Par Albocicade
en réponse au défi d’écriture n° 11 de la tristesse à la joie
(Librement adapté de « Колокольный звон » du Hiéromoine Roman)
La voix de la cloche
Flotte sur la terre
Sur le choeur des moines
Au coeur du monastère
Un moine se penche
En une métanie*.
Alors cesse la cloche
Le son d’airain finit.
Ô Seigneur prends pitié !*
Il entonne : « Seigneur… ! »
A voix forte, le chantre ;
Et en écho, le choeur
Dans la prière, entre.
Des cierges et des icônes,
Des croix et des soutanes ;
Du choeur des moines unis
Monte la mélodie :
Ô Seigneur prends pitié !
Vêtures des moines ornées de croix,*
Barbes blanchies par les années
Les regards humblement baissés
Ils prient pour le monde avec foi.
Debout, mais comme des mendiants
Les gens autours sont là, priant.
La Russie vit encore, toujours*
La Russie chante encore, toujours.
Ô Seigneur prends pitié !
C’est maintenant pour toi.
L’heure de carillonner
Sur les champs et les toits
Sonne à toute volée.
Un tel son te rend fort
Même jusqu’à la mort !*
Combien sont-ils en toi
Sainte Russie, à chanter ?
Ô Seigneur prends pitié
Le chœur des moines se tait,
Puis de nouveau la cloche.
La voix de proche en proche
J’entends de tous côtés :
Ô Seigneur prends pitié !
Notes
« Métanie » : inclinaison du corps, ou prosternation, en signe d’humilité et de repentir
« Seigneur prend pitié », prière usuelle dans l’Église orthodoxe.
« Vêtures des moines ornées de croix » : le « mégaloschème », ou « grand habit », porté par les moines et moniales avancés est brodé d’une représentation du calvaire.
« La Russie vit toujours » : Malgré 70 années de régime athée soviétique et de persécutions antichrétiennes.
« Même jusqu’à la mort » : le nombre de martyrs chrétiens durant la période soviétique se compte en millions.
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mon blog : http://cigales-eloquentes.over-blog.com/
Bien que n’adhérant pas à la confession orthodoxe, je trouve leurs chants sacrés remarquables, en particulier ceux de l’abbaye de Valaam.
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Très beau ! Merci du partage !
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Excellent, bravo Albocicade ! Quelle mélancolie dans ce chant, quelle tristesse, mais la cloche sonne l’espoir de toute une nation, soudée par ses croyances. J’aime particulièrement la fin où la voix arrive « de tous côtés », même si on aimerait ici une envolée de cloches carillonnantes, pour tressaillir de joie ! On sent bien que ce n’est pas l’objectif, que le chant veut nous laisser une certaine tristesse, cette belle tristesse de l’automne qui nous laisse une larme sans pour autant nous anéantir, une tristesse éphémère qui crie bien souvent « Ô Seigneur prends pitié ! »…
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