– Allô ?
– Bonjour Monsieur Boldairstin.
Il avait l’habitude qu’on écorche son nom mais là, c’était carrément un massacre.
– C’est Bolderstein, Bol-deur-chtaïn, répéta-t-il plus lentement.
– Je vous appelle pour vous proposer une toute nouvelle gamme de portes-fenêtres, fit la voix comme si elle n’avait rien entendu.
– Mes fenêtres sont bien accrochées, je n’ai pas besoin qu’on les porte.
– Ah non, monsieur, je parle de fenêtres qui ouvrent sur un jardin. Avez-vous un jardin, Monsieur Boldairstin ?
Visiblement, la personne était bien mal informée.
– Non.
– Un balcon peut-être ?
Monsieur Bolderstein balaya du regard son studio de 25 m².
– Non plus.
– Nous proposons aussi des fenêtres qui ne sont pas des portes.
– Et des portes qui ne sont pas des fenêtres ?
– Non, répondit la voix un peu déconcertée.
Elle ne se découragea pas pour autant :
– Nos fenêtres sont en quadruple vitrage, blindé pour empêcher toute intrusion.
Le vieil homme pensa à son appartement au 18ème étage, dans lequel il pouvait suivre le film des voisins d’à côté et savoir quand les enfants du dessus étaient rentrés de l’école. La proposition téléphonique le fit rigoler.
– Vos fenêtres protègent-elles de la mort ? s’informa-t-il.
– Euh… non… seulement du bruit et du froid.
– Dommage, cela aurait fait un bon assortiment avec ma porte.
– Votre porte protège de la mort ?
La voix jusqu’ici monocorde devint intriguée.
– Oui, c’est une porte très spéciale. Il suffit d’avoir confiance en elle et elle vous donne accès à la vie éternelle.
– Ça semble incroyable. Quelle est sa marque ?
– Jésus.
La voix marqua un blanc.
– Jésus ? Vous voulez dire, comme le Jésus qui marchait sur l’eau ?
– Oui, c’est tout à fait ça. Vous voyez, en plus d’être waterproof, il était capable d’arrêter une tempête et de faire entrer le soleil dans la vie des gens. Trouvez-moi une fenêtre qui peut faire tout ça.
– J’avoue que ça dépasse de loin nos fenêtres quadruple vitrage blindé. Mais vous m’avez parlé d’une porte, pas d’une fenêtre…
– En effet, Jésus n’a pas seulement marché sur l’eau et calmé les tempêtes. Il s’est décrit lui-même comme la porte par laquelle il faut entrer pour être sauvé de la mort.
– Mais comment peut-on passer par le corps d’un homme ? Doit-on lui marcher dessus ? demanda la voix un peu sceptique.
– C’est presque ça. Jésus a donné sa vie pour nous. Il est mort pour nous sauver de la mort. Il est ressuscité, prouvant ainsi qu’il avait vaincu la mort. La seule chose à faire pour bénéficier de son œuvre est de s’appuyer sur lui.
– Je ne comprends pas tout. Ecoutez, j’ai dépassé mon quota de minutes pour un client non intéressé. Puis-je vous laisser mon numéro de téléphone personnel pour que vous me parliez un peu plus de cette porte ?
– Avec plaisir, répondit Monsieur Bolderstein. Vous verrez, c’est du solide !
Quand il raccrocha, il eut un sourire amusé aux lèvres.
C’est moi qui suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé. La Bible, Jean 10.9
Marie-Aude B.
Une bonne idée à mettre en oeuvre lorsque nous sommes l’objet d’un démarchage téléphonique, au lieu de s’énerver et raccrocher au nez du malheureux opérateur 🙂
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merci pour cette belle lecture. Très très inspirante
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