Jephté·Rois, Soldats et Prophètes·Théâtre

Jephté – Acte III (1)

ACTE III

Un camp militaire

Scène première

JEPHTÉ – MYRIAM

JEPHTÉ

Tu as un amoureux avec ton caractère ?

MYRIAM

J’ai le tempérament hérité de mon père.

JEPHTÉ

L’aimes-tu ?

MYRIAM

                    Je voudrais seulement le savoir.

JEPHTÉ

Osera-t-il venir et pourrai-je le voir ?
Où donc l’as-tu trouvé ? Je crois qu’il serait sage
Pour demander ta main de s’emplir de courage.
Je n’aime pas beaucoup voir des hommes tourner,
Comme autour d’une rose, près de toi bourdonner.
Ce genre de bourdon, cette sorte d’abeille
Pourrait bien me sentir vibrer à son oreille.

MYRIAM

N’apprécierais-tu pas que je sois femme un jour
Et qu’en vue de m’aimer on me fasse la cour ?

JEPHTÉ

Je crains pour toi. Tu n’es qu’une biche fragile.

MYRIAM

Pour être dominée, je ne suis point docile.
Une biche n’est pas facile à maîtriser.
Qu’il se montre vaillant s’il veut m’apprivoiser.
D’ailleurs, je l’ai chassé, ma foi. Dans son village
Il est rentré penaud, plein de fiel et de rage.

JEPHTÉ

Pourquoi donc ? Serait-il bête et disgracieux ?

MYRIAM

Point du tout.

JEPHTÉ

                        Pour te plaire est-il déjà trop vieux ?

MYRIAM

Je le trouve à mon goût, père, je le confesse.

JEPHTÉ

C’est donc un vagabond dépourvu de richesse ?

MYRIAM

Je n’aime pas un homme en raison de l’argent ;
Mon cœur se peut donner au pauvre, à l’indigent.

JEPHTÉ

Alors, dis-moi pourquoi.

MYRIAM

                                        Oh ! Pour faire ma brave
Et voir s’il sait aimer en dépit des entraves.
C’est vrai, je l’ai chassé, mais il me plaît, je crois,
Et pour garder les cœurs mes mots sont maladroits.

JEPHTÉ

Plutôt !

MYRIAM

            Mais c’est égal, mon père, car s’il m’aime,
Zakan me reviendra, te dis-je, en ce jour même,
Il me suppliera une seconde fois.

JEPHTÉ

J’ai grand-peine à cerner ta stratégie, ma foi.

MYRIAM

Il semble qu’une fille comme moi se mérite
Et pour me courtiser il court un peu trop vite.
Son visage est pourtant fort aimable à mes yeux,
Il m’est fort agréable, et de plus, il craint Dieu.
Mais cet homme qui vient, n’est-ce pas mon grand-père ?

JEPHTÉ

C’est lui. C’est Galaad.

© 2024 Lilianof

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