Poésie·Théâtre

La Passion Titon (extrait 1)

A l’occasion du Carême, François Volff nous fait le plaisir de nous offrir de larges extraits de La Passion Titon, une pièce de sa composition de 470 vers, distribuée dans plusieurs églises.

Note de l’auteur

Ce « jeu biblique » a été signé le 10 Mars 1963. Au contraire de Poèmes du Temple , ce n’est pas le poète qui est au centre, mais l’Écriture Sainte.
Il a été joué le 19 Mai 1963 à l’église luthérienne de Bon-Secours, 20 rue Titon, Paris 11, par le goupe de jeunes dit « Aînés de Bon-Secours ». La scénographie a été indiquée pour les répétitions. Elle est facultative.
Elle s’inspire des tragédies grecques dans le sens où il y a un coryphée et un choeur. Ils scandent les vers en marchant dans un sens (strophe), puis l’autre (antistrophe) Ou restent sur place (épode). Scander les vers n’est pas obligatoire quand une seule personne parle. Les autres personnages ont leur jeu propre. L’accompagnement musical fait partie du « jeu ». Mais ses modalités sont libres.

Personnages.

Satan.
L’Ange de Dieu.
Choeur des enfants d’Israël. (dans le choeur sont choisis les récitants)
Le Coryphée.
Un homme, deux démons.

« Je te donnerai toutes ces choses si, te prosternant devant moi, tu m’adores ».

Scène : Choeur de l’église de Bon-Secours, Rue Titon, Paris 11.

Récitant 1 (Épode 1)

Parmi les nations, pourquoi ce tumulte,
Pourquoi tout ce bruit et ces hurlement?
Au bord de leur bouche, ils n’ont que l’insulte,
Au fond de leur coeur, ils ont des serpents.
Lorsqu’ils ont de l’or, leur tête se dresse,
Leur regard se pose à peine sur vous.
Vous les prendriez pour prince et princesse
A voir leurs habits, à voir leurs bijoux.
Ils sont pleins d’orgueil, ils aiment les fêtes,
Ils disent: « c’est moi », leur vin coule à flots,
Et les conquérants, ivres de conquêtes
Ont le front moins fier et les yeux moins hauts.

Récitant 2 (Épode 2)

L’or les a souillés, l’or de l’arrogance,
Des assassinats et des corruptions.
Cet affreux soleil, de son disque immense,
Leur a caché l’autre aux divins rayons.
Hélas! La lumière est dans les ténèbres,
L’étoile de Dieu est dans un tombeau,
Seigneur, viens, détruis ces objets funèbres
Et fais nous renaitre au matin nouveau.

Récitant 1 (Épode 3)

Viens, Seigneur, ils ont profané ton Temple!
Ils ont blasphémé, ils se sont souillés.
Du fond des enfers, Satan les contemple,
Et rit de les voir ainsi déchainés.

Récitant 2 (Épode 4)

Parmi les nations, pourquoi ce tumulte?
Ils taillent le bois, ils forgent le fer,
Aux objets qu’ils font, ils rendent un culte,
Et Satan ricane au fond de l’enfer.

Récitant 1 (Strophe 5)

Leur bouche se tord, leur haine déborde,
Ils sont comme un vent qui emporte tout.
Leur foule hurlante est comme une horde
Et rien après eux ne reste debout.
Ils s’arment, ils crient, leurs poings se durcissent,
Ils ont de la voix pour crier: « À mort! » !
Pour tuer leurs prochains, leurs mains se brandissent.
Pour faire du mal, leur bras devient fort.
Leur pied est léger s’il faut faire un crime.
Pour voler, ils ne sont pas maladroits.

Antistrophe

Ils ont des yeux pour guetter leur victime.
Ils ont de l’esprit pour tourner les lois.
Ils disent : « Eh bien, où est la vengeance?
Dieu s’est donc caché? Dieu ne m’a pas vu.
Dieu n’existe pas! » Et l’abîme immense
Autour de leur coeur se creuse un peu plus.

Stop.

Coryphée (Épode 6)

Mais le Seigneur rit de leur insolence,
Il se divertit de leur prétention.
Soudain, il leur parle avec impatience,
Et tout se dissipe, et tout se confond.
Comme le soleil d’été sur le sable,
Et comme un caillou devant le soleil,
Ainsi devant Dieu est le misérable,
Ainsi le courroux de Dieu est pareil.
« Voici, j’enverrai l’enfant de Justice –
A dit l’éternel – qui les domptera.
Qu’Israël se lève et se réjouisse,
Dans le gouffre ouvert, Satan tombera. »

… à suivre.

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