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Le mystère d’une nuit orientale

Au déclin du jour, quand le ciel s’est paré de mille feux étoilés, plongeant le regard dans l’infini du cosmos, un calme profond et mystique s’installe sur cette terre orientale. Là, sur la petite terrasse blanche d’une humble maison, une discussion s’amorce.

C’est l’entretien secret du soir entre Jésus et Nicodème… Cette nuit-là, Jésus révèle quelque chose d’aussi mystérieux et profond que l’Univers à son « élève » : une suggestion, une invitation à naître une seconde fois.

Nicodème peine à saisir toute la portée des paroles du Maître. Jésus l’invite alors à contempler calmement le ciel idyllique d’une nuit orientale.

« Vois, lui dit-il, ces étoiles… Elles ont été créées avant l’homme lui-même, pour illuminer le ciel lorsque les ténèbres couvrent la Terre.

Parmi ces étoiles, certaines brillent plus fort que toutes les autres : les supernovas. Au moment précis où elles s’éteignent, elles se fragmentent et libèrent un trésor précieux, caché au plus profond d’elles-mêmes : de l’or.

Elles ont forgé ce cœur d’or durant leur première existence ; mais il leur fallait mourir pour offrir les bienfaits de cette naissance nouvelle, entièrement d’or. Ce n’est qu’en s’éteignant qu’elles révèlent enfin la splendeur cachée de leur cœur.

Il en est de même pour toi, Nicodème, mais à un niveau bien plus élevé. Il te faut laisser disparaître l’ancien pour permettre au nouveau d’advenir. Naître de nouveau, c’est nécessairement mourir un peu. C’est s’effacer pour laisser apparaître le trésor caché en toi. Oublier celui que tu crois être, pour devenir celui qui vit véritablement en toi.

Naître à nouveau, Nicodème, c’est aussi — souviens-t’en — comme le songe de Jacob et son échelle mystérieuse…

La terre où il dormait représentait la vie quotidienne, voilée par les plaisirs charnels, cette chape de plomb qui alourdit même le juste. Puis l’Appel se fait entendre : celui de se défaire de ce nuage soporifique et de s’en élever.

C’est en gravissant les premières marches de l’échelle qu’il a pu dire : Ô Adonaï, Tu es là… Présence éternelle.

Assis, immuable, patient, Tu observes les graines d’amour que, Maître de maison, Tu as semées dans le monde. Tu attends qu’elles « meurent » pour qu’elles puissent enfin accomplir leur véritable destinée.

Tes premiers parents, Adam et Ève, sont tombés — et avec eux toute l’humanité — de cette échelle qui les reliait chaque jour à Moi. Coupés de Dieu, ils devaient se rattacher à Dieu ; morts à la Grâce, ils devaient renaître à la Grâce.

Et voici tout le Mystère, Nicodème…

Moi, je Suis ton Seigneur et ton Dieu, envoyé par le Père pour réhabiliter cette échelle salvatrice pour le genre humain. Pour susciter une nouvelle naissance, une onde de choc d’Amour capable de libérer l’humanité tout entière et de faire éclater son cœur, afin qu’elle puisse commencer à gravir les marches menant à la félicité éternelle.

— Mais alors, répondit Nicodème, rien dans l’Univers n’échappe à ce précieux commandement ? Tout est voué à renaître ?

— Oui, répondit Jésus. Mais chacun en son temps — et l’homme en premier, car cela lui est nécessaire pour posséder le Ciel.

L’Eau et l’Esprit accompagnent et confirment l’homme dans ce passage de la vie primitive à la vie de la Grâce.

Vois-tu cette goutte d’eau qui vient brusquement heurter la terre ? Comme l’enfant qui naît, elle va s’effacer dans le sol et vivre un périple fait d’obscurité, caché aux regards. C’est le voyage intérieur de l’enfant vers l’âge adulte.

La petite goutte, après avoir traversé toutes les étapes de son parcours et s’être enrichie, surgit enfin avec puissance à la source jaillissante. Belle, limpide, d’une pureté incomparable, elle vient de naître à sa propre destinée.

Mais plus sublime encore est le destin de l’homme à l’âme immortelle, qui, après avoir goûté aux joies sensibles mais éphémères du monde inférieur, voit son cœur aspirer à quelque chose de supérieur : au Bien par excellence.

Esprit de Dieu, qui souffle où Il veut et quand Il veut… C’est Lui qui a façonné l’immensité de l’Univers : les étoiles, les mers, les montagnes, jusqu’à la fleur des champs. Tout ce qui est bon et beau découle de Lui.

Alors combien plus veille-t-Il sur cette créature faite à Son image ? Avec une générosité infinie, Il lui envoie lumières et grâces, afin qu’elle vive pleinement et se renouvelle.

La Création entière gémit dans l’attente de la renaissance promise. Elle déposera son ancienne parure sous le commandement de Dieu pour revêtir la nouvelle, éclatante de beauté.

Comme le dira bientôt mon disciple Jean : Et je vis une nouvelle Terre et de nouveaux Cieux, car l’ancien monde n’était plus : il avait disparu.

Comme l’enfant qui grandit, l’homme doit laisser peu à peu celui qu’il croit être pour devenir celui qui est véritablement en lui. Aube merveilleuse que celle qui voit renaître l’homme de bonne volonté.

Comprends, Nicodème, que le genre humain — en la personne d’Adam — a perdu de grands trésors après le drame de l’Éden. À chacun de partir en quête du trésor enfoui et caché ; et, dès qu’il le trouve, il entre dans une joie inaltérable, anticipation du Ciel.

— Seigneur, je comprends…

Fini l’apparat pesant du pharisaïsme, qui croit tout savoir, sauf aimer et cultiver l’intérieur. Avec Toi, c’est le dedans qui prime. C’est en Esprit et en Vérité que Tu veux désormais Tes adorateurs.

Alors maintenant, Jésus, laisse-moi mourir à tout ce qui n’est pas Toi, pour que, comme la supernova, je libère enfin l’or qui demeure au plus profond de moi. »

Voici que cet entretien secret se dissout dans le silence de la nuit orientale. Les deux amis se séparent après s’être embrassés avec affection.

Un grand bouleversement s’est amorcé, et il ne s’éteindra plus jusqu’à la fin des siècles… Nicodème s’en va, le cœur ému, léger, délivré de son fardeau. Jésus, Lui, garde sur son visage le sourire tout divin du plus beau des enfants des hommes.

Oui à la Vie.
Oui à renaître profondément.
Oui à l’Appel que le Christ adresse à tous les hommes : entrer dans une union parfaite avec Lui, union d’Amour et de sainteté.

Naître deux fois… Serait-ce là se trouver en Vérité, et par ce chemin, découvrir enfin la Paix ?

Aloys L.

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