Quand te reverrai-je, océan ?

Tout commence par le sable, qui déroule un tapis d’or sous mes pas. Puis, très vite, se profile le relief de la dune. Ce dôme vivant retient les flots impuissants. Ils mugissent, mais ne la franchissent pas. Des barrières de bois ouvrent un chemin vers toi. Attente. Espoir. Embruns de nostalgie.

Quand te reverrai-je, océan ?

Je ne marche plus, je cours. Soudain, il est là. Le vent s’arrête de respirer. Le soleil brille encore. Dieu a dit : que les eaux se rassemblent en un seul lieu. Et cela fut ainsi. L’horizon infini, les cieux et l’onde qui se mirent l’un dans l’autre. Éclats d’azur.

Quelle est ta profondeur, océan ?

Au loin, des voiles parsemées. Je m’arrête. Caresse d’eau salée. L’aventure commence. Il entre en moi et sa force m’inonde. Il me raconte les marins disparus, les écueils, les champs d’étoiles et les chemins. Les espoirs et les pertes. Mort et vie. Immensité.

Quel est le secret de ta poésie, océan ?

Tu es calme, mais tu peux être déchaîné. Mon cœur navigue sur tes eaux frémissantes. Ma frêle embarcation ne voit pas le récif, mais l’évite. L’éclair zèbre le ciel. Le bois de ma barque est pourri. Je n’ai pas de rames. Je t’aime. Abandon.

D’où vient ta puissance, océan ?

Mes larmes sont salées. Je ne te vois pas tout entier. Grâce infinie ! Maintenant, je cours vers toi. L’eau est froide. Les premières lames n’éteindront pas la flamme. Je me jette dans tes vagues. Heureux. Apaisé.

Quand te reverrai-je, océan ?

Tu es un peu dans ce coquillage, ou dans cette pluie.  Ce sera bientôt l’heure de lever l’ancre. Ce soir, j’entends ton chant qui dit la gloire de Dieu. Abîme. Un sentier s’est ouvert. Reconnaissance !

David, 20 mai 2021

Ce texte est une réponse au défi 8 : écris un petit bonheur.