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Le petit livre

Ce texte est une réponse au défi d’écriture 13, par Véronique Petitprêtre

Je m’en rappelle, j’avais 12 ans et venais d’entrer au collège, dans une nouvelle ville avec des parents et un petit frère que je connaissais à peine… Ils n’avaient pas pu m’élever jusque-là ; trop harassés par les obligations de carrière, entre mon frère et moi le choix avait été vite fait… et bien fait !

 Eduquée par des grands-parents maternels qui vivaient de leur potager et clapiers ; mon entrée dans la vie citadine fut jalonnée de nombreux chocs culturels, de stigmatisations, comme on dirait en sociologie… mais, cela se résumait simplement pour moi, à une succession d’injustices que je croyais être la seule à voir ! La période de révolte adolescente classique, comme on dit…

– Pourquoi la petite fille pétillante, avec la plus magnifique blouse de la classe, avait toujours des félicitations alors que l’échalas dégingandé du fond collectionnait les punitions, sans broncher ?

« Ne t’occupe pas de cela et fais bien tes devoirs, le reste n’est pas de ton âge. »

– Pourquoi cette fois, déménageait-on en plein milieu de l’année scolaire ?

« Ne t’occupe pas de cela et continue de bien travailler à l’école ; les soucis de carrière ne sont pas de ton âge. »

– Pourquoi doit-on faire semblant de croire au Père Noël, devant le petit frère alors que j’ai trouvé la cachette des cadeaux et que je n’ai jamais fêté Noel, comme cela, chez mes grands-parents ?

« Si tu continues, tu n’auras pas de cadeaux … FILE DANS TA CHAMBRE ! »

Premier Noël qui commence bien… JE HAIS CES NOELS. 

Toutes ces contradictions entre les idéaux d ’ « égalité, liberté et fraternité pour tous » et la méthode très courante des « petits arrangements commodes pour s’en affranchir », me lèvent tellement le cœur que je ne parviens plus à les digérer : je me bats à l’école contre les « grands et petits tyrans ». Pour un oui ou pour un non, je monte au créneau et hurle à la révolution, à la discrimination…

MAIS QUI SUIS-JE, MOI, POUR JUGER… NE SUIS-JE PAS D’AVANCE CONDAMNEE ?  La façon dont j’essaie de ménager la chèvre et le chou, afin de continuer à vivre, à rester intégrée dans la « bonne société civilisée ». Ne surtout pas stagner trop longtemps au même endroit… pour ne pas voir tomber derrière soi ? Ce n’est pas juste du tout ! Face aux nombreux, aux multiples désertions et  délations dirigées contre moi, ou auxquelles je me vois contrainte d’assister poings liés et… bouche cousue dans mon indignité d’intérimaire : mon énergie disparait, pompée par les forfaitures qui s’accumulent dans la cécité hypocrite générale.  Même lorsque l’inconstance coutumière face aux idéaux si chers à mon âme d’enfant, se retourne en lynchage hypocrite contre ceux que j’aime et contre moi, on ne cesse de me répondre : « Tais-toi et avance » ! Je hais de toutes mes forces le reniement et les tromperies, qui sont autant de violation à l’existence même :

Qu’est-ce que la vie ? Ce n’est pas possible que ce soit cela ?

Cette haine de la vie ; de cette vie… me tue ! Je le sais, je le sens… j’en meurs à petit feu… alors qu’un simple chant d’oiseau, la vue d’une pâquerette ou d’un sourire me réchauffent en un instant ; m’éjectant tendrement mais avec vigueur, de cet état mortifère. Que dois-je faire ? Que puis-je faire ? Il y autre chose, j’en suis certaine, je le sens… faute de le comprendre ; de le trouver !

 Je me réfugie de plus en plus dans ces images réconfortantes dont je remplis les murs de ma chambre, de mon antre, de mon refuge… suis-je donc la seule à ressentir cela ?  Ce n’est pas possible que je sois la seule ! Où sont les autres ? Les révoltés, les choqués, les  écœurés de cette mentalité, où sont-ils ?

Mais se  fâcher ou s’indigner ne mène à rien, si ce n’est à être classé parmi les agités du bocal ? Ce sont les faibles, ceux qui seront juste bons à remplir les hôpitaux psychiatriques… On ne cessait de m’en menacer lorsque j’avais un peu trop dérangé les invités ou dépassé les convenances de la majorité, celle qui n’ose s’exprimer qu’avec de dignes et respectables muselières. Engagée dans la compétition sportive de haut niveau et en sports de combat pour me calmer ; je n’ai plus ni souffle ni énergie pour réfléchir, distinguer, juger… juger du bien et du mal… juger du bien et du mal de mes propres actions : que de condamnations qui sont… ou qui ne sont pas… je cours, je foule, je me défoule : toujours pédaler le nez dans le guidon pour ne pas tomber, pour ne pas voir, de mes yeux, ceux qui s’écroulent à mes côtés… là !

