Ce petite texte est une réponse au défi d’écriture #2 « Ecris une image ». Le principe est simple, il faut choisir parmi une série d’images celle que vous préférez (ou plusieurs pour les plus challengés) et en incorporer des mots ou une description dans un texte de son choix.
Ce n’était pas une question de savoir si on désirait la laisser entrer ou pas, mais plutôt de vouloir lui faire dire quelque chose… Oui, voilà, l’intention de vouloir la faire parler, c’était de ça dont il s’agissait… Mais, concrètement, avait-on le droit de la « forcer à parler » ? De diriger son discours vers quelque chose de préétabli ? Elle semblait si libre dehors, si légère, et voilà qu’ici, dans cette immense pièce froide au plafond torturé, elle était soudainement mise au service de l’homme…
Cette pensée mit Jean très mal à l’aise et il détourna le regard rapidement.
La contraindre, elle !? Force de la nature ! Révélatrice du monde ! De tous les mondes ! Non, cette histoire l’inquiétait, ça ne pouvait pas bien finir. Elle avait beau être agréable et chaude dans les caresses qu’elle lui donnait parfois sur les joues et sur le front, elle savait aussi s’embraser en une fraction de seconde pour tirer vengeance de l’ingratitude humaine.
Hors de question pour lui d’être pris dans ce malentendu ! Il tourna les talons et se mit à promener çà et là en admirant les grands tableaux et les statues de pierres pendant quelques minutes.
Et pourtant, ça le piquait… dans le cœur, dans les côtes, dans le cou, ce frisson… il voulait la regarder encore.
En avait-il le droit ? Était-ce indécent de la contempler alors qu’elle revêtait tant de fragilité ? Dehors, elle vous submergeait, elle vous éclatait au visage, elle vous obligeait à regarder ailleurs, elle vous brûlait les yeux, mais ici… Ici, elle était accessible. Plus ronde et plus simple, décortiquée, primaire. C’était une opportunité à laquelle seul un fou aurait tenter de résister !…
Il inspira profondément et fendit son visage d’un sourire gêné mais résolu. Il s’approcha et leva la main vers elle.
Il aurait éclaté de joie si le lieu sévère le lui avait permis. Il regardait ses doigts se teindre de bleu, de vert, puis de jaune à mesure qu’il agitait sa main devant les carreaux de verres colorés.
Ce fût alors comme une évidence ! Comment pourrait-elle en vouloir à l’homme de la filtrer ainsi !? Elle savait que dehors, dans son plein éclat, elle ne pouvait pas être totalement comprise, mais ici, elle s’expliquait.
Oui, il voyait enfin ce qu’elle essayait de lui dire depuis tout à l’heure. Elle lui racontait son histoire, le récit de cette époque où elle avait un corps, le temps où elle était en chair. Chaque couleur était une vibration, était un évènement, était une sensation : le jaune pour la gloire, le vert pour la douleur, le bleu pour sa résurrection. Il savait que c’était vrai, qu’elle avait tout illuminé, le ciel puis la terre, la chair puis le bois, la pierre puis l’avenir.
Il savait qu’il n’en avait pas le droit, mais ce fût plus fort que lui, il posa la main à plat sur le carreau. Irrésistiblement attiré par sa brillance, il voulait atteindre l’essence de toute chose, l’essence de celle qui vivait pleinement en lui depuis qu’il l’avait rencontrée.
Les yeux brillants de ses rayons, la main posée sur le verre, transporté dans une autre vie, il murmura malgré lui : par ta lumière, je vois la lumière.
Jake
Alors, avez-vous deviné de quelle image s’agit-il ?
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