Scène VIII
Qui es-tu ?
Ne crains rien.
Je m’appelle Zakan. Vous me connaissez bien.
MYRIAM
Je n’ai nul souvenir, monsieur, de votre image.
ZAKAN
N’étiez-vous pas, madame, au marché du village ?
N’avez-vous pas tiré le maître d’embarras
Et renversé Moloch à la force des bras ?
N’ai-je pas secouru vos mains dans leur faiblesse ?
MYRIAM
Avec ma seule force une telle prouesse,
Il me faut l’avouer, n’aurait pu s’accomplir.
ZAKAN
Pour bousculer l’idole et pour la démolir,
Unissant nos efforts, aidés de quelques hommes,
Nous avons confondu ce maître de Sodome.
MYRIAM
Je me souviens de vous.
ZAKAN
Cet ignoble Nazar
À croisé nos chemins.
MYRIAM
Vous passiez par hasard ?
ZAKAN
Je venais en ces bois écartés de la ville,
Loin des bruits de ses rues, cherchant un lieu tranquille,
Rêvant à vos beaux yeux que je voulais revoir,
Je gravis ces coteaux, le cœur nourri d’espoir,
Car, depuis qu’en ce soir je vous vis sur la place…
Qu’espérez-vous, monsieur, et quelle est cette audace ?
Oseriez-vous m’aimer ?
ZAKAN
Laissez-moi déposer
Sur votre pure main de ma lèvre un baiser.
De vos cheveux de soie souffrez que je m’enivre.
Prenez-moi pour esclave, à vos pieds je me livre.
MYRIAM
Allons, monsieur, allons ! Vous n’imaginez pas…
(Zakan aperçoit Noam lié.)
Qu’a donc fait ce gaillard ?
MYRIAM
Il a vexé papa.
Je crains que vos propos ne le mettent en colère
Et sur tous vos vieux os attirent la misère.
Sachez bien que déjà mon père est irrité
Contre les malandrins peuplant votre cité.
Je crains qu’il ne vous rosse ou bien ne vous étrille
S’il vous surprend jamais à courtiser sa fille.
ZAKAN
Mais, Myriam, je vous aime et suis prêt à mourir.
Qu’importe pour vos yeux de me laisser meurtrir.
J’aspire à votre main, quoi de plus respectable ?
Et je veux aller dire à ce père intraitable
Que je suis fort épris et veux vous épouser.
MYRIAM
De vous je n’ai que faire, et ne vous abusez.
ZAKAN
À m’aimer, bel enfant, je saurai vous réduire.
MYRIAM
Un œuf, mon pauvre ami, allez vous faire cuire.
ZAKAN
Vous me chassez, Myriam.
MYRIAM
Que vous sert d’insister.
ZAKAN
Je m’éloigne de vous, et votre cruauté
Vous rend plus belle encore, mais votre résistance
Courbera sous le joug de ma persévérance.
Adieu donc !
ZAKAN
À bientôt ! Vers vous je reviendrai.
Je vous aime, Myriam, et mon amour est vrai.
(Il sort.)
Scène IX
NOAM (lié) – MYRIAM puis JEPHTÉ
Pourquoi tant de rigueur en ces propos, la belle ?
Que sert-il d’éconduire un prétendant fidèle.
MYRIAM
Vous aurais-je permis, Noam, de me parler,
Petit voleur sans ailes, malandrin ficelé ?
NOAM
Que t’accorde, Myriam, cette fière posture ?
Tu n’as rien à gagner avec cette aventure.
Tu cherches le chemin pour te conduire au ciel
Mais ce jeune garçon, lui, connaît l’Éternel.
MYRIAM
Crois-tu qu’il me faudrait…
NOAM
Il craint Dieu et il t’aime,
Mais tu meurtris son âme en un malheur extrême.
Myriam ! Il va mourir, brisé de désespoir.
Ne ferme pas ton cœur, laisse-le te revoir.
MYRIAM
J’y songerai.
JEPHTÉ
Myriam ! Allons ! Passons à table.
Le souper refroidit, ma fillette adorable.
MYRIAM
J’accours. Mais qui voilà ? C’est mon oncle Lothan.
JEPHTÉ
Oui, flanqué de son frère, l’insupportable Aran.
Jamais on ne les voit frapper à notre porte ;
Quel sinistre aquilon devers nous les apporte ?
© 2024 Lilianof
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