Poésie

Ça pleure un homme

Ça pleure un homme
Caché dans son silence
Mais ça pleure, un homme

Dans les bras d’une mère
Sur les seins d’une femme
Dans le dos de son père

Il peut sculpter son corps
Simuler la posture
D’un paraître plus fort

Mais ça pleure un homme

Il est pétri d’argile
Et son cœur emboué
Reste un vase fragile

Il peut pleurer sans larme
Sur un passé asséché
Dont jamais il ne parle

Il y a ce que l’on dit
Il y a ce que l’on vit
Il y a ce que je suis

Il y a ce qu’il se passe
Il y a ce que l’on entasse
Il y a le réel qui fait face

Oui, ça pleure un homme

J’ai entendu pleurer mon père
Au milieu d’une nuit
J’en ai gardé la lumière

J’ai tenu en silence
Ce moment de vérité
J’en ai préservé la conscience

Enfant, je pouvais déjà comprendre
Derrière l’habit des apparences
Peut se cacher un homme rigide au cœur tendre

Vous voyez, ça pleure un homme

Mais soumis à faire taire
La souffrance de l’enfance
Il finit par lui faire la guerre

Il transmet l’interdit
De déposer sa peine
Restée dans l’oubli

Il vit comme une honte
La liberté d’être vrai
Aux yeux de ce monde

Ça pleure un homme
Caché dans son silence
Mais ça pleure, un homme

Lorsque tombe une larme
Sur la joue du guerrier
Un soldat se désarme

Il refuse d’assassiner
L’enfant qui est en lui
Qui s’interdit de pleurer

Quand pleure librement un homme
L’instant fragile vient ôter
L’absurde masque du surhomme

La force d’être vrai
N’est point une faiblesse
Mais un chemin de liberté

Samedi 06 mai 2023

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