 Mais une maladie chronique mystérieuse m’oblige à m’arrêter. Devenue « plante verte », je dois tout arrêter ; cela me donne le temps… de contempler… non, cela me permet de m’atterrer :  le discours a changé et est devenu « Repose-toi bien et cela ira » ! Mais les situations vécues, les réponses qui me sont données dans un langage plus élaboré, sont toujours autant de renoncements auxquels je ne peux me résoudre, malgré mon peu d’énergie : œillères et muselières font consensus ! Me lancerais-je dans l’humour noir pour révéler, scandaliser, soulever, agiter ? Non, je n’en ai ni le talent, ni le temps, ni la patience, ni l’énergie : je me sens comme un petit mustang difforme, qui ne cesse de cabrer tout au long des journées pour se débarrasser des mouches crasseuses qui lui sont imposées.

 – Seigneur, Dieu de ma douce grand-mère, pourquoi m’avez-vous mise dans ce monde ? Pourquoi dois-je continuer à être la seule à me révulser l’estomac lorsqu’on zappe par habitude le soir devant la télévision, ou l’apéritif dinatoire, de photos de bébés mourants de faim, à la publicité joyeuse pour les meilleurs restaurants rapides du monde… Ils jettent pourtant des containers de déchets alimentaires, javellisés avec soin afin que les gens du coin ayant faim ne puisse venir s’en nourrir avec impudicité !

– Seigneur, pourquoi tant de civils mutilés dans les conflits de leur pays ? Pourquoi tant de réfugiés pour si peu de refuges ?

– Pourquoi ces gens assis par terre dans la rue dont personne, et même pas moi, n’ose croiser le regard ? Pourquoi…

Ces questions, dont je Vous épargne la multitude ; je vais souvent encore, me les poser seule. Seule face à beaucoup ayant choisi de s’afficher athées pour ne pas avoir à se les poser, face à d’autres préférant l’hostilité aveugle à l’écoute ? Il doit bien y avoir une raison : depuis une certaine époque scientifique, il y a une raison à tout ! Je ne sais pas, ne pas juger les choix de chacun : la vie est si dure !

Mais Vous, Vous m’avez exaucée et me répondez dans un petit livre qui m’a été mystérieusement envoyé.

Le discours de ce petit livre est réellement différent.

« Frères, vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair ; mais rendez-vous, par la charité, serviteurs les uns des autres » (Galates 5:13) ou encore « Prenez garde, toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour les faibles. » (1 Corinthiens 8:9)

Je ne comprends pas tout … mais ces paroles atypiques m’attirent.

« Comportez-vous en hommes libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté mais en agissant au contraire comme des serviteurs de Dieu. » (1 Pierre 2.16) « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. » (Éphésiens 2:8)

Il faut que j’en sache plus :  aidez-moi à comprendre, petit Jésus de Noël !

 Quel serait votre cadeau de Noël idéal pour vous, lecteur ? Je ne parle pas des « vœux dits pieux » tels que LA PAIX DANS LE MONDE… mais un vœu qui vous implique personnellement, qui vous mobilise.  Pour moi, je vous le partage et ce n’est pas vraiment un secret… ce serait de pouvoir comprendre et appliquer certains versets de ce petit livre dans ma vie : je suis certaine qu’elle en serait transformée…

Par exemple, : « Mais celui qui aura plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais se mettant à l’œuvre, celui-là sera heureux dans son activité. » (Jacques 1:25)
C’est un programme plutôt tentant, non ? Un véritable programme d’épanouissement personnel, si cher à la mode du jour…

« Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous ? à moins peut-être que vous ne soyez réprouvés. » (2 Corinthiens 13 :5)
Celui-ci qui me tempère un peu dans ma fougue. Cela fait un bout de temps que je trouve ce livre vraiment encourageant et les défis qu’il lance sont vraiment motivants.

« Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde ». (Matthieu 5, 13-16) Le sel, la lumière, deux images qui sont ici mises ensemble. L’image du sel et l’image de la lumière sont aussi bien présentes chez Luc que Marc, mais bien séparées, à des endroits différents. Ici, notre Evangéliste les a réunies et on peut supposer que c’est intentionnel. Nous allons essayer de voir pourquoi, et pour cela nous allons chercher ce qui est commun à ces deux images…

« Quand ces événements commenceront, redressez vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. » (Luc 21.28)

 « Rédemption » ? Qu’est-ce ? « Rachat » « Pardon », « Libération », « Salut », cela sonne en moi comme une langue étrangère que je connaitrais déjà… apprentissage un peu compliqué mais qui m’aimante et me nourrit d’une substance de lumière qui… difficile à expliquer… un peu comme les difficultés que j’ai eu avec les textes de Victor Hugo ; depuis le collège chaque ligne m’éblouit d’images, d’héros et de justice ! Là c’est un ressenti corporel en plus qui me guide ; ma vie n’est pas que ce que je ressens, il y a quelque chose en plus que mes émotions et besoins physiologiques, une autre réalité en moi, pour moi…

« C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? » (Matthieu 6 :25)

Ce verset me le confirme un peu, n’est-ce pas ? Une vie spirituelle engageante, qui me responsabiliserait au quotidien, sans me condamner, mais pour m’aider à progresser dans la résilience et l’embellissement du quotidien accessible à tous…

C’est peut-être pour vous aussi, très cher lecteur ?

Véronique Petitprêtre

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