Jeune homme, si ton cœur n’a pas un peu d’amour ; Ta carrière est comme un voyage sans retourOu dont on revient la main vide.De qui n’a pas aimé, rien ne demeurera.Sa mémoire est semblable au vent du SaharaPerdu dans le désert aride.
Jeune homme, si ton cœur n’a pas un peu d’amour.Ta vie est ici-bas pareille au carrefourOù l’homme se trompe de route.Ou comme un vase d’or plein d’un subtil poisonQui consume le corps en tuant la raison.Jour après jour, goutte après goutte.
Pauvres, donnez au riche un peu de votre amour ! Faites au fortuné l’aumône à votre tour, Selon votre humaine ressource.Donnez ce qui ne craint ni rouille ni trépas, Donnez du seul trésor qui ne s’épuise pas, Car Dieu lui-même en est la source !
Jules Carrara (1859-1917) était un professeur de lettres, qui a enseigné à Morges, Lausanne, La Chaux-de-Fonds et Genève. S’étant mis à composer des vers dès son adolescence, son talent fut salué par plusieurs prix de poésie remportés. Si sa production n’a pas été, comparativement, très importante, et s’il est aujourd’hui quasiment inconnu, on ne peut néanmoins que reconnaître la grâce et la spiritualité des poèmes qu’il a publiés. Ci-dessus, celui adressé à un jeune homme riche, est extrait d’un recueil intitulé Sur le chemin de la vie, à qui la Société Havraise décerna, en 1898, une médaille d’or ; un jeune homme riche manifestement cousin avec celui de l’Évangile, que Jésus aima après l’avoir regardé, mais qui, hélas, ne sut pas comprendre la valeur sans prix de ce regard, comparé à sa pauvre fortune.
Ouvertement chrétien, Carrara, mêle spontanément sa foi à l’amour romantique qu’il exprime pour son âme sœur, dans plusieurs de ses pièces, son épouse sans doute. Celui-ci par exemple, vrai joyau :
Je vais à toi comme à la mousseVa l’oiseau qui veut faire un nid.Dans tes bras une main me pousse, Et mon sort à ton sort s’unit.
Lorsque, dans l’azur qui se dore, Le zéphyr m’apporte ton nom, Je vais à toi comme à l’auroreAllait l’âme du vieux Memnon.
Je vais à toi sur toutes choses, A toi sur le vent frais du soir, A toi sur le parfum des roses, A toi sur l’aile de l’espoir ;
A toi toujours, aussi fidèleQue l’abeille au rayon de miel, Comme en printemps va l’hirondelle, Comme va la prière au ciel !
Enfin, puisqu’à Phoenix Noël commence le 2 Novembre, lorsqu’on décroche les citrouilles d’Halloween pour les remplacer par les chariots de Santa Claus, et que les magasins vous attendent déjà, voici un très beau poème de saison :
L’aveugle obscurité s’appesantit sur vous ; Vos discours sont plus vains que les discours des fous, Et votre ignorance est profonde, Et toutes vos splendeurs ne sont que de la nuitPrès de cette fenêtre endormie où reluitLa divine clarté du monde.
O toi qui viens de naître, ô doux petit enfant, Toi qui vivras sacré, pur, humble et triomphant, Toi qui sauveras ce qui pèche, Toi qui réveilleras le plus profond sommeil, Ta lumière, ô Jésus ! est notre seul soleil, Et notre berceau, c’est ta crèche.
Par toi nous sommes nés et notre cœur est fort ; Par toi nous pouvons vivre et nous bravons la mort ; Par toi notre âme se redresseVers des sommets plus hauts que les plus hauts des monts, Et par toi notre cœur pour ceux que nous aimons, Trouve des trésors de tendresse.
