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Des paroles de Jésus

Ce texte est une participation au défi d’écriture 13 : une fenêtre de justice

C’était un après-midi brouillardeux et mélancolique d’automne. Cet après-midi là frôlant langueur et grisaille, Bertrand allait s’engager sur une voie dangereuse…

Bertrand se trouvait dans son bureau, face à son ordinateur, il consultait ses mails avant d’entamer la correction des travaux de ses élèves. Il s’aperçut alors qu’il venait de recevoir un courriel de Manon M. C’était un appel au secours. Manon se trouvait à Paris. Suite au vol de son portefeuille, elle avait besoin de cinq cents euros pour régler une note d’hôtel.

Au seul nom de Manon, Bertrand avait frémi. Manon, la jolie et délicieuse Manon, qui avait effectué un stage dans le lycée où il travaillait, l’appelait au secours. Bertrand avait déjà aidé Manon, à corriger son rapport de stage, à aplanir des difficultés de relation entre elle et un collègue. Il l’avait déjà invitée à boire un café dans un bar proche de l’établissement, elle lui avait ainsi parlé de son intérêt pour les musées, pour les visites de lieux touristiques, pour la lecture et pour la danse. Elle lui avait également confié que ses parents tenaient un gîte rural dans le Midi et qu’elle ne pouvait donc guère compter sur eux en cas de pépin. Il était si facile pour un trentenaire comme lui de se laisser séduire par cette pétillante brunette d’une vingtaine d’années. Manon avait fait battre son cœur, mais il n’en avait rien laissé deviner. Sa rupture récente avec Delphine, de cinq ans sa cadette, lui avait laissé des bleus au cœur et le portait encore à la prudence. 

En lisant le message, ce jour-là, il se dit qu’il y avait une opportunité à saisir. Bertrand n’avait pas beaucoup réfléchi, il avait transféré cinq cents euros de son compte en banque sur le compte mentionné par Manon.   

Hélas, le lendemain il était averti que l’adresse de la messagerie de Manon avait été usurpée. 

Profitant de la pause du déjeuner, Bertrand se confia à Fabian, un collègue et ami mieux informé que lui en matière d’informatique, fils de pasteur et professeur de philosophie. En discutant avec lui, il apparut qu’il n’y avait bien entendu aucun recours possible. Bertrand avait honte de s’être montré naïf. Il était en colère. Il s’en voulait et en voulait à la terre entière, aux nouvelles technologies, aux nouveaux pièges tendus sur la toile et ailleurs.

« Je voudrais que tous ces hackers aillent brûler en enfer ! », conclut-il au comble de la fureur.

Alors Fabian ne put s’empêcher d’esquisser une sorte de sourire malicieux et de reprendre des paroles de Jésus :

« Aimez vos ennemis et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes ».

Il ajouta :

« Ce sont des paroles de Jésus, juste les paroles que mon père me disait quand j’étais gosse et que je me plaignais du comportement de certains gamins bagarreurs du quartier ou de l’intransigeance de mon instituteur. »

Micheline Boland

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