Je me suis réveillée ce matin,
Le cœur vide et angoissé,
Les yeux encore embués.
J’ai regardé par la fenêtre,
Comme un détenu rêve d’évasion
Par-delà les barreaux de sa prison.
J’ai allumé la radio
Puis le petit écran
Partout le chaos,
Mille signes d’enfermement.
La menace a un visage,
Celui du virus :
Vide et désolation
T’attendent au terminus.
Un souffle,
Un toucher,
Te voilà contaminé
Et bien souvent condamné…
Je me suis réveillée ce matin,
Et soudain j’ai pensé
A toutes celles et tous ceux
Qui courageusement
Prennent le risque de soigner.
En première ligne,
Soldats sur le Front,
Héros bien plus qu’ordinaires
Dans cette confusion sans nom.
En moi, l’admiration est montée
Puis rapidement sa place a cédé
Au murmure insidieux de la culpabilité :
« Comment oses-tu te plaindre,
Toi, la privilégiée ?
Se peut-il que l’égoïsme
T’ait à ce point aveuglé ? »
Sous le poids du jugement
Dans mon chevet
Je me suis profondément enfoncée
Et pris la décision de rester couchée
Pour le reste de la journée.
Égoïste,
A quoi bon te lever ?
Je me suis réveillée ce matin
Et j’ai goûté le gazouillis des merles
Doux
Léger
Mélodieux
Une symphonie
A faire pâlir Amadeus
Mon regard s’est promené
A travers les vitres ensoleillées
Et je l’ai vue…
Intacte et indemne,
Radieuse,
Baignée de lumière,
Célébrant son Créateur
Imperturbable dans le chaos
Généreuse et droite
Ode à la Vie,
Au Tout-Puissant,
A l’espoir !
Sur mon visage,
Un sourire s’est lentement dessiné
Je me suis levée
Et j’ai dit oui à cette belle journée,
A cette Vie,
Par dame Nature révélée…
Justine le 18/03/2020