indécente…
Lentement maman je m’approche des algues, rêvant de cette perte cruelle et réelle, si obstinément docile ; les remous sont sans fin que ton vide m’évoque…
Je suis là, cherchant la moindre trace nacrée de tes rêves de vie, de mes rêves de toi, sur les rochers mouillés que mes paupières sondent pour ne pas basculer …
Me cherches-tu aussi désormais sur les berges océanes où le silence pesant de syllabes abandonnées te fera devenir Chimère à tout jamais ?
» La mère de l’enfant dit : L’Éternel est vivant et ton âme est vivante ! Je ne te quitterai point. Et il se leva et il l’a suivit. « 2 Rois 4 . 30
Annick SB ( mai 2011 )
Magnifique, très émouvant…
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