Longtemps, le silence m’a pesé.
Des années, je l’ai détesté !
Sans fin, j’ai cherché à le combler,
Pour ne pas le subir, l’endosser,
Me protéger des noires idées.
Désespérée de mon sort, du manque,
Je sortais les pensées du silence,
Accolées au vide et à l’absence,
À cette carence de l’écoute,
Qui me rappelait ma solitude,
Celle de l’autre, du partenaire,
Celle qu’on subit, qui nous condamne,
Au banc des esseulés, sur la touche.
Solitude trop longue, trop lourde…
Car oui, à un souffle d’oxygène !
Un temps d’exil, une mise à part,
Mais pas à l’isolement qui dure,
Et atrophie une vie muette,
Une vie pauvre et sans partage.
Car au silence lourd de l’aurore,
Quand sur le rien, les paupières s’ouvrent,
Que les prunelles ne voient personne,
Qu’au bruit des peurs, rien ne résonne,
Entre mes quatre murs, un désert,
Dès le matin, en pensée première,
Il me fallait tuer le silence !
L’envie pressante de me remplir,
De sons, d’éclats et de paroles,
Télécommande, téléviseur,
Flux incessant et jusqu’au soir,
Qui nie l’absence, peuple l’espace.
S’anesthésier devant le poste,
S’écrouler, s’endormir et éteindre.
Se coucher dans un lit bien trop large,
Un lit pour deux, mais sans personne.
Oui, j’ai fui les moments de silence,
Jusqu’à ce qu’un jour, Toi Tu t’installes,
Que Tu m’habites, que Tu me parles,
Qu’à chaque moment, Tu m’accompagnes,
Et que chaque nuit, sur moi Tu veilles.
Oui, depuis le jour de la rencontre,
J’ai appris à aimer le silence,
Je l’ai même cherché, provoqué,
Parce qu’il me permet de T’entendre,
De Te prier, de Te percevoir,
De tenter de saisir Tes murmures,
Chaque promesse qui réconforte,
Tes rires, sourires perceptibles,
Tous les battements de Ton Amour !
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Défi #21 : écris pour lutter contre la solitude