La surprise
Le lendemain, Rose et Mattéo se réveillèrent tôt. Mattéo sauta en bas de son lit, trébucha sur Etoile qui dormait sur le tapis et sautilla jusqu’à la fenêtre.
« Rose ! cria-t-il à tue-tête. Viens voir ! Vite ! »
Rose s’étirait sur le lit d’en-haut. Elle dégringola aussitôt l’échelle, se prit les pieds dans le renard qui essayait de voir lui aussi par la fenêtre et s’accrocha in extremis aux rideaux.
« Ça alors !
– Il faut le dire à Grand-papa ! »
Rose et Mattéo dévalèrent les escaliers en pyjama.
« Grand-papa ! Grand-maman ! Il y a une montgolfière derrière la maison !
– Alors, elle vous plaît, ma montgolfière ? demanda Grand-papa avec un grand sourire.
– Ta montgolfière ?!
– Oui… Pour partir à l’aventure avec mes deux petits héros préférés. »
Rose et Mattéo se prirent les mains et se mirent à danser dans le salon, criant et chantant à pleine voix.
« On part quand ? demanda enfin la petite fille.
– Dès que vous serez habillés et que vous aurez déjeuné. »
Les deux enfants ne s’étaient jamais habillés aussi rapidement que ce matin-là. Et jamais encore, ils n’avaient avalé leurs tartines à une telle vitesse.
« Attendez ! cria Grand-maman quand ils se ruèrent hors de la cuisine. Il faut encore vous débarbouiller ! Vous avez du chocolat jusque sur le front ! »
Ils se lavèrent en toute hâte, oubliant ici ou là une trace brune.
« Alors, tu viens ? s’impatienta Rose.
– Je ne trouve pas ma deuxième chaussure, se plaignit Mattéo. Tu ne l’aurais pas vue ?
– Moi ? Non. Mais les chaussures ne marchent pas toutes seules. Je suis sûre que tu l’as laissée traîner quelque part… »
Quelques minutes plus tard, Rose, Mattéo et Etoile couraient vers la montgolfière. La petite nacelle était posée dans l’herbe et au-dessus d’elle s’élevait une toile immense.
La montgolfière décolla enfin. Grand-maman leur fit aurevoir de la main et les enfants lui répondirent par de grands signes. Grand-maman leur sembla bientôt minuscule et même la maison devenait de plus en plus petite. Emerveillés, les enfants admiraient le paysage.
« J’ai l’impression d’être un oiseau qui plane ! s’extasia Rose. Et le paysage est tellement beau !
– C’est parce que c’est Dieu qui l’a fait, sourit Grand-papa.
– Oh ! Il y a un troupeau de cerfs, là-bas.
– Etoile, ne touche pas mes chaussures !
– Etoile, reste tranquille !
– Etoile ! Redescends tout de suite !
– Etoile !!! »
Le renard bascula dans le vide et Mattéo le retint juste à temps par la queue. Le garçon le ramena en sécurité dans la nacelle, s’accroupit et le serra fort dans ses bras.
« Etoile ! le sermonna-t-il la voix pleine de sanglots, tu dois être obéissant ! J’ai eu tellement peur ! »
Etoile geignit doucement et lécha une larme salée.
« Merci Seigneur d’avoir protégé Mattéo » soupira Grand-papa très ému.
(à suivre)