Défis d'écriture, concours, jeux·Participations

Sourire divin

6h35. Mon réveil sonne. Deux fois. Comme à mon habitude, je peine à m’extirper des bras de Morphée et je prolonge mon sommeil de quelques précieuses minutes. « Pourquoi faut-il toujours se lever le matin? » J’enfouis ma tête sous l’oreiller, puis j’entends la troisième sonnerie du réveil, celle qui ne me laisse plus d’autre choix que de celui de quitter mon lit douillet. Bon gré, mal gré, je me décide à enfiler ma robe de chambre et je descends traîneusement les marches de l’escalier qui mène à la cuisine.

Les yeux mi-clos, j’observe cette pièce si pleine de vie d’ordinaire, où les effluves de la soupe de la veille planent encore dans l’atmosphère matinale. Pas un bruit, les enfants dorment encore. Je me surprends à sourire intérieurement face à ce constat: je suis seule, tout est calme. Je savoure ces instants rares pour une mère de famille de 4 enfants en bas âge. Je perçois à peine le gazouillis de quelques mésanges dans le jardin et je me dirige vers la fenêtre afin d’apercevoir les auteurs de ce doux concert mais il fait encore nuit noire. Pas très surprenant pour un mois de novembre.

Je sors machinalement une tasse du placard en hauteur, le cacao d’un autre placard, le lait du frigo. Je verse le lait dans la tasse, l’enfourne au four à micro-ondes pleine puissance pendant 1 minute 30. Ces gestes, je les répète chaque matin. Je pourrais presque les accomplir les yeux fermés. Comme un automate. Juste avant que le four ne sonne, je l’arrête afin de ne pas réveiller ma tribu et je sors une petite cuillère du tiroir à couverts que je plonge dans le cacao à 2 reprises et demie. La précision, c’est mon fort. 2 cuillères 1/2, pas 3 ni 2, juste au milieu. Là aussi, je souris en pensant à mon mari qui me chambre souvent sur mon côté pointilleux.

Je m’assois devant la table de la cuisine et commence à remuer ma tasse de chocolat chaud, les yeux encore pleins de sommeil, la tête pleine de pensées. Ca aussi, c’est mon fort: la machine à penser! J’ai l’impression que sitôt le jour levé, mon cerveau se met en route et que les pensées défilent, les unes derrière les autres comme un train qui aurait un milliard de wagons, s’enchaînant à un rythme tantôt calme, tantôt soutenu. Le souci, c’est que ça ne s’arrête jamais et que bien souvent, je m’épuise moi-même! Toute seule!

« Seigneur, pourquoi nous avoir donné un cerveau sans bouton OFF? »

Je continue de touiller mon chocolat chaud, le rythme est lent et régulier, une légère et imperceptible fumée s’en dégage. J’observe le tourbillon ainsi créé dans ma tasse, ce mouvement spiralaire sans fin, un peu comme celui de mes pensées.

Tout à coup, un verset de la Bible me revient, sorti de nulle part. Ou plutôt si, sorti de la réunion de dames de la veille à l’église. Le verset d’Hébreux 13/5 arrive comme une fléchette en plein dans la cible.  » Je ne te délaisserai pas, je ne t’abandonnerai pas ».

Je souris. Et subitement, je sens que le flot de mes pensées ralentit peu à peu.

« Je ne suis pas seule. Jamais. Mon Père céleste me l’a promis. Il ne m’abandonnera pas. »

Je savoure ces promesses qui me font tant de bien, me rassurent, m’apaisent. Certes, ma journée s’annonce dense, pleine de défis au boulot, mais tout à coup, il me semble que ces défis sont à présent nettement moins imposants. C’est comme si sur la toile de mes pensées, c’était le Seigneur qui avait pris toute la place au premier plan.

J’observe à nouveau ma tasse de chocolat chaud, plus très fumante. Je me frotte les yeux à plusieurs reprises car je ne peux pas croire ce que je vois à présent: le tourbillon du lait cacaoté a laissé place à un sourire. Oui, un sourire doux, simple, bienveillant! Est-ce le mien qui se reflète dans la tasse? Impossible!

« Mais alors, se pourrait-il que… ? »

Je lève les yeux vers le ciel et remercie mon Papa pour ce cadeau matinal.

Je respire profondément. J’entends au loin les enfants réveillés se chamailler, je pense aux coups de fil importants à passer, j’observe cette pile de dossiers à boucler impérativement dans la journée…

Je respire à nouveau.

Une douce certitude m’emplit alors: cette journée sera belle, à n’en pas douter.

Je souris, en miroir à mon chocolat chaud et j’avance, légère et apaisée.

Fin

Ce texte est une réponse au défi d’écriture #2 « Ecris une image ».  Le principe est simple, il faut choisir parmi une série d’images celle que vous préférez (ou plusieurs pour les plus challengés) et en incorporer des mots ou une description dans un texte de son choix. Les images du défi :

9 commentaires sur “Sourire divin

  1. Jeu des images, voilà ce que m’a inspiré une des images…
    Émerveillement, beauté de la création, des arbres à l’infini… Elle me faisait découvrir son pays… Du vert… Du vert. Nous courions sur les chemins, dévalions les pentes recouvertes de feuilles mortes, de plaques de neige. Nos bottes s’enfonçaient, claquaient dans les flaques d’eau. Nous pataugions dans les rivières, courant, sautant, glissant sur les blocs de glace. Mon premier hiver dans ce pays froid. Le cœur encore meurtri, mon pays quitté il y a quelques mois, ma vie bouleversée par des années de guerre, j’avais laissé mon soleil, tout ce qui faisait ma vie, mon enfance, mes amis. Je me revois assise au fond de ce car. Mes amis les plus proches avaient s
    « sauté » les cours pour un dernier adieu. Le car s’éloignait, les laissait bras ballants, on ne comprenait pas. On s’était promis de s’écrire de se revoir, et le car s’éloignait, leur image s’estompait, devenait plus petite et brouillée. Les larmes noyaient mes yeux, je ne voyais plus rien. Mon cœur était de plomb et ma tête en révolte. J’avais laissé mon pays mes paysages d’ocre et de rochers, les bleus d’azur, les odeurs d’épices et de poussière, de poivrons frits de d’abricots.
    Elle me faisait découvrir son pays, pays de fleurs et d’herbes vertes, d’eaux transparentes, rafraîchissantes. J’avais laissé mon enfance, bonjour l’adolescence. Nouveaux paysages… Nouvelles amitiés, elles m’ont aidées dans ces moments où je devais me construire et me reconstruire.
    Même si parfois je suis nostalgique, c’est lui qui a guérit mes plaies. En lui j’ai trouvé la paix du cœur, la guérison, le plein pardon. Mon Seigneur, mon Sauveur, mon Dieu, Jésus… Sereine maintenant, je contemple sa merveilleuse création, les bois, les torrents, la mer, le ciel, le désert. Si tout ici est magnifique, que sera le Ciel que nous promet Jésus. Il a dit : « je vais vous préparer une place » et aussi « et là où je serai, vous y serez aussi ». C’est là la vraie patrie, la patrie céleste.

    C’est ce que m’a inspiré une des images…
    Amitiés
    Michèle Vaytet

    Aimé par 2 personnes

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s