Visité dans ma cage, égaré par le bruit,
Ma mémoire reconnaît les sons pleins et feutrés,
Ces francs pas languissants, charmants et exquis,
Dans leur complainte heureuse de l’homme qui vit,
Le souvenir bienheureux d’un parent que j’aimais.
Mon cœur rajeunit par ces arômes familiers,
Laissés par leurs vêtements comme l’empreinte du ponant ;
Un disciple me portant ce parfum singulier,
La fleur du désert que mon cœur chérissait,
Te reverrais-je un jour dans le paradis des vivants ?
Ses amis lui témoignent que Jésus peut être Dieu,
Lui racontent les prodiges que le Saint accomplit :
Les dépouilles ressuscitent, les mendiants sont heureux,
Le boiteux saute et danse, le muet loue les cieux,
Tous ont droit au salut, quelques-uns donnent leurs vies.
Qui est donc cet homme pieux qui bouge les gouvernances ?
Bénissant le mendiant, guérissant les dolents,
Me laissant dans ma geôle affronter les offenses,
Dieu est bon pour les uns et ignore ma malchance,
Te glorifier mon Jésus me demande du talent.
Que je vive ou je meure, que m’importe puisqu’Il vit,
J’en oublie mon désert et l’odeur des grands vents,
Ma liberté de penser aux saints plans du Messie,
D’accomplir des baptêmes pour des hommes repentis,
Et de voir en vision la gloire du Dieu éminent.
Ô désert mon ami, te rappelles-tu mon âme fière ?
Mes pieds portent les plaies de tes sables brûlants,
Et je marche à présent sur ce sol froid de pierre,
Où la liberté, dans son immense mystère,
Semble me fuir à jamais pour des chaînes et du sang.
Mais Jésus reconnut le plus grand des prophètes,
Qui traça le chemin de sa venue ici-bas,
Arasant les collines dans son habit de fête,
La vérité pour ceinture, le salut sur la tête,
Jean boira le vin neuf de la coupe de Jéhovah.
Sylas
