Ce roman contemporain, édité par la Maison de la Bible, sort du lot grâce sa couverture moderne et attrayante, ainsi que son titre poétique très accrocheur : Un cheveu sur le cœur. J’ai bien apprécié la version eBook, qui m’avait été offerte lors d’une opération promotionnelle.
On y découvre d’abord Philippe, un employé des Travaux publics qui vit comme la plupart de nos contemporains, sans voir au-delà de lui-même et de sa routine quotidienne. Une rencontre impromptue dans la rue avec une chrétienne passionnée, Audrey, va brusquement faire surgir dans son âme des questions douloureuses.
Très vite, un autre personnage va faire irruption. Il s’agit de la compagne de Philippe, Anna, une étudiante russe venue étudiée en France, qui a un cheveu sur le cœur, comme d’autres ont un cheveu sur la langue :
Là où ce cheveu écorchait fréquemment leurs paroles, son cheveu à elle altérait si souvent les émotions qu’elle désirait exprimer. Là où leurs paroles échouaient encore et encore sur le rivage de leurs lèvres, ses sentiments échouaient tant de fois sur le rivage de son cœur, comme autant de rêves avortés, sans atteindre le dessein pour lequel ils avaient été créés. Là où ils se débattaient face aux sourires entendus et aux murmures narquois, il lui semblait parfois qu’elle traversait la vie sous un immense sourire entendu et un assourdissant murmure narquois.
Le style est fluide et on voyage agréablement entre la France, la Russie et le Burkina Fasso. L’auteur joue avec nos émotions avec une facilité déconcertante. On tremble au rythme des aventures des personnages et, inexorablement, on pleure aussi.
Lorsque les deux héros sont enlevés par des terroristes d’AQMI, on ne lâche plus le livre et on retient sa respiration jusqu’aux dernières pages du livre.
Je ne m’attarde pas plus sur l’intrigue parfaitement ficelée, pour ne pas gâcher le plaisir. Je veux simplement m’arrêter un instant sur la théologie sous-jacente du livre. Chaque roman chrétien reflète forcément la théologie de l’auteur et il me semble qu’ici, c’est plutôt un point faible.
En effet, selon moi, l’auteur est passé à côté de l’Évangile… Un fois le livre fermé et l’émotion évacuée, il reste un vide. Ce même sentiment que l’on peut ressentir après une prédication qui nous a fait vibrer, mais dont nous n’arrivons pas à retenir la substance.
Dans ce roman, Dieu se dévoile au fil des pages essentiellement par des rêves. Je ne dis pas que c’est impossible – certainement pas – mais je ne crois pas que ce soit le moyen principal par lequel il le fait. Je crois que Dieu se fait connaître surtout en nous révélant notre propre noirceur naturelle et l’unique chemin de la repentance : Christ. Pourtant, rien de cela dans Un cheveu sur le cœur : les rêves prémonitoires semblent suffire pour accéder à Dieu…
Ce n’est donc pas un livre que j’offrirai à un non chrétien, malgré ses nombreuses qualités, je doute qu’il produise du fruit. Il manque la pincée de sel de l’Évangile, comme c’est paradoxalement le cas dans de nombreux romans contemporains de littérature évangélique…
Je l’ai lu et chroniqué également. Je suis d’accord avec toi mais ça ne me semble pas non plus improbable de communiquer via rêve !
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Bonjour ! Merci pour votre commentaire, qui m’a permis de découvrir avec grand plaisir votre blog et votre podcast. J’ai écouté votre avis sur un « Un cheveu sur le cœur » et les deux autres romans de voyage, c’est très intéressant, j’ai pu constater que ce livre est un véritable coup de cœur pour vous ! Au passage, je suis aussi d’accord sur les quelques clichés dans le livre. Pour la communication via rêves, je ne dis pas que c’est impossible, je dis que c’est peu probable. Le point positif, c’est que l’auteur ne prétend pas écrire une histoire vraie (certains auteurs chrétiens l’ont fait !)
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