Scène III
MANASSÉ – ASARHADDON – SALIA – Gardes
MANASSÉ
Que l’Éternel sur toi répande sa bonté !
ASARHADDON
Et que Mardouk t’octroie paix et prospérité !
MANASSÉ
Ce m’est un grand honneur qu’une telle visite.
ASARHADDON
Pour moi, c’est une gloire de louer tes mérites.
MANASSÉ
Je ne suis qu’un indigne et mesquin roitelet.
ASARHADDON
Mais de te rencontrer mon bonheur est complet.
MANASSÉ
Soyez le bienvenu dans ma pauvre demeure.
ASARHADDON
Laissons le protocole et parlons à cette heure :
Voici ma fille aînée, Salia, doux trésor.
MANASSÉ
De vous baiser la main je me réjouis fort.
ASARHADDON
Vous n’ignorez en rien qu’une belle alliance
Entre deux grands États d’une forte influence
Nous rendrait bien plus grands aux yeux des nations.
Vous bénéficieriez de ma protection
Car l’Égypte, il est vrai, chaque jour vous menace,
Les peuples d’alentour jalousent votre race.
Nous avons avec nous des milliers d’archers :
Appuyez-vous sur moi comme sur un rocher.
MANASSÉ (à part)
Nous y voilà !
ASARHADDON
Ami, célébrons une fête.
MANASSÉ (à part)
Je n’ai pas oublié ce qu’a dit le prophète.
Je ne puis accepter, il m’a bien prévenu.
ASARHADDON
Pour sceller un accord, aussi, je suis venu.
J’envisage un traité tout à ton bénéfice
Qui ne te coûtera le moindre sacrifice.
MANASSÉ
Voilà qui est parlé ! Montre-moi ce traité,
Car je veux l’étudier avec sérénité.
Il me faut en savoir le sens et la pratique.
ASARHADDON
Il n’est pas entre nous question de politique ;
Je ne veux pas non plus d’impétueux discours
Mais parlerai plutôt de tendresse et d’amour.
MANASSÉ
D’un roi si guerrier ces mots peuvent surprendre.
ASARHADDON
Je ne suis un brutal, il ne faut s’y méprendre.
Je possède une fille d’une rare beauté,
Dans Ninive chacun vante sa pureté,
Et vous avez un fils que l’on dit admirable,
La reine m’a vanté ce prince fort aimable.
Unissons ces enfants par un anneau doré,
Le repos de ton peuple, frère, est assuré.
MANASSÉ (à part)
S’unir à l’Assyrie en épousant sa fille !
Joël fondrait alors une belle famille.
En prenant pour beau-père un si grand potentat
Il grandit mon prestige et fortifie l’État.
(à Asarhaddon)
Seigneur, votre projet me paraît raisonnable
Et pour en mieux parler venez boire à ma table
Car les monts du pays donnent d’excellents vins.
Quand ils auront signé nous ferons un festin
Pour vous faire goûter les fruits de nos provinces.
Mais souffrez que d’abord nous en parlions au prince.
(aux gardes)
Faites venir Joël.
(Un garde sort.)
Vous verrez, Majesté
Que mon fils est pour tous un trésor de bonté.
Il saura conquérir le cœur de votre fille,
Je vois à son regard qu’elle est tendre et gentille.
(Entrent le garde et Joël.)
(aux gardes)
Vous pouvez disposer.
(Les gardes sortent.)
© 2024 Lilianof
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