Poésie, Réflexions

L’enfant Battu

J’ai peur d’elle
Elle
Elle est ma mère

J’ai peur de lui
Lui
Lui, c’est mon père

Ça commence toujours par un cri
Ça me surprend, ça me saisit
Jusqu’à mon sommeil, ça me poursuit

Ils hurlent, ils gueulent, ils vocifèrent
Leurs mots crachent du soufre de l’enfer
J’en tremble, glacial est l’atmosphère

L’enfant que je suis
N’a que pour seul abri
Un foyer en débris

Ce qui est fou, ce qui est traître
C’est que je ne veux pas que ces mots s’arrêtent
Car après, après vient une plus dure tempête

Le silence est pesant
Absence de mots, ça devient angoissant
Ça va tomber, je le sens

Une main, un pied, un poing
Une gifle, un coup, un pain
Voici mon tour, j’entends, il vient

Il entre sans frapper
Je l’entends respirer
Il frappe sans compter

Ainsi je vis, ainsi, j’endure
Ça cogne sec, ça cogne dur
Ma tête se cogne contre un mur

Le choc n’est pas futile
Il se retourne et lâchement, il file
Étendu là, je reste immobile

J’entends venir d’autres pas
Cela semble plus léger cette fois
Mais ne vous y trompez pas, ils portent aussi leur poids

Elle entre, elle ne dit rien
Pas même une once de chagrin
Je me sens mal, je ne suis pas bien

Je ne dois rien dire
Me plaindre ajouterait du pire
Surtout ne pas mourir

Le silence est de nouveau présent
Celui-ci devient quelque peu libérant
Pour aujourd’hui, c’est fini, normalement

Ils se sont endormis
Je me drape dans les bras de mon lit
Seul, recroquevillé, je me blotti

Déjà, le jour se lève
Je quitte brusquement mon rêve
Voici que des hommes m’enlèvent

Ils me regardent et me sourient
Ils me disent que maintenant tout est fini
Mais bizarrement, moi, j’aimerais rester ici

Pourquoi les choses sont ainsi
C’est moi qui suis trois fois puni
Par la faute de ceux qui m’ont donné la vie

C’est moi qui ai reçu les gnons
C’est moi qui quitte la maison
C’est moi que transperce l’aiguillon

Mes parents, je les déteste
Autant que je les aime
Qu’ai-je d’autres qu’il me reste

Séparé pour me protéger
C’est ce qu’il paraît
Faut-il encore que ce soit une réalité

Je ne vous demande pas de pleurer
Je vous demande de changer
Adultes, puissiez-vous, vous assumer

23 février 2023

4 réflexions au sujet de “L’enfant Battu”

    1. Merci pour le partage de votre appréciation ! Beaucoup de gens pensent que l’empathie c’est se mettre à la place de l’autre, ce qui est faut, puisque cela est impossible. On ne peut jamais se mettre à la place l’autre. L’empathie est, pour moi, certainement plus proche de la compassion et de la sollicitude, c’est à dire, cette ouverture à essayer d’accueillir l’autre dans sa souffrance et se laisser enseigner par l’autre dans ce qu’il vit pour savoir éventuellement lui venir en aide !

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  1. Cherche l’enfant

    Cherche l’enfant qui ne joue pas parmi les autres qui rient et courent.
    Te demandes-tu pourquoi il reste solitaire au lieu de se joindre à la liesse générale ?
    Il ne semble jamais avoir d’ami.
    Il n’est jamais partie prenante d’un groupe.
    Tu ne l’entendras jamais s’exprimer longuement. Mais au-dedans il hurle à pleins poumons.
    Il appelle à l’aide par ses mouvements et chaque mot non prononcé.
    Il crie au monde par ses yeux tristes mais personne ne l’entend jamais.
    Toujours silencieux et rempli de méfiance. Doutant de toute amitié.
    Il sent qu’il ne peut rien partager à quiconque, de peur que son secret ne s’échappe de sa bouche.
    Il ne peut pas venir vers toi et te dire ce qu’il endure. Parce qu’il ressent la culpabilité comme étant entièrement la sienne.
    Il a l’impression qu’il ne peut rien faire.
    Il n’est pas monté dans la voiture d’un inconnu, ni pris de bonbons d’un vieil homme méchant.
    Il était avec quelqu’un qu’il aimait et en qui il avait confiance, lorsque son tourment a débuté.
    S’il te plaît n’ignore pas cet enfant aux yeux tristes ; ne t’en détourne pas pour t’éloigner de lui.
    Témoigne-lui de l’amour et gagne sa confiance.
    Ecoute ce qu’il a à dire.
    Cela pourrait t’être déplaisant, même te blesser.
    Mais écoute son histoire jusqu’au bout.
    Fais ce que tu peux pour aider cet enfant, parce que cela aurait pu être si facilement toi.

    Penny Parks

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