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Le portrait sans modèle

Ce petit texte est une réponse au défi d’écriture de l’auteure Gwen. D, qui consiste à composer un texte court (nouvelle, poème, scénette…) en utilisant des mots imposés. Les mots qu’il faut placer (avec l’orthographe exacte !) sont en gras. Ce sont en fait les mots… de la dernière partie de Scrabble de Gwen ! N’hésitez pas à participer vous aussi.

Par un beau matin ensoleillé, le chant des coqs me réveilla. En m’étirant, je me souvins d’un drôle de rêve.

Je me promenais en Chine, du moins je le pense, car les gens typés que j’y croisais parlaient en wu, je ne comprenais rien, mais pourtant je leur répondais avec aisance dans cette même langue, cela m’a beaucoup amusée.

Un homme s’avança soudain vers moi, et me rappelait un Kan sorti d’un conte d’Andersen. Avec ses petits yeux fixes, je pensais d’abord qu’il s’agissait d’un aveugle, pourtant il me tendit des wons, une feuille de papier, des pastels et un bipeur et me dit :

 – Fais mon portrait et rapporte le dans la nef au fond de l’église avant la tombée de la nuit.

Je sens bien qu’il haït à ce moment-là de confier cette tâche à une européenne au grand nez (hi hi hi) et très vite il me fuit en courant, je l’entends haleter, me laissant là sans modèle. Je me sens soudainement bien seule et amère ; nul endroit où poser ma feuille, heureusement je vois un qui me servira de chevalet.

Plus personne autour de moi dans ce pays où je ne connais personne, aucune inspiration pour démarrer cette toile, juste ces yeux bridés au regard fixe, cette petite moustache tombante, cette barbichette et ce chapeau pointu. Je pense à ma mère qui disait :

« Lorsque tu te sens pauvre comme Job et que ta tête semble se vider, pense à la parole de Dieu, avec la bâtonnée de sa fontaine, puise bien profond tu y trouveras des trésors. »

Tandis que je peignais et que j’écoulais mes crayons jusqu’à l’usure complète, aucun trait n’apparaissait et cela me troublait. Le temps passait le crépuscule s’annonçait, quand le bipeur sonna. Vite je devais rejoindre la nef avec ma feuille blanche. Au fond de l’église, j’aperçus le Kan et je lui dis :

 – Comment veux-tu que je peigne ton portrait avec des crayons sans couleur et sans m’imprégner de ton image ? Pourquoi es-tu parti si vite ?

Il étaya ses arguments et me cita un proverbe chinois de Guo Xi : « Un poème est une peinture invisible. Une peinture est un poème visible ».

Il poursuivit en disant :

 – Tandis que tu engluas ton esprit à vouloir me peindre, Celui en qui tu crois veut te parler ! Pose la feuille sur ce vitrail.

Je m’exécutais en collant la feuille sur un vitrail représentant la passion du Christ au travers duquel passaient les derniers rayons du soleil. En lettre d’or apparurent les deux versets suivants :

« Il disait d’une voix forte: Craignez Dieu, et donnez-lui gloire, car l’heure de son jugement est venue ; et adorez celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d’eaux. » Apocalypse 14:7 

« Ils verront son visage et son nom sera sur leur front » Apocalypse 22:4

Fin

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