Lost and Found Sermons N°64
(Donder & Bliksem 1907)
(1775-1836)

Jusqu’à la fin des temps, le nom du Français Ampère continuera à être prononcé dans tous les pays, dans toutes les langues, quand bien même l’histoire du personnage qui a donné son nom à l’unité d’intensité d’un courant électrique reste complètement ignorée de la plupart. L’évolution de la technologie de changera rien à l’importance des lois de l’électrodynamique qu’il a découvertes : la plus récente Tesla Model X ne possède de couple qui la fait avancer, que parce qu’un certain nombre d’ampères circulent dans son moteur.
André-Marie Ampère n’a pas été qu’un physicien, mais d’abord un mathématicien qui s’est intéressé à la théorie des jeux, puis un philosophe des sciences, un poète, et ce que se gardera bien d’apprendre aux collégiens la religion laïque qui a depuis longtemps la haute main dans l’enseignement public : un chrétien convaincu.
Entendons-nous, comme Pascal, avec lequel il partage plus d’un point commun, quoique leurs deux personnalités soient très différentes, Ampère n’a jamais entretenu de rapport avec le protestantisme, dont il considérait les multiples églises comme autant de sectes dangereuses, par simple ignorance. Mais les évangéliques modernes, qui prêtent généreusement aux riches, et oublient volontiers la violence verbale du grand Pascal envers leurs ancêtres, voudront bien accueillir également le grand Ampère parmi leurs invités d’honneur ; et cela avec d’autant plus d’empressement qu’un document rare et retrouvé ab commodo, leur apprend ici que le grand Spurgeon, aurait évoqué le nom du physicien.
D’où venait la foi d’Ampère ? de sa mère, pieuse catholique. Son père, adepte de la philosophie des Lumières, avait résolu d’élever son fils selon les principes de l’Émile de Jean-Jacques Rousseau : le petit André-Marie n’est jamais allé à l’école ; comme il était un génie, il a absorbé tout seul les vingt gros volumes de l’Encyclopédie de d’Alembert trouvés dans la bibliothèque familiale, et dont il pouvait encore réciter, parvenu à la fin de sa vie, des articles entiers. En revanche, cette solitude anormale, fait de lui un ours mal fagoté, qui se sait pas se tenir en société. En 1793, son père, bien qu’enthousiaste de la Révolution, est guillotiné à Lyon, sous la terreur. Ce drame plonge le jeune prodige dans un état de stupeur, qui l’éloigne de toute étude suivie, et il perd sa foi d’enfant. Ampère fut toute sa vie un incurable romantique, un cœur d’artichaut s’éprenant à la première œillade. En 1796 il rencontre Julie Carron, c’est de cette époque que datent la plupart de ses poésies, souvent un peu mièvres, il faut en convenir. Il l’épouse en 1797.
Quatre ans plus tard Julie meurt d’une maladie de poitrine, le laissant désespéré. Ce second coup du sort sera l’occasion pour lui de méditer sérieusement sur le sens de sa vie, et de revenir à Dieu. « Le doute, a-t-il écrit dans cette période, est l’état le plus pénible pour l’intelligence, parce que Dieu a voulu que l’homme souffrît quand il s’écarte de la vérité, comme quand il s’écarte du devoir. » Il correspondait avec un ami croyant, Bredin, à qui il adresse dans une lettre cette supplique poignante et si significative sous la plume d’un chercheur : « Je ne trouve que des vérités, enseigne-moi la Vérité ! ».
En 1804, il fonde à Lyon une Société Chrétienne, ouverte à tous, qui ne durera pas très longtemps, dont le but est apologétique, établir la vérité de la religion chrétienne devant un public. Ses archives ont disparues, mais un mémoire d’Ampère a survécu, qui nous permet de juger de la sincérité de sa foi chrétienne. Ampère a été un brillant touche-à-tout, mathématiques, physique, chimie, et même linguistique, puisqu’il a tenté de reconstituer la langue primitive d’avant Babel. Nous donnons plus bas deux poésies de lui et un lien vers son mémoire. La Révolution n’a jamais réussi à éradiquer le christianisme de la société française, et aucune puissance ne pourra le faire, car l’Écriture le déclare : « Il n’y a pas de puissance contre la vérité. » Partout où un ampèremètre est utilisé dans le monde, son aiguille ou son écran fait un clin d’œil de la part du savant qui découvrit qu’il est plus important de connaître le Ressuscité que les mystères de la nature.
Rends heureux ceux qui t’environnent,Fuis le mal, chéris les vertus,Les biens que tant de savoir donnentValent-ils un jour de Titus ?
Pour moi, je verrais la sciencePrête à cueillir comme une fleur,Que je fuirais vers l’ignoranceQu’accompagnerait le bonheur.
Je veux prendre ce qui me charme,Et rendre grâce à l’Éternel,De m’avoir donné une âmeSensible à ses dons paternels.
Irai-je me casser la tête,A pénétrer tant de pourquois ?Tel du savoir se croit au faîteQui souvent n’y fit qu’un pas.
Vois l’homme jeté sur la Terre,Des biens de l’avenir son œil est ébloui ;Il laisse en poursuivant le bonheur qu’il espèreSe flétrir le bonheur qui fleurit près de lui.
Ah ! lorsqu’auprès de ce que j’aime,Je puis laisser mes jours couler avec les tiensDans ce repos si doux, félicité suprêmeQui d’un monde trompeur surpasse tous les biens.
Pourquoi d’une gloire stérileSais-je rechercher les frivoles honneurs ?Ou pour grossir sans cesse un trésor inutileDe l’aveugle Plutus implorer les faveurs ?
Gardons nous d’appeler prudenceCe désir d’amasser jusqu’à son dernier jourQui de l’homme aux cités tourmente l’existenceEt flétrit dans son cœur la vertu et l’amour.
Retournons dans ce lieu champêtreOù chaque heure amenait quelque nouveau plaisir,Et content des moissons du champ qui nous vit naître,Doublons notre fortune en oubliant nos désirs.
Nous ne donnons ci-dessous que deux paragraphes du texte d’Ampère sur Les preuves historiques de la divinité du christianisme, un résumé de son mémoire peut être téléchargé en pdf ici ⇒
Cette prétention de demander les preuves du christianisme à ceux mêmes que leur orgueil ou leur dépravation a engagés à en rejeter les dogmes et la morale paraît d’abord une demande absurde, faite par des gens déterminés à ne jamais se rendre ; car quelle apparence que ces malheureux, qui ont rejeté la lumière, lorsqu’elle s’offrait à eux, aient, tandis qu’ils persistaient dans leur aveuglement, avoué les faits où était écrite leur condamnation ? Eh bien ! la Providence, qui ne voulait pas qu’aucun genre de preuves manquât aux vérités auxquelles était attaché le salut du genre humain, a permis qu’ils tombassent dans cet excès d’aveuglement, pour prévenir le nôtre.
Heureux ! si nous profitons des monuments qu’ils nous ont laissés, au lieu de suivre leur déplorable exemple. Je me bornerai à citer quelques-uns des passages qu’on trouve dans les auteurs juifs ou païens, relativement à Jésus-Christ ; passages dont les moins frappants, puisqu’ils ne peignent Jésus-Christ que comme un artisan qui a été crucifié, sont cependant plus que suffisants pour mettre dans tout son jour l’absurdité de l’opinion, aujourd’hui à la mode, que Jésus-Christ est un personnage imaginaire, et qui est le seul moyen qu’ont trouvé les philosophes modernes pour esquiver les arguments dont ils voyaient leurs systèmes prêts à être accablés.