Malheureux que je suis, piégé de l’intérieur,
Dans un tourment profond, martyr, mais acolyte ;
Quelle étrange affliction qu’éprouver en son cœur
D’un désir interdit la douleur interdite !
Trouble et agitation, cruel anti-sabbat,
Dans ma chair disposée aux amours contrefaites ;
Mon Égypte, Astarté, veau d’or, et Bath-Chéba :
Délires vagabonds d’une âme insatisfaite.
Ô passion ennemie, par tes sermons fripons,
À ton puits, tu voudrais m’attirer, pour y boire !
Pitié ! Que l’on extraie de mon flanc ce harpon,
Mirage ou rêverie, projection illusoire !
Bon Berger ! Toi qui sais ce qu’il est de souffrir,
Au Jardin, cet émoi, invisible hématome,
Au-devant de ta croix ! Je puis là te sentir
Appliquer sur ma plaie ton bandage et ton baume.
Viens dompter dans mon corps cette obscure impulsion
Qui retient ma pensée en ses puissantes griffes ;
Permets-moi d’amputer toute indue affection,
Et d’ainsi mettre à mort ces envies apocryphes.
Me voici, fatigué, près des eaux de Mara.
Prisonnier, je chéris ce qui m’est haïssable.
Malheureux que je suis, qui me libérera ?
Je survis, tiraillé, infirme et vulnérable.
Ô divin Médecin, tu reçois mes soupirs.
En moi, tu rétablis ma précieuse espérance.
Convaincs donc mon esprit de la gloire à venir,
Où je pourrai enfin fêter ma délivrance !
Alexandre Sarran, 2020
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