Tout a commencé de manière peu originale, quand j’ai posé les yeux sur un bout de papier coloré.
C’était une jolie carte de visite, découverte en bordure d’un petit chemin que j’avais emprunté à pied pour rentrer chez moi, après quelques courses. Elle se trouvait là, en compagnie d’un paquet de cigarettes vide, d’une boîte d’allumettes et d’un flyer.
Poussée par la curiosité, je l’ai ramassée — sa couleur fuchsia m’a attirée.
Sur la carte, on pouvait lire :
Benjamin V.
Bénévolat & accompagnement
Paroisse Saint-Martin
De retour chez moi, j’ai cherché sur le Web des informations au sujet de ce Benjamin V.
Je suis veuve, retraitée de l’enseignement, j’ai plus de soixante-sept ans. Quant à Benjamin V., j’ai découvert, au fil de mes recherches — de réseaux sociaux en sites paroissiaux, de blogs en pages d’associations — qu’il avait un peu moins de cinquante ans, qu’il était veuf, professeur, actif dans une œuvre caritative d’une paroisse de la région, entraîneur dans un club de ping-pong de la ville et qu’il avait fait du bénévolat lors d’un pèlerinage à Lourdes organisé par le diocèse.
Cela m’a aussitôt interpellée…
Ne pourrais-je être, à ma façon, un autre Benjamin ?
Une personne qui offre du temps libre à sa paroisse, à un club de loisirs, quelqu’un qui a rebondi après le décès de son conjoint ?
N’y avait-il pas pour moi une autre vie possible après la retraite et le retour à une vie de célibataire ? Benjamin ne m’indiquait-il pas une autre voie ? Le temps passant, n’était-il pas opportun de m’adapter aux circonstances ?
Cette autre partie de ma vie ne m’offrirait-elle pas la possibilité d’un réel rebond, voire d’une sorte de renaissance ?
Il m’est apparu soudain évident qu’il était temps d’avancer, de mettre mes petits talents et les fruits de mes expériences au service des autres.
J’ai proposé d’abord mon aide dans une école pour l’aide aux devoirs et au secrétariat paroissial.
Je n’ai pas été déçue quand, après avoir préparé puis animé une première rencontre avec des enfants du catéchisme, l’animatrice en pastorale m’a confié :
— C’était chouette, il y a une belle harmonie entre nous, les enfants semblaient satisfaits.
Sur ma route, j’étais déjà convaincue que je trouverais d’autres opportunités d’agir positivement dans le réseau qui m’entoure.
Aujourd’hui, une idée qui s’offre à moi est une idée que j’approfondis. Ce n’est plus une idée que je laisse tomber sous prétexte que je n’ai pas assez d’expérience.
J’ai trouvé le bonheur d’animer, par exemple, des ateliers d’écriture en lien avec certains passages de l’Évangile.
Je redécouvre mon goût pour le dessin et je le partage avec des enfants.
J’offre mon écoute à des personnes croisées lors d’animations.
Dans ces moments, je sens comme un souffle neuf, une lumière intérieure qui m’éclaire et m’invite à aller plus loin. C’est une manière simple, discrète, mais profonde, de renaître à la vie.
Je remercie le Ciel de m’ouvrir à la fraîcheur — assez nouvelle pour moi — de l’entraide, et de favoriser mon accès à des domaines souvent négligés jusque-là.
— Micheline Boland
