En trois sonnets cristallins, le pasteur Raymond Février (1854-1920) nous invite à suivre Jésus, des rivages du lac de Galilée jusqu’à la maison de la famille amie, à Béthanie. Le tableau est de Edward Lear (1812-1888), écrivain et illustrateur de grand talent.
Il écoute. Là-bas un chant de matelotsMonte des bords ombreux du lac de Galilée, L’horizon s’illumine et la vague emperléeBalance les pêcheurs à la crête des flots.
Sur l’aile de la foi l’esprit du Christ voyage.Il a le souvenir d’une immortelle plageD’où la haine et le meurtre étaient enfin bannis.
Au Père, créateur de vie, il rend hommage ; Et retrouve en son cœur le regret et l’imageD’une plus belle mer sous des cieux infinis.
Au Portique royal sa parole a vaincuLe rabi discoureur dont l’esprit s’ingénieA tresser les filets subtils de l’ironieDans la duplicité d’un langage ambigu.
Le voici maintenant sous le toit exiguD’une maison aux murs d’argile, à Béthanie, Où dans la quiétude et l’intime harmonieLazare et ses deux sœurs tout le jour ont vécu.
O charme des amis et de la solitude ! …Il n’entend plus le scribe et le saducéenAu parvis des Gentils crier d’une voix rude.
Il décrit la beauté du lac galiléen ; Et tandis que la nuit s’épand sous les cieux calmes, Il goûte le repos au village des palmes.
Son verbe animateur tient les yeux en éveil.Il dit un Dieu clément au pécheur qui succombe, Le pardon sans autel, sans feu, sans hécatombe, Et la magnificence ardente du soleil,
Et la gloire du lis à Salomon pareil, Et la simplicité de la blanche colombe, Et les morts bienheureux, envolés de la tombe, Planant dans les splendeurs du Paradis vermeil…
Cependant Marthe a mis sur le boisseau la lampeEt pétrit, diligente au travail manuel, De la farine avec des figues et du miel.
Et Marie, une main appuyée sur la tempe, Oublieuse de l’heure et du monde réel, Boit aux lèvres du Christ les paroles du ciel.
Plumes Chrétiennes 