Poésie

Le bon Marseillais*

Il était une fois, dans un lointain pays
Un homme cultivé, capable d’enseigner
Il avait étudié, il était aguerri
Et aucune question ne semblait l’inquiéter
Ayant une réponse à toujours apporter…

Mais en lui subsistait une interrogation
Bien cachée dans son cœur, et qui le tourmentait :
Que pouvait-il faire, réussir, opérer
Pour gagner une vie qui ne cesse jamais ? 
Personne n’ayant pu apaiser son tourment
Il décida un jour, sans détour, hardiment
De demander à Dieu quelques explications

Et Dieu lui répondit d’aimer de tout son cœur
Son Maître dans le ciel, le puissant Créateur
Qui avait insufflé une vie en son âme
Et en celle de tous ses « copains » de voyage
Qu’il devait eux aussi chérir pratiquement
Et pour bien illustrer ce grand enseignement
Et qu’il comprenne ainsi qui étaient ces « copains »
Dieu lui dit d’écouter l’histoire de quelqu’un
Qui avait appliqué ce beau commandement

« Un homme descendit un jour de son Paris
Où il vivait choyé, bien loti et nanti
Il vint à Marseille, visiter ses quartiers
Découvrir entre autres le charme du « Panier ** »
Mais malheureusement, il croisa en chemin
Quelques petits voyous, pullulant dans le coin
Qui dépouillèrent alors, ses poches de leur or
Le rouèrent de coups si bien qu’il semblait mort,
Puis qui partirent enfin, emportant leur trésor

Un curé, par hasard, promenait par ici
Il remarqua l’homme mais passa son chemin
Il était fatigué, et puis il avait faim
Il préférait rentrer vite se reposer
Et puis cet homme-là semblait venir d’ailleurs
« Qu’il se débrouille donc, ce n’est pas mon ami »

Léchant les vitrines, la femme du pasteur
Avec son jeune enfant, arriva à son tour
Mais elle était pressée, et le petit pleurait
Elle voulait rentrer avant la fin du jour
Alors elle se dit : « Quelqu’un d’autre peut bien
S’occuper de ce gars, je suis trop occupée »
Elle partit de là sans même un seul regret…

Sur ces entrefaites, quelqu’un surgit soudain
Il faisait un peu peur, il portait des rastas
Et des tatouages, recouvraient ses gros bras
Ici les Parisiens on ne les aimait pas
Et les identifier était à la portée
D’un homme de ce nom, se disant Marseillais
Pourtant ce colosse, qui n’avait peur de rien
Et pour qui la violence était le quotidien
Sentit son cœur trembler en trouvant étendu
Cet homme qui souffrait et qu’on ne voyait pas
Alors il s’approcha et du mieux qu’il le put
Secourut le blessé, lui donna quelques soins
Puis le mit sur son dos et partit d’un bon pas
Il le mena jusqu’à, l’hôpital le plus proche
Demanda qu’on le soigne, et paya de sa poche »

L’histoire terminée, ce fut au tour de Dieu
De questionner alors son savant aguerri
Qui avait écouté, attentif et sérieux…
Mais avait-il au fond de son cœur étriqué
Bien compris la leçon de l’homme malchanceux ?
« – Lequel de ces trois-là te semble avoir été
Un « copain » pour ce pauvre inconnu Parisien ? »
Sans une hésitation, il répondit soudain :
« – Celui qui a agi, pour lui avec bonté »
« – Alors fais comme lui et tu auras la vie »
Et puis Dieu s’en alla, le laissant méditer…

  • D’après la parabole du bon Samaritain en Luc 10.25-37
    ** Le plus vieux quartier de Marseille, populaire et coloré

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