Joseph le charpentier, dans ce temps si lointain, Où chaque enfant naissait d’un père et d’une mère, Sommeillait le cœur lourd, à la pensée amère, De son amour brisé, du déshonneur certain.
Or un ange de Dieu, en rêve le retintDe rompre avec Marie, servante humble et sincère, Qui devait accoucher du Sauveur de la terre, Ce Messie attendu, cet astre du matin.
Jadis ne s’achetait ni ventre ni gamète, L’embryon s’implantait, conçu sans PMA, Désirant pour grandir, un couple qui l’aimât.
Les naïfs méditaient, avec des airs de fête, Une attente bénie, qu’ils appelaient l’avent, Quand Noël faisait sens. Mais çà, c’était avant !
« Lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme… » (Gal.4.4)
L’année exacte du premier Noël ne doit rien au hasard, la parfaite sagesse de Dieu l’a fixée irrévocablement ; non seulement le cadeau de son Fils fait à l’humanité a été d’une valeur incalculable, mais encore il fut donné au bon moment : avant c’était trop tôt, après c’était trop tard. Expliquer pourquoi les Juifs et les Gentils n’étaient pas prêts à recevoir la pleine lumière de la révélation durant leurs longs siècles d’obscurité, n’est pas simple ; il faut chercher à se plonger dans la mentalité des peuples antiques ; étudier leur environnement, leur quotidien…
Par contre, comprendre que l’histoire de Marie et de Joseph aurait eu peu de chances de se dérouler de nos jours est assez immédiat. Quel Joseph se serait scandalisé d’un enfant conçu hors mariage ? Quelle Marie aurait été en peine d’imaginer qu’on puisse faire un bébé sans commerce avec un homme ? Et d’ailleurs quelle nécessité d’en épouser un, une fois enceinte ?
Jésus lui-même n’a jamais en public évoqué les circonstances de sa conception miraculeuse (que Marie lui avait forcément un jour racontées) ; un fait d’une nature aussi intime et précieuse, ne pouvait être jeté aux pourceaux. Et cependant des rumeurs avaient couru. On en trouve peut-être la trace dans l’Évangile de Jean, lorsqu’irrités, les adversaires de Jésus lui répondent : Nous, nous ne sommes pas des enfants illégitimes…, et de façon certaine dans un ancien écrit juif faisant gravement injure à la pureté de Marie, et cité par le philosophe anti-chrétien Celse.
Les progrès de la science ont dissipé nombre de fausses idées que les anciens se faisaient sur la venue au monde des enfants. Dernièrement ils ont prouvé que l’information moléculaire nécessaire au développement d’un individu se trouve tout entière contenue dans chacune des cellules de notre corps, et pourrait, en théorie, être copiée sans l’apport d’un second parent. Un vrai jumeau est-il d’ailleurs autre chose que le clone naturel de son frère ?
Ces abondantes lumières jetées sur la biologie ne font, par contraste, que faire resplendir davantage le miracle de Noël. Elles démontrent que la vie ne commence pas à la conception, comme le clame un absurde slogan traduit de l’américain, mais qu’au contraire la vie précède toujours la conception.
Que deux parents fassent naturellement un enfant, ou qu’ils usent de la PMA, ou qu’ils fabriquent un clone, c’est toujours la même vie adamique déchue qui se reproduit identique. Seule la conception surnaturelle de Jésus, a rompu le cercle sans fin : Dieu a véritablement envoyé son Fils, né d’une femme.