Le tigre et la rose

Au milieu du désert, une rose un matin
Insouciante, obstinée, se fraya un chemin
Le sol était aride et le vent déchaîné
Et pourtant notre fleur bien droite se tenait

Elle était si jolie, brillante et colorée
Les rayons du soleil sublimaient sa beauté
Elle n’avait pas peur, elle était équipée
Le Créateur l’ayant, d’épines, ornementée

Un tigre alors passa, puissant, majestueux
Pelage mordoré et démarche affirmée
Mais il avait très soif, sa gueule desséchée
Pas le moindre point d’eau, sous ce ciel bien trop bleu

La rose apercevant, il s’approcha, curieux
Son mufle reniflant cet être si gracieux
Une épine soudain son pelage érafla
Et le tigre ulcéré, rugit avec fracas

« – Non mais ça ne va pas ?! Pourquoi m’as-tu piqué ?
Je suis impressionnant, mais je ne t’ai rien fait ! »
« – Pardon, tu m’as fait peur, j’ai cru que tu voulais
M’engloutir au fin fond de ton si grand gosier ! »

– Que fais-tu dans ce lieu hostile et tourmenté ?
Tes épines ne vont pas te désaltérer !
Les xérophytes* seuls ici vont résister !
Va donc pousser ailleurs, au lieu de m’embêter !

– Désolée de t’avoir à ce point courroucé !
Mes épines tu sais, sont là pour éloigner
Les prédateurs enclins à vouloir m’abîmer
Et je vais te conter un bien plus grand secret :
Elles sont là aussi, vois-tu, pour protéger
Mon pétale embaumé, qui t’a tant intrigué
Grâce à elles, je peux, réguler les degrés
Et du chaud, et du froid, et ainsi subsister. »

Le tigre impressionné se mit à raisonner :
« Si Dieu prend tant de soin pour cette rose-là
Ne pourrait-il donc pas veiller aussi sur moi ? »
Alors tout doucement, pour ne pas se piquer
S’approchant de nouveau de la fleur, à ses pieds
Des épines soudain, il vit de l’eau goutter…

Véronique

* plantes adaptées aux milieux secs

Réponde au défi #9 : le tigre et la rose