La convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort.
Jacques 1 : 15.
Le kiwi vivait paisiblement sur son île, au milieu d’un océan au nom réconfortant : Pacifique. Cet animal au long bec et aux ailes inachevées était le roi de la forêt. Presque aveugle, son nez très fin à faire pâlir les œnologues était son meilleur gage de survie.
Mais l’homme a dompté les océans et a découvert cette nouvelle terre fumante, entre fjords bleus et volcans verts, un avant-goût du paradis. Il a posé ses valises et s’est empressé d’ajouter sur sa carte cette nouvelle contrée. Il a amené avec lui ses meilleurs amis : des chiens, des chats, des porcs…
– Un petit bout de continent, des animaux inoffensifs, disait-il avec un brin d’émotion dans la voix.
Au départ, le kiwi ne s’est pas méfié. Il avait bien constaté un peu d’agitation, la journée, mais le kiwi ne sort que la nuit. La nuit estompe les différences et le rend fort, même lorsque le disque d’or des cieux éclaire les chemins bordés de fougères argentées.
Mais les nouveaux habitants à quatre pattes se sont mis à attaquer ses œufs et ses petits. Le kiwi a juste eu le temps de se demander :
– Amusement, méchanceté, instinct ?
Un fracas métallique a détruit son nid douillet dans une envolée de poussière. Il s’est enfui, mais ne s’est pas habitué aux cris des arbres qui tombent. La peur est devenue sa meilleure alliée et il a commencé à décliner.
Peu à peu, l’homme a réalisé qu’il voyait de moins en moins de kiwi ; il en fait un symbole, gravé sur les pièces de monnaie. Il s’est levé pour le protéger et le sauver d’une mort annoncé. Il a même fini par se faire appeler lui-même « kiwi ».
A-t’il senti qu’il était lui-aussi en danger, comme le petit oiseau qui ne savait pas voler ? Car un prédateur redoutable s’attaque à son cœur, un prédateur vicieux venu de loin, pas toujours facile à voir venir : le péché. L’âme de l’homme est toute entière en voie de disparition, à peine vivante. Mais ce petit battement discret de vie, cette pulsation d’éternité, ce fragment de ciel est déjà plus insistant, plus puissant, plus réel. Au-delà du son des mots, quelqu’un de plus grand veille sur lui… et sur le kiwi.
David
Je me suis prêté au petit jeu d’écriture proposé sur le groupe Facebook associé à notre site, « Ecrire en tant que chrétien ». Vous pouvez vous-aussi participer, alors à vos plumes !