En haillons de velours

En réponse au défi d’écriture #15 : tout est accompli, levons-nous !

En haillons de velours je déambulais, morte
Mes oripeaux précieux me servaient de cuirasse
Vaniteuse et comblée d’un vernis sur ma crasse
Un abîme infini cachait l’exquise porte

Dans un miroir obscur reflétant le frivole
J’admirais les reprises cousues de fils d’or
De mon humble guenille élevée en trésor
Et de mon noir manteau interdisant l’envol

C’est alors que les sons, les notes et les rythmes
Vinrent subtilement se cogner à l’armure
Une brèche s’ouvrait et un suave murmure
M’offrait un enchanteur et nouvel algorithme

J’apercevais de loin la porte bien étroite
Et le chemin spacieux de l’affre perdition
Allais-je alors troquer l’habit de tradition
Pour une crinoline élaborée de ouate ?

Doucement, tendrement, un Esprit délicieux
Vint alors m’inviter à changer de chlamyde
Je m’avançais confuse, incertaine et timide
Vers ce souffle enjoué m’inclinant vers les cieux

Dès que j’eus pénétré l’authentique portail
Mes frusques élimées s’évanouirent au sol
Nue je me retrouvais, honteuse et sans boussole
Un buffet généreux m’offrit un éventail

C’est alors que j’ouvris le buffet si prodigue
Qui cachait devant lui un antre merveilleux
De là des nippes folles et dehors soyeux
Paraissaient devant moi en suscitant l’intrigue

Hésitante pourtant je m’avançai heureuse
Revêtis les atours et parée de lumière
Mon reflet me troubla, je n’étais coutumière
Ce costume de joie éradiqua l’affreuse

Libérée des haillons de l’ancienne infortune
Devenus trop étroits, rigides et pesants
Et nantie de l’éclat de l’Esprit bienfaisant
J’osai m’aventurer vers l’étoile opportune

J’oubliai les remords et les tristes rancunes
Épousai un tropisme infaillible et grisant

Camille Mino di Ca